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Depuis quelques semaines, certains observateurs politiques s’émeuvent du fait que le taux du livret A n’a pas été revalorisé alors que l’inflation semble être, quant à elle, fortement repartie à la hausse.

Toujours prompt à évoquer la crise pour justifier l’érosion régulière du rendement de l’épargne, notamment à travers une taxation de plus en plus lourde, le gouvernement semble en revanche beaucoup plus négligent dès qu’il s’agit de renverser la vapeur pour permettre aux citoyens de profiter un peu des moments d’embellie sur le front économique. Le cas du Livret A en ce début d’année est en ce sens assez emblématique.

Une promesse électorale peu coûteuse

Traditionnellement, le taux d’intérêt du Livret A se situe toujours un peu au-dessus du taux d’inflation en France. Conscient qu’il s’agissait d’une promesse qui ne coûtait pas grand chose, François Hollande a même érigé ce principe au rang d’engagement de campagne lors des élections présidentielles de 2012 : « Je garantirai l’épargne populaire par une rémunération du Livret A supérieure à l’inflation et tenant compte de l’évolution de la croissance. »

Et en effet, une fois élu, il a choisi de faire comme ses prédécesseurs avant lui et de maintenir le taux du placement préféré des Français juste au-dessus de l’inflation, en l’occurrence à 2.25% tandis que l’inflation tournait autour des 2% de progression annuelle. Certes, le 1er février de l’année suivante, le gouvernement décidait d’abaisser la rémunération du Livret A à 1.75% par an, puis à 1.25% six mois plus tard, alors même qu’on n’avait qu’une vague idée de ce que 2013 allait donner. Mais le calcul avait été plutôt bien anticipé puisque les premiers effets de la politique du gouvernement Ayrault se faisaient déjà sentir avec un fort ralentissement de la croissance et une quasi-stagnation de l’inflation à 0.9% sur l’année.

Un quinquennat marqué par une inflation nulle

2014 et 2015 furent à l’image de 2013, avec une économie française en berne et une inflation qui frôlait désormais le zéro absolu. De son côté, le taux d’intérêt du Livret A continua sa baisse lui aussi, à 1% puis finalement à 0.75% le 1er août 2015.

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Or, selon l’Insee, les choses sont en train de changer et, depuis quelques mois, l’inflation est repartie à la hausse. On compte désormais une inflation de 1.2% en année glissante à la fin Février 2017, par rapport à Février 2016. Dans ces conditions, le taux du Livret A aurait dû être remonté d’au moins un demi-point pour rattraper son retard, à 1.25% par exemple, son niveau de fin 2013. Mais rien n’a été fait, et beaucoup s’en sont émus.

Visiblement, il y a inflation et inflation…

Évidemment, quelques experts parmi les plus éminents, et surtout dont le zèle les rend officiellement autorisés à commenter l’action du gouvernement, n’ont pas tardé à monter au créneau pour expliquer qu’il ne fallait pas confondre inflation annuelle avec un simple « glissement annuel entre un mois civil d’une année donnée et le même mois de l’année précédente, cette différence résultant seulement de la comparaison entre des prix relevés à 12 mois d’intervalle« .

Sans doute. Mais il est quand même assez difficile de faire comprendre aux gens que, non, l’inflation ne correspond pas à la différence entre les prix de février 2017 et ceux du mois de février 2016. Car, si l’inflation est une donnée économique complexe qu’on peut manipuler à loisir en fonction de ce qu’on veut lui faire dire, pour Monsieur ToutLeMonde, l’inflation c’est justement la différence entre ce qu’il paie aujourd’hui pour faire ses courses et ce qu’il payait à la même date il y a un an.

De la même façon, certains observateurs avisés n’ont pas manqué de rappeler que le taux du Livret A n’avait pas été abaissé en 2016 alors que l’inflation avoisinait les 0.2%, et que par cet effort, le gouvernement avait souhaité soutenir le pouvoir d’achat des Français. Tout d’abord, ce n’est pas le gouvernement qui a consenti cet effort mais les banques. Et ensuite, celles-ci n’ont pas eu à se serrer la ceinture pour autant car le même gouvernement les a autorisées à augmenter les frais bancaires pour compenser. Au passage, rappelons d’ailleurs que l’une des promesses de François Hollande en 2012 visait justement à faire « baisser les frais bancaires par une loi plafonnant le coût des services facturés par les banques. »

Mais là encore, les électeurs ont du mal comprendre…

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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