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On les nomme monnaies éthiques, monnaies alternatives ou encore monnaies solidaires. Depuis 2011 et plus particulièrement en ce début d’année 2012, les monnaies locales fleurissent dans plusieurs villes et régions de France. Au cœur de ces alternatives à l’euro, il y a la volonté de mettre la solidarité et l’équité au cœur de l’économie. Un moyen de faire face et d’apporter des solutions, localement, aux incertitudes provoquées par les crises économiques européennes et mondiales.

1.    Une alternative locale à l’euro vacillant

Face à un euro vacillant, les monnaies alternatives ont un succès grandissant auprès des villes, de leurs habitants et acteurs économiques locaux.

Avec les monnaies locales, il ne s’agit pas de battre une nouvelle monnaie (ce qui est strictement interdit en France et sévèrement condamné) mais de créer une nouvelle unité de compte, qui sert aux acteurs économiques locaux et aux particuliers. Une monnaie complémentaire, qui ne se substitue pas à l’euro, mais se développe en parallèle pour les échanges locaux.

Les monnaies locales comptent bien des avantages en ces temps de crise économique :
–    Eviter l’économie spéculative,
–    Favoriser le lien social,
–    Consolider l’économie locale,
–    Faire face à la crise de la liquidité,
–    Libérer l’accès à la monnaie,
–    Soutenir les petites entreprises, les artisans et les commerçants locaux.

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Le système de monnaie locale est assez proche du système d’échanges locaux (SEL), qui consistent à troquer des produits et des services. Par exemple, l’échange d’une heure de jardinage contre une heure de cours d’anglais. Aux différences près que le système de monnaie locale n’est pas limité par cette frontière physique inhérente au troc et est convertible en euros.

Pour autant, c’est bien l’économie locale qui est au cœur des préoccupations des initiateurs des monnaies locales, en faveur des petites entreprises locales plutôt que des grandes enseignes et chaînes commerciales, dont les bénéfices partent pour la majorité très vite hors du territoire, sans créer de richesse au niveau local. Quant aux particuliers qui utilisent les monnaies locales, ils ont la satisfaction de consommer local et solidaire, pour les biens autant que les services, chez les maraîchers, boulangers, coiffeurs, ostéopathes, épiciers, etc.

2.    Obligations légales et règles strictes

S’il n’est pas envisageable de battre une monnaie au niveau national, il est tout à fait possible de faire circuler une monnaie locale, sous certaines conditions et suite à de solides études. Trois années sont souvent nécessaires pour mettre en place une monnaie locale, le temps notamment de convaincre les entreprises locales et les futurs utilisateurs, de créer et d’imprimer les billets, d’obtenir des partenariats avec des banques. Les questions de sécurité sont aussi étudiées de près lors de la création d’une monnaie locale, pour rendre infalsifiables les billets.

Parmi les conditions, la monnaie locale ne peut être utilisée en dehors d’un territoire prédéfini, une ville par exemple. Et les habitants détenteurs de la monnaie locale ne peuvent l’utiliser que chez les commerçants et entreprises qui ont au préalable adhéré à ce système monétaire parallèle.

A Brest par exemple, les commerces et entreprises qui souhaitent utiliser des heols (la monnaie locale), doivent au préalable obtenir un agrément. Il est attribué par l’Association pour le développement de l’économie sociale et solidaire (Adess) du Pays de Brest qui pilote du projet, sous réserve que la structure respecte une certaine éthique. Il faut par exemple qu’elle soit issue de l’économie sociale et solidaire ou qu’elle mette en avant une démarche de développement durable.

Pour favoriser l’utilisation de ces monnaies locales et décourager l’épargne, la monnaie perd de sa valeur au cours du temps. 2% par exemple à Toulouse si les billets ne sont pas utilisés pendant trois mois. Pour les réactiver, il faut alors acheter un timbre d’une valeur de 2% du billet.

Pour éviter les conversions complexes, la valeur d’une unité de la monnaie locale équivaut à la valeur d’un euro.

3.    Toulouse, l’un des précurseurs de la monnaie locale en France

Trois quartiers de Toulouse ont adopté depuis le printemps 2011 la Sol-violette. Cette monnaie locale, qui tient son nom du mot solidarité et de la fleur emblème de la ville, connaît un véritable succès. Plusieurs explications à cela.
–    Lorsque l’utilisateur convertit des euros en sols, il reçoit, par exemple, 21 sols contre 20 euros. 5% de pouvoir d’achat en plus, qui n’autorisent cependant pas la spéculation car lors de la conversion des sols vers les euros, il faut 21 sols pour obtenir 20 euros.
–    Les euros échangés contre les sols ont permis la création d’un compte, destiné à accorder des microcrédits à des particuliers ou des entreprises porteurs de projets qui n’ont pas ou difficilement accès aux crédits bancaires.
–    Les commerçants et artisans partenaires, qui acceptent les sols comme monnaie, respectent certains critères d’économie locale et solidaire.

Toulouse a inspiré bien d’autres villes. Parmi les monnaies qui ont cours dans certaines villes de France, il y a les bogues à Aubenas, les abeilles à Villeneuve-sur-Lot, l’Heol à Brest, la mesure à Romans, ou encore l’allumette à Aix.

Ce succès des monnaies locales n’est pas propre à la France. Dans le monde, 4 000 monnaies locales existeraient à ce jour, contre moins d’une centaine au début des années 90. Pour ne citer que deux exemples de ce succès grandissant : 6 millions d’euros de chiffre d’affaires ont été réalisés en Chiemgauers, une monnaie locale allemande, et 2,7 millions de billets BerkShares, une monnaie locale ayant cours dans le Massachussetts aux Etats-Unis, ont été mis en circulation depuis 2006.

4.    Les monnaies locales ne sont pas la solution

Si les monnaies locales sont un pansement local efficace aux blessures économiques de la crise, elles ne résoudront pas la situation dramatique de la dette des Etats, elles n’empêcheront pas les banques d’engranger des intérêts et ne diminueront pas la toute-puissance des agences de notation.

Les monnaies locales sont toutefois le reflet d’une profonde inquiétude face à la crise financière européenne et mondiale et d’une grande méfiance à l’égard du système monétaire international. Cette inquiétude se constate aussi dans l’envolée de la demande en or. Les pièces et lingots d’or sont de plus en plus prisés par les particuliers pour garantir leur capital. Le cours de l’or, qui augmente de manière exponentielle, montre bien cet engouement, qui ne devrait pas se démentir en 2012.

Voilà la solution : l’or. L’or qui, comme elle garantit le capital des particuliers, pourrait garantir la solidité du système monétaire grâce à ses qualités intrinsèques : valeur refuge, non soumise à la volatilité, adossée à des réserves d’or bien réelles. La réintroduction de l’étalon or ou de l’étalon change or permettrait de régulariser définitivement le système monétaire et d’éloigner les risques de faillites bancaires et de faillite des états.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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