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Avec une demande qui ne cesse de croître et une offre qui ne parvient plus à se redresser, le marché de l’argent métallique souffre d’une pénurie qui menace de faire exploser la chape de plomb imposée sur les prix par les banques depuis des années.

On le sait, le cours de l’argent est depuis longtemps maintenu artificiellement à la baisse par un certain nombre d’acteurs majeurs du milieu bancaire et financier (notamment par la Deutsche Bank). Néanmoins, la situation actuelle est désormais bien différente de celle qui prévalait durant ces dix ou douze dernières années.

La production d’argent en baisse pour la deuxième année consécutive

En effet, si la production d’argent n’a cessé de progresser jusqu’à récemment, au point d’atteindre la quantité phénoménale de 1,01 milliards d’onces extraites pour la seule année 2014, elle tend désormais à décliner en raison de la fermeture de nombreuses mines de zinc (plus des deux tiers des tonnages d’argent viennent en combinaison d’autres métaux comme le zinc, le plomb ou le cuivre cuivre) mais aussi faute de pouvoir exploiter de nouveaux gisements.

De fait, s’il était aisé d’étouffer les cours du métal précieux lorsque l’offre était chaque année meilleure que l’année précédente (même si elle ne suffisait pas toujours à satisfaire pleinement la demande), c’est aujourd’hui beaucoup plus difficile car, pour la deuxième année consécutive après 13 ans de hausse continue, l’offre d’argent métal a été en forte baisse en 2017, avec une production de « seulement » 775,4 millions d’onces, en retrait de 26,5 millions d’onces par rapport aux niveaux de 2016. Sachant que l’année 2016 était déjà en net repli par rapport à 2015.

Et selon le rapport annuel publié le 24 avril dernier par CPM Group, société spécialisées dans la gestion d’actifs basés sur les matières premières depuis plus de trente ans, tout indique que cette pénurie se poursuivra durant… la décennie à venir au moins !

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Une demande qui ne cesse de croître avec les technologies

Dans le même temps, largement boostée par une croissance record du photovoltaïque (+24% d’installations solaires dans le monde, et en particulier en Chine), la demande industrielle d’argent a très nettement augmenté en 2017, pour la première fois depuis 2013. Mais le renforcement de cette demande vient aussi de la fabrication d’alliages d’argent destinés au brasage et au soudage, en hausse de 4% l’an dernier, principalement grâce à une solide croissance de la Chine (encore elle) et du Japon.

Du côté des industries de pointe, avec une économie mondiale de plus en plus basée sur les nouvelles technologies, la fabrication de semi-conducteurs a, elle aussi, explosé depuis un ou deux ans, conduisant même ces secteurs très gourmands en argent à augmenter leur demande pour la première fois depuis presque dix ans avec 242,9 millions d’onces consommées l’année dernière (soit l’équivalent d’1/3 de la production totale). Et rappelons que la majeure partie de tout cet argent est définitivement consommé, c’est-à-dire perdu, sans possibilité de recyclage ou presque.

Quant aux secteurs de la bijouterie et de l’argenterie, ils ont également enregistré des progressions notables en 2017, selon le World Silver Survey 2018 publié par le Silver Institute.

Des prix qui ne pourront pas rester indéfiniment maintenus à la baisse

Bref, dans un tel contexte, où la demande se fait chaque jour plus pressante alors que la production s’épuise, le marché de l’argent est soumis à de très fortes contraintes que ne pourront bientôt plus contenir les barrages artificiels mis en place par ceux qui souhaitaient préserver un cours de l’argent au plus bas. Là encore, rappelons que le ratio or/argent est actuellement aux alentours de 1/80 (ce qui signifie qu’une once d’or vaut 80 onces d’argent) alors qu’il devrait plutôt se situer entre 1/15 et 1/20.

Voire à 1/9 si on s’en tient au seul ratio de production entre les deux métaux précieux (2 700 tonnes d’or extraites annuellement contre 25 000 tonnes d’argent). Ce qui pourrait potentiellement porter l’once d’argent à 150 dollars environ !

Sans aller jusque là, souvenons-nous que l’argent se négociait à plus de 45 dollars l’once en avril 2011, soit deux fois et demi plus cher qu’aujourd’hui, tandis que l’or n’était que 45% au-dessus à son cours actuel. L’argent a donc une très forte marge de progression pour les mois à venir.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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