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La Chine est devenue en moins de 20 ans un des plus gros acteurs de l’or mondial. C’est une décision stratégique du pouvoir en place qui souhaitait dépendre le moins possible du dollar. Cette politique s’accélère depuis que Trump déroule son programme « America First » et que l’économie chinoise montre des signes de moindre croissance.

Quand on regarde les chiffres d’achat d’or par les banques centrales au 3ème trimestre 2018, la Chine est quasiment absente. Les gros acheteurs visibles sont la Russie et la Turquie. Deux pays qui souhaitent pour des raisons différentes diminuer leur dépendance au Dollar.

Pourtant, les spécialistes comme Philippe Béchade, président des Econoclastes et grand connaisseur de la Chine, estiment que Pékin cache la réalité de ses réserves. Selon les chiffres officiels les stocks d’or de la Banque centrale chinoise seraient de moins de 2000 tonnes d’or soit…4 fois moins que ceux des Etats-Unis. Et moins que ceux de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et aujourd’hui même de la Russie. C’est impossible.

Le premier producteur d’or du monde

L’industrie minière chinoise a dépassé la production d’or de l’Afrique du Sud, pays réputé leader depuis des décennies. C’était en 2007.

source : China gold Assocation

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Depuis, l’estimation des réserves de minerai non exploitées ne cesse de croître. On a atteint une estimation en 2017 de plus de 13 000 tonnes de réserves sur des sites positionnés essentiellement dans l’est du pays.

L’industrie aurifère  chinoise a été la plus productive du monde chaque année depuis 11 ans selon Zhang Yongtao, Vice-Président et Secrétaire Général la China Gold Association.

Il faut savoir qu’une partie de cette industrie est publique et donc les problématiques de rentabilité de l’extraction sont moins prégnantes que pour une industrie privée. Quand les cours étaient au plancher, la production a été ralentie dans certains pays pour conserver une rentabilité des entreprises minières. En Chine, on ne s’est pas arrêté. En 2017, ce sont 426 tonnes d’or qui ont été raffinées selon Yongtao. C’est environ 13% de la production mondiale.

La route de l’or :  importations pour augmenter le stock national

Et puis, avec la  Belt and Road Initiative qui est en fait la « Route de la Soie » du IIIème Millénaire, la Chine est allée chercher du minerai ailleurs. On parle beaucoup des terres rares sur lesquelles les autorités chinoises auraient fait main basse à coup de programme d’échanges « minerais et matières premières contre infrastructures routières et logements » notamment sur le continent africain. Quand il y a des terres rares, on n’est pas très loin des filons d’or et d’argent. Donc la Chine a produit et importé de l’or par centaines de tonnes chaque année. On peut estimer sans trop se tromper qu’une partie de cette production est aujourd’hui dans les coffres de la Banque populaire de Chine.

Besoin de se détacher de l’influence de l’Amérique

Selon les uns, c’est une volonté d’hégémonie de l’empire du Milieu. Pour les autres c’est un besoin de ne pas être dépendant des américains. En tous les cas, les autorités chinoises font tout pour éviter d’être dépendantes du Dollar même si elles détiennent encore un masse énorme de dette américaine avec l’équivalent de 1100 milliards de dollars d’emprunt d’Etat.  Mais les positions se sont un peu tendues avec l’élection de Donald Trump et sa volonté de « rapatriement » de l’industrie sur le continent Nord Américain. Les chinois ont déjà fait savoir qu’ils possédaient les terres rares nécessaires au fonctionnement de la dite industrie, histoire de calmer un peu les ardeurs du Président US. Mais cela n’empêche que l’idée est de pousser le Yuan comme monnaie réfèrente face au billet vert. Pour cela, il faut garantir cette monnaie et on n’a rien inventé de mieux que les stocks d’or d’une banque centrale. Et aussi imposer à ses partenaires et ses voisins de commercer avec la monnaie chinoise.

L’or : une garantie pour le particulier

En Chine, c’est une tradition : l’or est une valeur sûre. Ainsi, on a vu en 2015, les chinois apporter l’or de la famille comme garantie pour pouvoir emprunter et ensuite spéculer en bourse. Sans commentaire.

Aujourd’hui, l’économie chinoise montre quelques signes de faiblesse. C’est-à-dire qu’elle est en croissance mais pas assez pour couvrir les besoins de développement du pays. Les attaques commerciales américaines vont aussi peser avec des effets à très court terme. Alors, les chinois cherchent aujourd’hui à sécuriser leur patrimoine. Ils achètent de l’or. On estime que le métal jaune est présent en moyenne à hauteur de 6% des portefeuilles. Même les assureurs chinois sont en train de se positionner avec l’intégration d’or dans les unités de compte pour les assurances vie.

Enfin, un placement or a été créé par une banque chinoise. Microgold permet en utilisant l’application Wechat, messagerie très populaire, de transmettre des valeurs en équivalent »or » via des enveloppes numériques.

Panda : la pièce d’or chinoise

C’est en 1982 que la Banque Populaire de Chine introduit pour la première fois un Panda. Outre le fameux panda sur le revers  qui est redessiné à chaque millésime, le Panda a surtout été jusqu’en 2016 mesuré en Once Troy. En 2017, changement de système et adoption du système métrique. Le panda 1 once (31,103 g) devient la pièce-lingot de 30 g. Ces pièces, notamment celles d’avant 2016, sont assez recherchées par les collectionneurs en raison du changement annuel de gravure du Panda.

Les investisseurs les apprécient aussi, en effet, pour un même poids, le cours du Panda est en général plus élevé que celui du Krugerrand

En savoir plus sur le Panda

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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