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On a tous vu passer sur nos relevés de compte bancaire des lignes au libellé obscur, toujours débitrices, dont on a plus ou moins supposé qu’il s’agissait de frais prélevés par l’établissement financier bénéficiant à la fois de notre argent et de notre confiance. Or, si dans la majorité des cas, il s’agit effectivement de frais bancaires, il arrive parfois que leur légitimité soit beaucoup plus contestable.

On ne se méfie pas assez de son banquier. C’est en tout cas ce qu’ont dû se dire les clients d’une agence CIC Lyonnaise de Bourg-lès-Valence, dans la Drôme, après que l’une des conseillères se soit fait arrêter pour avoir détourné plusieurs dizaines de milliers d’euros sur les comptes bancaires de particuliers.

Une affaire de « régulations »

Plus précisément, la désormais ex-banquière avait mis en place de faux virements sur une douzaine de comptes appartenant à des personnes âgées (moins vigilantes sans doute) alimentant directement son propre compte bancaire. Subtilement libellés « regul frais de compte« , ou encore « regul succession » , voire « regul décès« , ces virements étaient censés passer inaperçus aux yeux de clients peu méfiants et qui, de toute façon, avaient pris l’habitude comme nous tous de découvrir régulièrement de nouveaux frais bancaires comme on se découvre de nouveaux boutons sur le nez : un truc dont on se serait bien passé mais contre lequel on ne peut pas faire grand chose si ce n’est attendre que ça passe…

Ainsi, après 3 ans et pas moins de 88 virements, la conseillère a réussi à subtiliser gentiment plus de 63 000 euros, soit l’équivalent d’un salaire mensuel moyen supplémentaire (plus fort que le 13e ou le 14e mois, le double-mois…). Au juge qui lui demanda ce qui lui était passé par la tête, elle répondit qu’elle voulait juste combler son découvert. Ce à quoi le magistrat rétorqua en fronçant les sourcils qu’elle était pourtant bien placée pour savoir que ce n’était pas comme cela qu’on comblait un découvert, en général.

Le sauvetage des banquiers n’est légal qu’à grande échelle

Sans doute avait-elle pris conscience du montant scandaleusement élevé des agios lorsqu’elle y fut confrontée, et elle préféra certainement faire à son niveau que les banques font généralement à l’échelle d’une nation : faire payer leurs dettes à leurs clients. Hélas, ce qui est considéré comme une saine mesure de sauvetage aux plus hauts sommets de la finance, redevient (à juste titre !) un délit lorsqu’on le ramène à un petit artisanat local. Alertée par des clients, le CIC Lyonnaise de Banque a donc porté plainte contre son indélicate employée et, le 30 juin dernier, celle-ci a finalement été condamnée à 10 mois de prison avec sursis, 30 740 euros de dommages et intérêts au CIC… et à peine 1 600 € aux deux seuls clients qui s’étaient constitués partie civile.

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Certains esprits taquins ne manqueront pas de remarquer que l’opération aura quand même été bénéficiaire d’un peu plus de 30 000 euros pour l’ex-banquière, mais gageons que ce petit bénéfice sera largement compensé par les remords qui dont la malheureuse doit être rongée…

Rester vigilant sur les frais prélevés

Cela étant dit, et même s’il est peu probable que nous soyons tous un jour victimes de ce genre de malversations, il n’est pas inutile de nous pencher de temps en temps sur ces fameuses petites lignes débitrices qui viennent amputer nos comptes bancaires de quelques euros, voire quelques centimes, sans que nous comprenions pour autant la raison ou la destination des ces sommes. Parfois, il s’agit simplement d’un libellé maladroit qui nous empêche de comprendre qu’on a simplement affaire aux frais de tenue de compte habituels. D’autres fois, ce sont les mensualités d’un abonnement auquel nous avons pu souscrire sans le savoir en même temps que le « package » vendu par la gentille conseillère de banque (mais, tant pis pour nous, car nul n’est censé ignorer ce qui est écrit sur les petites lignes au verso des conditions d’ouverture de compte).

Enfin, plus grave, il arrive que certains établissements pratiquent le « changement de conditions par défaut » qui consiste à vous informer d’une évolution tarifaire ou d’un ajout de services (payants) qui deviendra automatiquement effectif à moins que vous ne vous y opposiez expressément (par courrier, si possible). Une technique largement éprouvée par les opérateurs de téléphonie mobile et d’accès internet ! Une fois sur deux, au moins, cette méthode imparable permet d’augmenter sensiblement les frais qui vous sont facturés en toute discrétion.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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