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Quel rôle jouent les banques dans la crise ?
Quel rôle jouent les banques dans la crise ?

« Nous traversons la crise la plus sérieuse que nous ayons connue depuis les années 1930. Nous faisons aujourd’hui face à une situation des plus inhabituelles », a récemment déclaré Sir Mervyn King, le directeur de la banque d’Angleterre. Et pourtant, l’année 2012 devrait être un millésime plus favorable pour le secteur bancaire, selon la société de gestion Axiom AI. Ce sont pourtant les banques qui sont au cœur des préoccupations économiques et de la crise « exceptionnelle » que nous traversons. Nous tenterons de répondre aux questions suivantes : quel est le rôle des banques dans la crise ? Avons-nous tort ou raison de les stigmatiser ? Peut-on sortir de ce système ? Enfin, quel rôle joue l’or auprès des banques ?

1. Elles ont perdu leur métier d’origine
Ce n’est pas un par hasard si le mot grec Τράπεζα qui désigne une banque signifiait « table » dans l’antiquité. A cette époque et jusqu’au haut Moyen-Age, la trapezisti était la table sur laquelle s’installaient les Trapeziens en Italie. Ces changeurs échangeaient des billets qui achetaient et vendaient les pièces de monnaie en circulation dans le pays. Ils pouvaient jouer le rôle d’intermédiaires et faire occasionnellement crédit, à l’instar des temples qui servaient aussi à stocker les monnaies. Il existe donc dès l’Antiquité des prêteurs. Les Romains très fortunés utilisaient des prête-noms. En s’enrichissant de cette façon, ils devinrent des financiers pratiquant le crédit.

C’est avec la prolifération des devises que l’activité des changeurs de monnaies s’est peu à peu transformée en banque. L’institutionnalisation de la lettre de crédit a permis aux marchands de pouvoir circuler sans risque de se faire voler les importantes sommes d’argent qu’ils étaient alors obligés de transporter.

C’est donc vers le Haut Moyen-Age que les banquiers, qui étaient alors des joailliers et qui gardaient l’or de leur client contre des lettres de change, décidèrent un jour de revendre cet or à plusieurs personnes à la fois : la banque moderne et les prêts avec intérêt étaient nés… de même que les premières crises monétaires. A force de prêter la monnaie de leurs clients, l’argent spéculé qui ne repose que sur des promesses de remboursement a fini par devenir une source d’endettement, jusqu’au niveau étatique. Car le volume d’emprunts en cours excède de plus en plus celui de l’argent en circulation pour les rembourser.

2. Les banques et la Loi Pompidou
L’exemple le plus flagrant des dérives de cette spéculation faite à partir de l’argent prêté est celui de la loi Pompidou en France en 1973. Pourquoi l’Etat a-t-il abandonné en 1973, la possibilité de financer lui-même son déficit au profit d’établissements privés sous contrôle du cartel bancaire ? L’article du blog L.I.E.S.I. y répond très bien.
Le début du problème vient du fait que les états ne peuvent plus frapper eux-mêmes leur monnaie. Prétexte évoqué : le risque d’inflation.

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Avant, l’Etat battait la monnaie quand il avait besoin de payer ses dettes, il mettait en circulation ce qu’il fallait de liquidités. En 1973, le président Pompidou (alors ex directeur général de la banque Rothschild) a décidé (certainement pas tout seul) que dorénavant, ce serait les banques privées qui prêteraient à l’Etat, avec des taux d’intérêt responsables de l’actuelle dette souveraine.
A l’époque, la croissance permettait le remboursement de ces emprunts à taux élevés. Aujourd’hui, avec une croissance nulle voire négative, impossible de rembourser une dette qui ne fait qu’accroître.

Cette petite vidéo qui explique la dette publique reprend l’analogie de la baignoire. Elle explique aussi le rôle de la banque qui est de créer de la monnaie par le crédit : l’argent prêté par les banques ne sort pas de ses coffres. Il s’agit d’écritures comptables qui sont détruites au fur et à mesure que l’argent est remboursé.

Il faut toutefois relativiser les « méfaits » de la loi 1973 qui, même si elle a permis aux établissements bancaires d’engranger des sommes d’argent, n’est pas seule responsable de la dette souveraine des pays de la zone euro, qui souffrent plus d’une absence de gouvernance économique. Les banques ne sont pas responsables de tout. La spéculation qui a gonflé dans les années 80 et le manque total de régulation des marchés y sont plus pour quelque chose. Mais qui profite de cette absence de gouvernance, de régulation, de cet appétit vorace des capitaux ?

3. Goldman Sachs : comment le monstre a perdu la tête
Le reportage diffusé par et sur Canal Plus le 23 novembre dernier, « Goldman Sachs – Les nouveaux maîtres du Monde », met en lumière l’aspect tentaculaire du groupe bancaire le plus puissant du monde. Véritable holding de la finance, Goldman Sachs possède les pleins pouvoirs, au point d’avoir transformé l’économie mondiale.

• Et la tortue devint vampire
Dans le reportage, Susan Weber, une ancienne collaboratrice de l’établissement, explique comment « le monstre a échappé à son maître » à partir des années 80 avec une spéculation effrénée et une absence totale de contrôle sur les transactions réalisées par le géant financier. « Jusqu’aux années 80, les banques appartenaient à tous les associés. En 1999, Goldman Sachs se vend par actions à la bourse et perd une certaine moralité, la tortue devint vampire.

• Collusion avec le pouvoir, ramifications
Les banquiers issus de Goldman Sachs sont malins : « ils viennent des meilleures écoles du pays et vont contourner les nouvelles règlementations ». La collusion entre la banque et le pouvoir politique en place est de toute façon telle que celle-ci échappe en effet à tout contrôle, causant essentiellement des dégâts chez les classes moyennes et les plus pauvres.

• Le monstre a échappé à son créateur
John Cassidy, journaliste économique qui suit l’actualité de Wall Street Journal explique bien la transformation du système bancaire : « Les banques ne sont plus des banques, ce sont des machines spéculatives qui endettent, les banques ont commencé à jouer, à faire des paris entre elles, elles sont devenues des banques d’investissement ». Le cynisme d’un tel système n’échappe à personne et s’exhibe même.

4. Pourquoi les banques n’aiment pas l’or ?

L'heure de la fin de l'hégémonie du billet vert a-t-elle sonné ?
L'heure de la fin de l'hégémonie du billet vert a-t-elle sonné ?

Les relations qu’entretiennent les banques avec l’or sont ambigües. Elles n’aiment pas l’or pour les particuliers (car l’or est un actif mort qui ne rapporte aucun dividende), en revanche elle aime en avoir dans ses coffres, surtout en ce moment en temps de crise, car c’est le seul actif tangible sur lequel elle peut se reposer en cas de faillite monétaire.

Rappelez-vous, pour financer ses guerres, les Etats-Unis sont à court d’or. Schématiquement, ils tentent alors d’imposer l’hégémonie du dollar en supprimant l’étalon dollar. Nous sommes globalement dans l’incertitude économique la plus totale depuis que les monnaies reposent sur un système de change flottant et « s’équilibrent » entre elles.

Que faudrait-il alors ? Revenir au système de Gold Exchange Standard ? L’or prendrait une valeur complètement ahurissante et cela bouleverserait complètement la donne géopolitique face à l’inégalité des réserves d’or de chaque pays.

Non, il faudrait un peu de courage, moins de corruption au niveau étatique, et remettre un peu de moralité dans les marchés en nationalisant les banques par exemple et en les mettant sous tutelle. Même si elles ne sont que l’instrument d’un modèle de croissance mondiale sur le déclin, c’est aux politiques de se ressaisir de cet instrument pour servir le bien commun et non des intérêts personnels. N’est-ce pas là le vrai sens de la politique ? Rendez-vous pour les prochaines élections américaines et françaises de 2012, nous verrons bien, à ce moment-là, si nos hommes politiques sont prêts à prendre le pouvoir ou à s’y soumettre !

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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