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Depuis 1971, l’humanité fais l’expérience d’une valorisation des richesses déconnectée de la première d’entre elles : l’or. Aujourd’hui, alors que ce système montre déjà et indubitablement ses limites, quelle devrait être la valeur réelle de l’or si l’on abandonnait le régime des assignats 2.0, pardon, de la monnaie-dette, tout en préservant la valeur, sinon des richesses, tout au moins des masses monétaires circulant à l’échelle de la planète ?

Un système monétaire moribond qui n’inspire plus confiance

Loin d’être une simple vue de l’esprit, voire une lubie née de l’esprit rassis de quelques conservateurs nostalgiques des vieilles lunes, cette question devient de plus en plus concrète et actuelle, face à l’effondrement progressif des monnaies fiduciaires qui ont depuis longtemps perdu l’essentiel de la confiance justifiant jusqu’à leur existence. Pour le dire autrement, entre les marchés financiers qui ont montré et démontré leur inefficacité autant que leur nocivité depuis ces 45 dernières années, les devises qui sont désormais produites à un rythme totalement inconsidéré et sans plus aucun lien avec la moindre réalité économique, sans oublier les politiques monétaires dites « accommodantes » pour ne pas avouer qu’elles sont surtout laxistes au plus haut point, la monnaie telle qu’on la pratique aujourd’hui est devenue totalement contre-productive. On pourrait trouver des dizaines de preuves de cela, mais il suffit de dire qu’aujourd’hui il faut injecter près de 20 unités de monnaie dans l’économie pour que celle-ci parvienne à dégager une seule et unique petite unité de cette même monnaie, et on comprends que le temps des longs discours est révolu.

Par conséquent, même s’il est très probable que tout soit mis en œuvre pour maintenir ce système moribond sous respiration artificielle pendant encore quelques années, que se passerait-il si, finalement, le monde revenait à son modèle ancestral consistant à garantir de manière tangible la valeur des richesses produites et échangées entre les acteurs économiques ? En disant cela, on pense bien évidemment à un retour de l’étalon-or, principe qui, en dehors de quelques expériences ratées ayant rarement duré plus de quelques années (ce qui inclut la période actuelle), a toujours été en vigueur depuis 6000 ans au moins.

Préserver les richesses

La première préoccupation serait alors de préserver les richesses acquises, ou au moins de ne pas dégrader la situation monétaire des États comme des individus. À ce jour, on estime que le total des richesses mondiales tourne aux alentours de 250 000 milliards de dollars, mais ce nombre est certainement très en-deça de la réalité tant il semble impossible de valoriser réellement un patrimoine national, que ce soit au niveau architectural, artistique ou encore environnemental, alors même qu’il s’agit bel et bien de richesses pour un pays donné.

Dans ces conditions, sans doute est-il plus simple de prendre comme base la masse monétaire mondiale, c’est-à-dire le total des sommes détenues par les acteurs économiques (États, entreprises, particuliers, etc.), que ce soit en numéraire ou en lignes de comptes bancaires. Cette valeur-là est bien plus facile à calculer, et on l’évalue à un peu moins de 100 000 milliards de dollars, sachant que 75% se retrouvent concentrés dans les poches d’une petite poignée de pays : Chine (22656 Mds$), États-Unis (13006 Mds$), Zone Euro (12 610 Mds$), Japon (12500 Mds$), Corée Du Sud (2972 Mds$), Inde (1840 Mds$), Canada (1671 Mds$), Brésil (1555 Mds$), Hong Kong (1547 Mds$), Australie (1469 Mds$), Suisse (961 Mds$), Mexique (737 Mds$), Russie(582 Mds$)… Au passage, on notera que le petit Mexique est bien plus « riche » que la grande Russie.

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Il faudrait donc que la valeur de l’or actuellement contenu dans les coffres des banques centrales permette de conserver le niveau de ces masses monétaires, sachant que, depuis quelque temps déjà, les banques centrales ont amorcé une politique dynamique (pour ne pas dire « agressive ») de rachat de métaux précieux afin de se constituer des stocks d’or impressionnants (8000 tonnes aux États-Unis, 3000 tonnes en Allemagne, 2500 tonnes en France, etc.). Au total, on considère que les banques centrales détiennent 30 000 tonnes d’or, lequel pourrait alors servir à nouveau d’étalon de valeur monétaire. À quel niveau ? Très simple (simpliste même, me reprocheront certains… que je renvoie gentiment à leurs théories monétaristes dont les conséquences sont aujourd’hui malheureusement bien visibles) : si pour couvrir l’équivalent de 100 000 milliards de dollars, on dispose de 30 000 tonnes d’or dans les coffres, alors ça porte l’once d’or à un peu plus de… 104 000 dollars !

Un système de régulation international

J’en vois déjà qui défaillent ou, au contraire, qui s’imaginent déjà acheter leur prochaine maison avec une poignée de napoléons, voire deux ou trois Vera Valor ! Désolé de refroidir aussitôt votre enthousiaste, mais il est clair que ça risque de ne pas être aussi simple. D’abord, à plus de 100 000 dollars l’once, il ne faudra pas attendre longtemps pour que l’exploitation minière aurifère devienne la première activité économique mondiale. À côté de ça, le pétrole deviendra aussi intéressant que le ramassage de pâquerettes. Forcément, même si ce modèle semble fonctionner dans les romans de science-fiction qui affectionnent les planètes vivant d’une seule et unique ressource naturelle, dans la vraie vie, l’économie mondiale n’y survivrait pas. C’est la raison pour laquelle il semble plus probable qu’on devra mettre en place une sorte de méta-devise, sans doute calculée à partir des plus gros stocks d’or (Chine, USA, Europe, Japon… le CUEJ ?), et qui servira principalement à la régulation internationale, laissant les pays gérer leurs richesses internes à l’aide de leurs monnaies nationales. Seule contrainte : assurer un taux de change entre ces devises historiques et la monnaie internationale.

Quant à ceux qui pourraient être tentés de dire qu’un tel système serait voué à l’échec en raison de la sclérose naturelle d’un milieu qui ne voit plus croître le volume de sa richesse (ici, on parle de l’or), je rappellerais simplement que les 30 000 tonnes d’or contenus dans les coffres des banques centrales du monde entier ne représentent que 20% au mieux de l’or effectivement présent sur Terre, ce qui laisse par conséquent une marge de croissance relativement appréciable.

 

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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