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Philharmonique autrichienne argent
Philharmonique autrichienne argent

A deux mois de l’arrêt du fixing de l’argent, loretlargent.info fait le point sur cette décision peu anodine et qui n’a pourtant pas été commentée plus que ça dans la presse grand public. Le fixing de l’argent qui avait cours depuis plus de 100 ans à Londres va s’arrêter tout simplement, sans raison officielle. Nous vous proposons un dossier avec les meilleures analyses des spécialistes ès métaux précieux.

Raisons et hypothèses de la décision : tout un système mis en cause
Le 14 mai dernier, nous apprenions via une dépêche de l’AFP relayée par le site Romandie.com la fin du fixing de l’argent pour le 14 août prochain. Plus de cours de l’argent, plus de cotation officielle donc, assurée jusque-là par le London Silver Market Fixing Limited, comité (« cartel ») composé de la Deutsche Bank, de HSBC et de Scotiabank.

L’absence de raison officielle laisse envisager quelque chose de louche dans un système gangréné par des rumeurs de corruption.
La « Maleficent » Blythe Masters, responsable de l’unité matières premières à la JP Morgan dans les années 90, avait déjà été soupçonnée d’avoir manipulé le cours de l’argent (avant d’aller faire une razzia d’argenterie chez Christie’s au même moment…).

« Sur fond d’enquête des autorités financière concernant de forts «soupçons» d’opérations de manipulation des cours sur les métaux précieux », la Deutsche Bank avait fait déjà part en janvier dernier de sa volonté de se retirer du processus de fixation des prix de l’or et de l’argent, nous rappelle Charles Sannat dans l’édition spéciale du Contrarien du lundi 19 mai.

Sous la pression du régulateur financier allemand, la Deutsche Bank avait en effet annoncé son retrait du fixing de l’or (en ayant tenté de vendre sa place sans repreneur) et dans le même temps celui de l’argent. Le fait que seules 3 banques assurent le fixing de l’argent a simplement mis fin au fixing. Voilà dans les faits.

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Pour le Directeur des études économiques d’AuCOFFRE.com, quand le cours des métaux précieux s’envole (et que ce n’est pas dans l’intérêt des Etats et des banques centrales), on le supprime, tout simplement. Une  hypothèse comme une autre. Les implications sont nombreuses pour de nombreux partis, donc toutes les hypothèses sont permises !

Les implications pour le marché
L’arrêt de la cotation ne signifie pas la fin d’un marché. Les utilisations de l’argent à des fins industrielles et technologiques sont tellement nombreuses que le marché nécessite une cotation officielle… Une reprise de la cotation nous semble évidente, les enjeux sont trop importants.

Sur le marché de l’argent d’investissement (pièces, jetons, lingots), il se peut que des marchands en profitent pour augmenter leurs prix, mais sur le fond ça ne devrait rien changer dans la mesure où les prix continueront d’être fixés dans le libre-échange. Sur les plateformes de négoce d’or et d’argent physique, chacun devrait pouvoir fixer ses propres prix pour revendre ses produits ou suivre le cours fixé par la plateforme.
Sur AuCOFFRE.com par exemple, la cotation établie sur la base d’échanges entre 20 000 membres est représentative de leur marché. Cette représentativité, comme pour le panel d’un sondage, et la façon dont sont calculés les cours de l’or et de l’argent, légitiment leur cotation.

Sur deux points, cette nouvelle ne change rien sur l’argent en tant que placement d’avenir, au contraire. Jean-François Faure l’explique très bien dans cette interview accordée à BFM Business :

httpv://www.youtube.com/watch?v=jGiA4GDl7fk&feature=youtu.be

L’argent tend à se raréfier, il est difficile de le recycler quand il est utilisé à des fins industrielles, l’argent est encore bon marché… Bref l’argent va prendre de la valeur dans les 15/20 prochaines années et l’argent d’aujourd’hui sera peut-être l’or de demain. C’est donc un outil de transmission patrimoniale incontournable.

Les enjeux
Les enjeux que représentent le fixing lui-même, son arrêt, son éventuelle reprise par d’autres institutions… tout cela est très bien expliqué dans cette note de Greg Canavan sur La Chronique Agora. Il y explique notamment comment la manipulation du marché de l’or est un « excellent business model pour les banques et les Etats » et comment les régulateurs se sucrent au passage, en collant des amendes pas vraiment dissuasives aux banques tricheuses (comme à la Barclays)… Ces amendes rentrent en fait les coûts de fonctionnement des banques incriminées.

Anglo-saxon, Asiatiques… Quels repreneurs potentiels ?
Parmi les éventuels repreneurs, La London Bullion Market Association est le plus probable. La LBMA a d’ailleurs fait part de sa «bonne volonté pour aider aux discussions entre les participants au marché dans le but d’explorer si le marché souhaite développer une alternative au fixing londonien de l’argent ». Ainsi le fixing resterait à Londres.

La Chine, déjà très gourmande en or, pourrait bien sûr être aussi très intéressée par une éventuelle main mise sur le fixing de l’argent. Cela pourrait « assainir » d’une certaine façon le marché détenu par les Américains et les Anglo-saxons, en gageant que les Asiatiques soient plus transparents que les occidentaux… Mais la Chine n’inspire peut-être pas encore assez confiance aux grands détenteurs d’or comme les Saoudiens par exemple, qui préfèrent confier leur or dans un lieu où ils seront sûrs de pouvoir le récupérer.

Quoi qu’il se passe autour du 14 août, il serait téméraire et prématuré de réduire ses positions maintenant. Au contraire, il serait peut-être plus avisé de renforcer ses positions avant d’éventuels « mouvements de réglage ».

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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