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Pour beaucoup, le réchauffement climatique constitue le défi majeur de ce début de XXIe siècle, un défi environnemental mais aussi humain et économique que d’aucuns supposent réversible. Pourtant, il est un autre fléau, plus facilement « contrôlable » et qui coûte 20 fois plus cher, y compris en pertes humaines : le tabagisme.

Le but n’est pas de comparer réchauffement climatique et tabagisme. Les enjeux ne sont pas les mêmes, les intérêts non plus. Mais il est en revanche particulièrement intéressant de noter combien nos sociétés se démènent pour tenter de lutter contre ce qui reste majoritairement un ensemble de phénomènes naturels, alors qu’elles ne font finalement pas grand chose pour éradiquer des problèmes impactant directement la vie humaine ainsi que nos économies nationales, des problèmes dont nous sommes cette fois directement responsables et que nous pourrions également parfaitement faire disparaître. Car finalement, en dépit des centaines de milliards d’euros perdus et des millions de morts causés chaque année par le tabac, il semble que la lutte se limite à quelques campagnes de sensibilisation… en espérant toutefois qu’elles n’auront pas non plus trop d’effet pour ne pas priver l’État et un petit groupe d’industriels de plusieurs dizaines de milliards d’euros de revenus par an.

Climat : un business rentable à défaut d’être un combat utile

Selon un rapport publié par le Forum humanitaire mondial en mai 2009, le réchauffement climatique serait responsable de 300 000 morts par an et coûterait environ 100 milliards d’euros (120 milliards de dollars) chaque année. Sans jouer le jeu des climato-sceptiques qui vont jusqu’à nier l’évidence d’une hausse des températures moyennes un peu partout sur le globe, on doit quand même replacer ce phénomène dans un contexte climatique cyclique dont les origines se perdent dans la nuit des temps. En effet, le climat n’a cessé de fluctuer au cours des siècles et des millénaires, et s’il est vrai que l’industrie humaine a nettement accéléré le processus durant ces 150 dernières années, le réchauffement aurait quand même eu lieu. Et il se poursuivra encore quelques temps, en dépit des efforts menés pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Car notre planète est vivante, et à ce titre, elle connaît naturellement des variations climatiques, magnétiques, géothermiques mais aussi astronomiques qui s’inscrivent dans un système de cycles complexes sur lesquels on peut certes influer, mais jamais bouleverser durablement. Certains l’ont d’ailleurs bien compris et ils ont transformé la défense de l’environnement en un véritable business très lucratif.

Le coût réel du tabagisme en France

De récentes données de l’Organisation mondiale de la santé révèlent que le tabac tue 20 fois plus que le réchauffement climatique (6 millions de morts chaque année dans le monde, parmi lesquels plus de 5 millions sont des fumeurs et plus de 600 000 des non-fumeurs exposés au tabagisme passif). En 2030, ils seront 8 millions. Mais comme les pertes humaines n’émeuvent que bien peu les économistes qui leur préfèrent les chiffres, le coût financier s’élèverait quant à lui à plusieurs centaines de milliards de dollars par an (certains évoquent même la somme de 2000 milliards…) Rien qu’en France, on compte 78.966 morts pour un coût social supérieur à 120 milliards d’euros, soit plus que le réchauffement climatique à l’échelle mondiale.

Comment calcule-t-on le coût du tabac

Deux types d’éléments sont pris en compte pour calculer le coût social du tabac :
– Le coût externe, constitué des coûts frappant les acteurs du marché (dépenses induites, perte de qualité de vie) et des coûts affectant les acteurs extérieurs au marché (pertes de production des entreprises et des administrations)
– Le coût pour les finances publiques, constitué par la différence entre, d’une part, les dépenses de prévention, répression et soins et, d’autre part, les recettes des taxes sur le tabac ainsi que les économies de dépenses en lien avec les retraites non versées.

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Trop d’intérêts en jeu pour qu’on veuille vraiment  lutter contre le tabagisme

À côté de ces coûts, il y a aussi malheureusement des recettes. Malheureusement car leur existence empêche bien évidemment tout effort sérieux pour venir à bout de ce qui reste un problème de santé publique avant tout. Chaque année, les 14 millions de fumeurs français dépensent 20,1 milliards d’euros en cigarettes, cigares et autre tabac à rouler (chiffre INSEE). Sur cette somme, 8% vont aux buralistes (1,6 milliards d’euros), 12% sont récupérés par les cigarettiers (2,4 milliards d’euros) et… environ 80% vont à l’état sous forme de taxes.

Avec plus de 16 milliards de recettes fiscales annuelles, à l’heure où le gouvernement gratte les fonds de tiroirs pour trouver de quoi alimenter sa politique démagogique, on comprend qu’il n’ait pas trop envie de se priver d’une telle manne financière. Et tant pis pour les coûts induits ; de toute manière, seuls 18 milliards constituent des charges directes pour les finances publiques (15% de coûts internes sur les 120 milliards que coûte le tabagisme en France), une somme facile à dispatcher entre le déficit de la Sécurité Sociale (-10 milliards d’euros en 2015) et les besoins en refinancement de la dette, soit environ 200 milliards d’euros que la France ira emprunter sur les marchés comme tous les ans.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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