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L’or n’est-il pas déjà trop haut ? Pourquoi, aujourd’hui, préférer investir sur l’or plutôt que sur des actions ou des obligations ?

Christophe Soubiran, Le Journal des Finances : Nous avons une conviction très forte sur l’or. Nous pensons que l’or n’a pas fini son rallye haussier et que l’once d’or pourrait même dépasser les 1000 $ dans les prochains mois et aller très au-delà. Mais l’idée, ce n’est pas d’acheter de l’or à la place des actions ou des obligations, mais de diversifier son portefeuille avec de l’or. Depuis des mois, nous recommandons à nos lecteurs de mettre 10 % de leurs actifs dans de l’or sous forme de trackers, de mines d’or ou de fonds spécialis.
Pourquoi on pense que l’or va continuer de progresser ? L’or se maintient aujourd’hui à un niveau élevé sans que ses ressorts habituels, haussiers, soient en marche. L’or est aujourd’hui à un niveau autour de 940 $ l’once, dû à l’instabilité des marchés financiers, mais il y a beaucoup de facteurs qui nous laissent penser que la tendance haussière va se poursuivre. L’or est une matière première atypique, c’est à la fois une matière première qui évolue en fonction de l’offre et de la demande et c’est aussi une valeur-refuge.
Aujourd’hui, c’est le côté valeur-refuge qui joue, refuge contre l’instabilité des marchés financiers. Il y a beaucoup d’éléments conjoncturels qui devraient bientôt jouer aussi en faveur de l’or. Le dollar se maintient bien, pour l’instant, par rapport à l’euro depuis le début de l’année. Mais on pense que les déficits courants et commerciaux des États-Unis vont faire en sorte que le dollar va de nouveau se déprécier dans les mois à venir et il y a un mécanisme connu de tous qui est que lorsque le dollar se déprécie, l’or s’apprécie. Ensuite, pour l’instant, il n’y a pas inflation, bien au contraire. On voit que l’inflation baisse et on parle de déflation un peu partout.
Beaucoup d’argent est injecté aujourd’hui dans l’économie mondiale par les plans de relance, par des politiques monétaires très accommodantes et cet afflux de liquidité, une fois la machine économique en marche, aura une influence sur l’inflation, si les autorités gouvernementales n’arrivent pas à l’assécher et c’est très favorable à l’or.
Ensuite, au niveau des fondamentaux, on voit que l’offre primaire de métal stagne depuis des années et les nouveaux gisements mis en production ne font que compenser le déclin des gisements matures et c’est une tendance profonde, lourde et il est très difficile aujourd’hui de mettre en exploitation un gisement, ça demande beaucoup de temps. Il faut environ entre cinq et sept ans, entre la découverte d’un gisement et le premier lingot qui en sort.
Du côté de la demande, elle est aussi affectée comme toutes les autres matières premières par la crise. La demande de joaillerie baisse naturellement, mais la tendance à long terme est quand même haussière en raison de l’élévation du niveau de vie des ménages chinois et indiens. On pense que le fait de continuer à acheter de l’or, c’est une façon, pour eux, de thésauriser et tant qu’il n’y aura pas de système d’épargne en place dans ces pays, ils vont continuer à investir dans l’or et donc ça porte la demande à long terme et ensuite il y a la demande d’investissement qui n’arrête pas de croître sur l’or. Aujourd’hui, quand on achète un tracker, il y a une contrepartie or physique et aujourd’hui, il y a plus de 1000 $ stockés dans les banques en contrepartie des placements papier sur l’or.

LeFigaro.fr : Justement, ça nous amène à la question : Quel intérêt d’acheter de l’or papier ? Quels sont les avantages de ce type de placement ?

Christophe Soubiran : L’or papier a pour avantage de répliquer l’évolution du cours physique de l’once, donc il n’y a pas d’effet de levier. Le seul risque, c’est un risque de marché : l’or peut baisser ou monter et donc le tracker monte et baisse en fonction de l’évolution de l’once. C’est le moins risqué des placements sur l’or, mais c’est aussi le moins spéculatif.

LeFigaro.fr : Il est aussi possible d’investir à travers les mines qui produisent l’or.

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Christophe Soubiran : Là, c’est un placement beaucoup plus spéculatif, les mines sont très volatiles. Elles amplifient, à la hausse comme à la baisse, l’évolution du cours du métal physique, un rapport de 1 à 4 ou de 1 à 5, ça dépend. Donc il faut faire très attention sur ces investissements. Nous conseillons surtout de privilégier les grandes mines nord-américaines qui ont des profils de production diversifiés, des bilans sains et qui vont passer la crise.
A titre plus spéculatif, on peut maintenant acheter des valeurs sud-africaines, elles ont fait d’énormes progrès en matière de production et au niveau de l’opérationnel.

LeFigaro.fr : Il y avait beaucoup de problèmes d’électricité, etc.

Christophe Soubiran : Ils avaient de gros problèmes, il y avait des coupures d’électricité. Ce sont des problèmes qui sont résolus et puis elles ont beaucoup progressé en termes d’opérationnel. À titre encore plus spéculatif, on peut jouer les mines intermédiaires. Donc des jeunes mines qui ont deux ou trois gisements en production et qui ont un fort levier sur leurs résultats grâce à l’appréciation de l’once, mais qui présentent aussi un profil plus risqué. Si une des mines connaît un problème, c’est de suite un cinquième ou un tiers des profits qui disparaissent. L’effet de levier est fort et on peut gagner beaucoup d’argent là-dessus.

LeFigaro.fr : Qu’en est-il de l’or physique, du napoléon ?

Christophe Soubiran : On peut jouer l’or physique soit sous forme de lingots, soit sous forme de pièces. Il est préférable d’acheter des pièces, c’est beaucoup plus facile à vendre ensuite que le lingot. Après, il faut demander à son conseiller clientèle pour choisir.

LeFigaro.fr : Il y a aussi les fonds à travers lesquels on peut investir sur l’or et ceci nous amène à la question de deux internautes qui souhaitent savoir comment acheter des SICAV or.

Christophe Soubiran : Acheter les SICAV or, on peut le faire facilement comme toutes les autres SICAV. Le mieux, c’est de passer par une plate-forme Internet, les frais sont moindres. C’est la meilleure façon de jouer l’or parce qu’on peut jouer tous les thèmes, on peut jouer les grandes Nord-Américaines au bilan solide, on peut jouer les valeurs intermédiaires qui ont un profil de risque plus important et on peut jouer les jeunes pousses, des mines qui n’ont que des permis d’exploration, mais qui pourraient un jour exploser. Donc c’est une façon de jouer tous les thèmes avec un risque mutualisé, donc moindre. Après, pour choisir sa SICAV, toutes ne sont pas des SICAV pur or, elles sont investies dans d’autres métaux précieux, des fois dans d’autres matières premières comme le pétrole. Donc c’est selon son désir de diversification, regarder la composition de la SICAV et choisir de cette façon.

LeFigaro.fr : Un internaute s’interroge sur le PEA. Est-il possible d’insérer de l’or dans son PEA ?

Christophe Soubiran : Malheureusement, pas beaucoup. Il y a peu de mines françaises, peu de mines éligibles aux PEA. En France, je pense qu’il y a AUPLATA qui est une mine guyanaise cotée sur Internet, mais qui est très risquée. Coté à Londres, on peut jouer un producteur d’argent qui s’appelle FASNIO. On peut jouer peut-être Anglogold via Anglo American. Il y a très peu de choix. Donc l’idée, c’est de diversifier son portefeuille en dehors du PEA.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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