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Lingots pièces or © Iraidka - Fotolia.com
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Les sceptiques pensent qu’après 13 années de hausse consécutives et + de 500% d’augmentation de sa valeur, le cours de l’or est arrivé en bout de course. Nous sommes hélas loin d’une éventuelle explosion de bulle, hélas car il faudrait bien des paramètres (comme une augmentation de 7% de la croissance des Etats-Unis par exemple), pour que l’or sorte de son marché haussier.

La correction de l’or en décembre a fait couler beaucoup d’encre. Encore une fois, de nombreux « spécialistes économiques » ont enterré l’or, ceux-là même qui l’enterraient en 2009 après un semblant de reprise mondiale, ceux-là même qui l’encensaient dès que le cours reprenait à la hausse.

Pour Tobias Merath, analyste chez Crédit suisse, il est révolu le temps où l’on peut voir son or prospérer de 10 à 12% par an.
Saxo Bank, qui croit à la vigueur de la reprise économique américaine, table sur un dollar fort en 2013… et l’once d’or qui redescendrait à 1200$.

Les éléments de hausse sont pourtant là
C’est vrai, l’or n’a pas poursuivi son ascension depuis septembre après l’annonce de l’opération Twist par la FED et n’a pas plus réagi à l’annonce d’une nouvelle émission monétaire ex nihilo.
Quant au pseudo accord trouvé par le gouvernement américain pour résoudre « la crise du mur budgétaire », il ne fait que reculer la cure d’austérité qui attend la 1e puissance économique mondiale au tournant.
« Dans le pire des scénarios, toutes ces mesures pourraient s’agglomérer et provoquer un « mur » encore plus lourd de menaces, « encore un autre Armageddon budgétaire », notait mercredi matin le journal Politico. » (lecho.be).

Tous les éléments sont donc bien là, le décor est planté : grave crise économique, problèmes de chômage et de croissance finie à l’échelle planétaire, devises fortes affaiblies, pays émergents qui peinent à prendre le relai, tous ces éléments profitent d’ordinaire à l’or.

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La zone euro quant à elle traverse toujours une crise majeure que traverse qui n’est pas prête d’être résolue. L’Europe se retrouve confrontée à une vague de pauvreté généralisée (1 Européen sur 4). Et les prévisions 2013 de l’INSEE pour la France ne sont guère plus optimistes, la bête noire restant le chômage, en hausse pour le premier semestre (au moins) 2013.

La hausse du cours de l’or est normalement le reflet de l’ingérence monétaire des gouvernements et des dettes exponentielles générées par les Etats, alors pourquoi l’or s’obstine-t-il à corriger ?

Des soupçons de manipulation de l’or de plus en plus flagrants
Le 17e décembre dernier, nous nous étonnions de la stabilité du cours de l’or qui n’avait pas lieu d’être. En effet, sans pour autant porter de lourds soupçons, il est facile d’imaginer qu’il n’est pas dans l’intérêt de certaines institutions, certains organismes, certains Etats, que le cours de l’or s’emballe. Cela serait par exemple très fâcheux pour le dollar !
Nous abordions déjà le thème de la manipulation du cours de l’or en septembre 2010, et les fondamentaux économiques n’étaient pas encore aussi mauvais qu’ils ne le sont aujourd’hui. Car il faut être lucide : la crise a empiré.

Et les grandes institutions financières ont tout à fait la capacité à manipuler le cours de l’or, notamment par le biais de prêts et de swaps or. Comme l’explique très bien cet article sur la manipulation du prix de l’or, « la manipulation est rendue possible en raison du fait que ce qui a été vendu n’existe pas ».
Le ratio or (papier) vendu et or réel est complètement disproportionné.
Indice de manipulation, la vente d’ETFs (contrats or papier) a explosé au dernier trimestre alors que c’était la demande en or physique qui était plus importante en 2011 et c’était logique. Pourquoi un tel boum des ETFs au dernier semestre 2012 ?

L’or est-il une baudruche qui se dégonfle ?
La dette américaine atteind un plafond avec 16.394 milliards de dollars, « seuil au-delà duquel le pays n’a théoriquement plus le droit d’emprunter sur les marchés pour se financer ou pour rembourser ses créanciers ». Mais God bless the USA… Les Etats-Unis peuvent imprimer 200 milliards de dollars pour éviter le défaut de paiement, car les Etats-Unis ne sont pas la Grèce.

Compte tenu des très mauvais fondamentaux économiques actuels, le cours de l’or devrait être bien plus élevé s’il avait poursuivi sur sa lancée depuis octobre dernier, manipulation de l’or ou pas.

Comme l’or consolide fortement avec un cours historiquement très élevé, certains peuvent y voir le début de la fin du rendement sûr et élevé de l’or, or il n’en n’est rien.

Pourquoi l’or ne se situe-t-il pas dans une bulle ? Tout d’abord parce que depuis le début de sa phase d’ascension il y a maintenant 12 ans, la progression du cours de l’or a alterné avec des phases de correction, ce qui est plutôt un mouvement sain. Il y a plutôt lieu de s’inquiéter pour les progressions franches et nettes sans discontinuité qui correspondent plus à des phases « maniaques » et une volatilité, ce qui n’est pas le cas de l’or, même lorsqu’il a atteint son plus haut sommet en septembre 2011.

Dans les 3 phases qui précèdent l’éclatement d’une bulle, l’or se situerait plutôt en début de la phase 3 qui peut encore durer des années avant « d’exploser ».
– la première phase dite furtive concerne des acheteurs avisés, des contrariens qui achètent de l’or alors que le métal est passé de mode, personne n’en parle encore (comme ce fut le cas dans les années 80).
– durant la deuxième phase (d’alerte), on constate que les banques centrales commencent à refaire leurs stocks. De vendeuses nettes, elles deviennent acheteuses. L’entrée de gros capitaux sur le marché fait grimper le prix de l’or. Cette phase-là est passée.
– La 3e phase du marché haussier est une phase « maniaque » où tout le monde veut de l’or, le grand public le plébiscite, on commence à voir plein de publicités à la télé.

Durant la phase d’éclatement, on cherche à limiter les pertes, on parle de baisses provisoires, puis on revend tout.

Pourquoi l’or ne serait-il pas dans une phase d’éclatement de bulle ? Tout d’abord parce que la phase maniaque n’a pas encore eu lieu, il n’y a pas encore eu de ruée vers l’or à proprement parler, les gens ont malheureusement tendance à échanger leur or contre du cash. On parle plus volontiers d’un marché haussier que d’un vrai phénomène de bulle dangereux dans le cas de l’or.

Pourquoi l’or va continuer de performer en 2013
L’or ne baissera pas tant que la croissance mondiale n’aura pas repris.
Rien ne permet en effet (hélas) d’assurer une reprise économique des Etats-Unis l’année prochaine. Maintien d’un dollar compétitif, relèvement du plafond de la dette, relance de la croissance et de l’emploi, les défis qui attendent la première puissance économique mondiale ne peuvent pas être réglés par magie. Au mieux cela se terminera par une lente et douloureuse déliquescence du système monétaire, ou pour reprendre l’expression de Pierre Leconte dans le Guide l’Investissement en or, par « l’explosion [brutale et violente] de la plus grande pyramide de dettes factices de l’histoire ».
Dans les deux cas, le cours de l’or devrait atteindre des sommes folles, mais ce temps-là ne fait qu’être reculé par des artifices.

Aucune reprise économique ne peut avoir lieu sans un abaissement du plafond de la dette, car la dette a le même impact économique que l’augmentation des impôts : cela inhibe la consommation.
Or la dette ne peut être réduite avec la politique expansionniste actuelle de la FED.
« Toute tentative de substituer des moyens fiduciaires à des biens capitaux inexistants est vouée à l’échec », aurait mis en garde l’économiste autrichien Ludwig Von Mises à propos de cette politique monétaire ultra laxiste. Donc la politique monétaire actuelle va donc droit dans le mur.

Le Japon aussi a tablé sur l’impression de yen pour le dévaluer et faciliter ainsi les exportations. Ces émissions monétaires en masse aux Etats-Unis, au Japon et en Europe via la BCE devraient engendrer une remontée mécanique du cours de l’or.
Bref, il faudrait être un follement optimiste pour parier sur une amélioration économique mondiale et croire ainsi que le cours de l’or pourrait baisser en 2013. Au pire il pourrait être maintenu artificiellement, mais la tricherie ne pourrait pas résister très longtemps.

Si l’on compare l’or avec les actions sur 12 ans, l’or est largement gagnant.

Pouvoir d'achat, or, actions, obligations, source INSEE
Pouvoir d'achat, or, actions, obligations, source INSEE

Source INSEE

Ce schéma montre clairement que l’or est plus performant face à l’inflation que les actions et les obligations sur ces 12 dernières années.

Le blog Lesmoutonsenragés parient même sur un repli des actions boursières en faveur de l’or.

De nombreux experts misent avec plus de lucidité sur une once à 2000€ en 2013 comme le blog toutsurlesplacements.
Dans cette interview issue du même blog, Andrea Tuéni, analyste chez Saxo Banque et spécialiste des matières premières insiste sur le potentiel haussier de l’or. Celui-ci « ne casse pas à la baisse » et n’arrive pas à repasser en-dessous des 1650$, explique-t-elle. Mais elle prévient aussi que le potentiel de baisse n’est pas encore terminé, le cours pouvant descendre jusqu’à 1550$. En quel cas il faudrait en profiter pour consolider ses positions sur l’or.

Pour rappel, l’or qui a été enterré maint fois fin 2011 a rapporté 5,7% à ses investisseurs en 2012 ! Au pire l’or préservera en 2013 votre pouvoir d’achat, au mieux il vous rapportera un rendement excellent… si son cours n’est pas manipulé à l’envi.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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