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Pourquoi les Républicains ont-ils paralysé l’administration des Etats-Unis pendant plus de 10 jours ? Les incidences de ce shutdown sur les Etats-Unis sont-elles graves ? Impactent-elles d’autres régions du monde ? Comment agir si un tel blocage devait arriver en France ?  Consultez notre dossier sous forme de questions/réponses.

Le shutdown c’est quoi ?

C’est l’arrêt, la fermeture des services administratifs et fédéraux qui entraînent la paralysie du pays. Cela représente l’arrêt (parfois imposé) du travail de 40% des fonctionnaires américains, soit 800 000 personnes. Cela n’est pas sans conséquence.

– Quand s’arrêtera-t-il ?

Jusqu’à ce qu’un accord bipartisan soit trouvé sur le budget 2014 entre Républicains et Démocrates.

– Pourquoi les Etats-Unis ont-ils été paralysés ?

Le parti républicain est opposé au projet de réforme de la santé du gouvernement démocrate, « l’Obamacare », un programme initié par le président Obama, visant à financer une couverture sociale minimum pour ceux qui ne peuvent pas en bénéficier.

Le but des conservateurs ayant initié la paralysie de l’administration américaine est de dénoncer les abus induits par une telle réforme de l’assurance-santé : explosion des déficits publics, hausse des impôts, incitation à l’assistanat, etc. L’enjeu est politique. Le problème est que les exigences des conservateurs sont irréalistes.

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Les conservateurs profitent du budget pour l’exercice 2014 (qui a débuté le 1er octobre dernier) pour faire du chantage aux démocrates. Leur but, en refusant un accord sur le budget 2014 : faire plier le gouvernement Obama sur la réforme de la santé.

« Le budget représente l’un des meilleurs leviers possibles pour obtenir un délai de la réforme », pouvait-on lire dans une lettre co-signée par une quarantaine de lobbys conservateurs qui appelait à refuser l’adoption du budget à un report de l’Obamacare, dès février dernier.

– Qui est à l’origine du blocage ?

La paralysie survenue dans l’administration américaine a été largement incitée par « une poignée de lobbys ultralibéraux, financés par des milliardaires aussi discrets que puissants : les frères Koch ».
« Ils ont dépensé des centaines de millions de dollars pour nous entraîner là où nous sommes aujourd’hui », a accusé cette semaine le leader démocrate du Sénat, Harry Reid.
Les frères Koch ? « La plus grande entreprise dont personne n’a jamais entendu parler », selon David Koch, le plus jeune des deux frères.

L’influence des deux frères est considérable : 6 millions de dollars ont été dépensé dans un des think tank créé par David Koch dans des spots télévisés (rien qu’en 3 mois) pour dénoncer les dangers de l’assurance-maladie universelle. Même si le Tea Party ne représente qu’une minorité du parti Républicain, son influence, ne serait-ce que financière (et n’est pas ce qui fait tout ?) est considérable.

– Le shutdown est-il l’arbre qui cache la forêt ?

Les décisions budgétaires aberrantes prises par le gouvernement américain depuis 10 ans jouent en la faveur du mouvement conservateur, dont l’objectif au final, est sensé d’un point de vue économique : stopper la spirale infernale de financement de la dette par les hausses d’impôts et ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne. Le problème est que tout le monde ne peut pas se payer une bonne couverture sociale. En dehors de toute considération politique, il y a des intérêts économiques extrêmement divergents.

En fait, personne n’a rien à gagner avec le shutdown ; un tel blocage est plutôt symptomatique d’un défi majeur auquel sont confronté les Etats-Unis, qui est l’arbre que cachent le shutdown et l’Obamacare : le fiscal cliff.

Petit rappel, le mur fiscal, épreuve à laquelle sont confrontés les US, consiste d’une part à augmenter brutalement les impôts et d’autre part à baisser les dépenses (défense, programmes sociaux…) : double peine et conséquence d’une politique monétaire ultra laxiste et basée sur le crédit à gogo (d’une monnaie qui n’existe pas en somme).
Même si Barack Obama « refuse que la classe moyenne soit prise en otage » (ce qui veut clairement dire qu’elle le sera), il se dit prêt à des compromis. Le président souhaite augmenter les impôts chez les plus riches, mais là c’est au mur des Républicains qu’il va devoir se confronter.

– Quelles seraient les conséquences économiques du shutdown ?

Un « impact catastrophique de la fermeture partielle des services fédéraux sur l’économie américaine », selon Barack Obama. 40 % des effectifs (soit 800 000 fonctionnaires) ont été forcés de prendre des congés sans solde. La fermeture des administrations coûterait environ 8 milliards de dollars par semaine à l’économie américaine (un chiffre obtenu par la banque Goldman Sachs en se référant au « shutdown » de 1995).

– La paralysie administrative impacte-t-elle tant de gens que ça ?

Dans le quotidien, cela ne se ressent pas vraiment, mais l’opinion publique semble exaspérée par cette prise d’otage politique. Mais cela peut avoir des conséquences plus graves. Le « shutdown » a par exemple empêché une réponse efficace à une vague d’intoxication alimentaire, à la salmonellose.

– Vers un défaut américain ?

Ca y ressemble, en tout cas, les Etats-Unis s’en rapprochent de plus en plus. Malgré ça et une reprise économique plutôt fragile, les agences de notation (dont on n’entend plus beaucoup parler aurez-vous remarqué), suppôts du dollar, continuent d’attribuer de bonnes notes à « la première force économique mondiale ».

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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