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Tous les investisseurs lorgnent du côté asiatiques pour attendre des signes de reprise du cours de l’or. Malgré de nombreux indicateurs négatifs qui laissent penser que l’Asie va faire maintenir le cours de l’or sous l’eau, ce n’est pas de côté-là qu’il faut regarder, mais plutôt à l’opposé, vers le pays du soleil couchant…

Y’a plus de saison !
A elle-seule, la demande de l’Asie est passée de 39 à 57% entre 1999 et 2010 et représente la moitié de la demande en or mondiale, tous pays confondus. Selon les chiffres du World Gold Council, la demande totale de l’Inde en or s’élevait à 1006,3 tonnes pour l’Inde et de 639,2 tonnes pour la Chine, soit plus de la moitié de la demande totale mondiale.

Du fait des traditions culturelles et religieuses de l’Inde et de la Chine, qui vouent un véritable culte à l’or… inutile de dire que la demande asiatique pèse fortement sur le cours de l’or à la fin de chaque année. Jusqu’à présent, compte tenu d’une forte demande en or liée aux fêtes des Lumières (ou Divali) en Inde, de l’après-mousson (plus les récoltes sont bonnes, plus on achète de l’or), et des fêtes du Nouvel an chinois (le Têt), on pouvait même parler d’une véritable « saisonnalité » de l’or.

Cette année cependant, le « climat aurifère » semble se détraquer. L’été dernier (saison morte pour le métal jaune qui d’ordinaire se dore la pilule au soleil) a été le théâtre d’une hausse caniculaire du cours de l’or et la demande des pays asiatiques a commencé à flancher dès l’automne dernier.

L’Inde, de nombreux blocages sur l’or
Bien que l’Inde et la Chine, plus gros clients de l’Iran, soient prêtes à payer le brut iranien en or, la demande des deux plus gros consommateurs d’or au monde est en baisse au premier semestre 2012. En cause notamment, le cours très élevé de l’or depuis un an, même si celui-ci consolide depuis octobre 2011. En avril dernier, un blog financier mentionnait la réduction des importations indiennes de 81% dès le mois de mars. La Bombay Bullions Association (BBA) informait que cette « inappétence » pour l’or pouvait se prolonger, du fait de la grève des bijoutiers indiens qui s’est prolongée pour protester contre une taxe à l’importation sur l’or et le platine, impactant tout le secteur de la joaillerie. Ce blocage n’a pas été sans conséquence sur le cours de l’or, car le secteur de la joaillerie représente à lui seul la moitié de la demande en or mondiale (avec 1963 tonnes en 2011) et l’Inde représente à elle-seule près d’un quart de la demande en or de joaillerie (567,4 tonnes d’or en 2011, et 511 tonnes pour la Chine).

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Si on ajoute à cela une mousson qui n’a pas été extraordinaire en 2011 et que les banques indiennes ont décidé de limiter les ventes de pièces d’or (pour favoriser la roupie), la demande en or a pris du plomb dans l’aile du côté de l’Inde.

Toujours selon la BBA, les importations d’or en Inde devraient se limiter à 500 tonnes au total en 2012. Ce qui selon cet excellent article de Protection & Rendements est optimiste car en avril, les importations n’étaient que de 15 tonnes. On peut donc s’attendre à plus de 200 tonnes pour cette année, mais l’Inde est loin des 1000 tonnes achetées l’an dernier : pas de quoi donner la fièvre au cours de l’or cet hiver !

La Chine redore son blason
Pour la Chine, c’est un peu particulier. Le colosse aux pieds d’argile qui n’entend pas se faire saper à la cheville est déterminé à échanger un maximum de Bons du Trésor américains contre de l’or.
Sauf que l’or papier (la demande d’ETFs pour être plus précis) est en baisse. L’or papier est une véritable arnaque car 80% de l’or vendu contractuellement n’existerait pas. La baisse des cours de l’or papier a provoqué une très forte demande d’or physique par la Chine. Non content d’être le plus gros producteur mondial d’or, le pays accroît sans sa cesse sa demande et incite le peuple à en acheter le plus possible… En vue d’une préemption ultérieure ?
Si la Chine est le 5e détenteur mondial d’or avec près de 1000 tonnes, son but est de dépasser les réserves des Etats-Unis (8133,5 tonnes). Il y a de la marge, d’autant que la croissance de la Chine est au ralenti et que cette décélération peut lui être fatale. Malgré un enthousiasme populaire autour de la santé économique du pays, « la Chine se prépare à des temps difficiles », titre lecho.be. Le taux de croissance n’atteindrait pas les 8% au premier semestre 2012 au deuxième trimestre et serait le plus faible enregistré depuis les 6,6% du premier trimestre 2009.
Un modèle économique basé uniquement sur la croissance ne peut de toute façon pas perdurer et le principal client de la Chine, la zone euro, fait grise mine. Bref, pour compenser les « pertes » indiennes, il faudrait en gros que la Chine double ses importations et pour le moment c’est loin d’être le cas.

A l’Ouest, rien de nouveau…
Avec de telles données, on peut aisément penser que l’or sera maintenu à taux bas jusqu’à la fin de l’année au moins ! Probablement, mais le cours de l’or ne dépend pas que de cette demande annuelle, aussi influente soit-elle. Il y a un autre facteur, plus mécanique celui-ci, qui est le cours du dollar, devise avec laquelle l’or est évalué. Pour l’instant, la FED a plus évoqué la possibilité d’un Twist pour maintenir le dollar à taux bas qu’un QE3. En clair, tant que ne sera pas décidé une émission monétaire massive du dollar qui perdra ensuite beaucoup de sa valeur, le cours de l’or ne bougera pas. Et la FED ne prendra aucune décision dans ce sens-là jusqu’aux élections présidentielles en novembre. En revanche, dès que la planche à billet se remettra à fonctionner et que le dollar sera encore dévalué, le cours de l’or va mécaniquement remonter et jouer à fond son rôle de valeur refuge.

C’est d’ailleurs ce qu’a anticipé la banque UBS en conseillant à ses clients d’acheter de l’or, avant la ruée ! Une première pour un établissement financier, il y a franchement de quoi s’inquiéter et prendre ce conseil très au sérieux…

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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