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Dans les critiques adressées, de nos jours, au libéralisme économique, il est facile de relever une large part d’injustice. Beaucoup en veulent à son nom même, qui l’apparente aux théories les plus contestables du libéralisme philosophique ou politique. D’autres, qui ne commettent pas cette confusion, le rendent responsable de toutes les tares du capitalisme, dont il a été, il est vrai, l’introducteur et comme le parrain. Et, de fait, c’est à son caractère asocial, à son impassibilité devant les ruines, les faillites, le chômage, toutes purges jugées par lui bienfaisantes, parce que nécessaires, qu’il doit surtout les sarcasmes dont il est accablé. Il ne faudrait pas cependant lui faire porter tout le poids des péchés commis par les autres.

Et si la crise actuelle apparaît, à bien des égards, comme la preuve d’un défaut de structure essentiel du régime capitaliste, elle peut être aussi justement attribuée à la transgression de certaines lois naturelles, de ces lois dont  » l’harmonie préétablie  » devait, dans le langage ambitieux des premiers libre-échangistes, assurer la sécurité et le bonheur de la planète tout entière.
La vérité est que ce mécanisme libéral, si propre à rétablir, en tout temps et en tous lieux, l’équilibre de l’offre et de la demande, de la production et de la consommation, de l’épargne et des investissements, des échanges et du crédit, n’a pas tenu devant une bourrasque trop forte. L’automatisme, dont il s’enorgueillissait, n’a pas joué. Sans doute par la faute des hommes. Mais comment qualifier de décisive, de souveraine, une discipline à laquelle on se soustrait aussi facilement ?
Le pot au lait que Perrette portait sur sa tête avait été, lui aussi, façonné par un adroit potier. Et l’équilibre, qu’il devait d’abord à la symétrie de ses formes, lui permettait de courir les risques d’une marche lente et cadencée. Mais Perrette fit un faux pas. Le potier n’en fut point troublé. Il aurait eu mauvaise grâce, cependant, à coller sur ses pots l’étiquette  » incassable « .
Les libéraux sont des potiers intransigeants. Et c’est de leur refus d’admettre la faiblesse humaine, d’accepter les risques, en quelque sorte organiques de la liberté, dont le premier est de s’enchaîner librement à certaines contraintes, qu’ils mériteraient, à notre sens, d’être surtout blâmés. Le malheur, notre malheur à tous, est que les faux pas se sont multipliés.

Par Henry Du Moulin – Ancien Inspecteur des Finances

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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