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Avec un cours de l’or qui peine à retrouver ses niveaux de l’an dernier, et qui semble même d’ailleurs vouloir perdre encore un peu de terrain en 2017, nombreux sont les épargnants à se demander si c’est le bon moment pour s’intéresser au précieux métal. En réalité, il n’y a jamais eu de meilleur moment. Comme il n’y en a jamais eu de plus mauvais. Explications.

Revenons d’abord brièvement sur l’or en tant qu’investissement. Le terme même d’investissement n’est pas le plus approprié car on n’investit pas dans l’or, on épargne. La notion d’investissement implique une rentabilité, une spéculation même. Deux aspects qui n’ont rien à faire dans la décision d’acheter ou non du métal précieux, car, on ne le répétera jamais assez, l’or n’est pas un actif spéculatif, c’est un réservoir de richesse qui n’acquiert sa véritable valeur qu’à l’issue d’un processus de crise susceptible de déstabiliser l’économie et de nuire gravement aux patrimoines investis de manière traditionnelle.

Quand on nous force à nous désintéresser de l’or

En effet, lorsque tout va bien, l’or n’est pas un placement intéressant. Les marchés sont florissants, l’immobilier se porte bien, les devises sont fortes et les agents économiques voient leurs revenus ainsi que leur pouvoir d’achat augmenter régulièrement. Dans ces conditions, hormis quelques pessimistes chroniques et une poignée de survivalistes convaincus de l’imminence de la fin du monde, pratiquement personne n’a de raison de s’intéresser à l’or en tant que valeur-refuge. Désintérêt largement renforcé d’ailleurs par la démonétisation de l’or.

En ce moment, justement, les marchés boursiers traditionnels semblent caracoler sans complexes vers des sommets jamais atteints. Cet élan aussi inattendu qu’artificiel, engraissé par des tonnes de communication lénifiante, a pour effet majeur de drainer l’essentiel des richesses vers les actifs les plus risqués de la planète, les actions, véritables puits sans fond financiers qui semblent pourtant avoir retrouvé une sorte d’innocuité virginale à force de discours sans scrupules et de manipulations impunies. Conséquence directe, les actifs prudentiels ont, quant à eux, été peu à peu asséchés, rendus au mieux ridicules, au pire illégaux (ou pas loin). L’or, en sa qualité de richesse immuable (et surtout parce que les banques centrales elles-mêmes n’ont de cesse de s’en constituer des stocks de plus en plus énormes), ne pouvait pas être frappé d’illégalité. Tout au plus pouvait-on le rendre le moins attrayant possible en manipulant ses cours pour le maintenir à un niveau ridiculement bas. L’accidentelle, mais sensible, remontée du premier semestre de l’année dernière a bien vite été étouffée et l’on est désormais revenus à des niveaux quasiment similaires à ceux de janvier 2016.

C’est pour toutes ces raisons qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour l’or. Au sens littéral du terme, car il n’y a jamais de meilleurs moments pour l’or. Il peut parfois y en avoir de plus mauvais que les autres, mais ils sont rares, et paradoxalement ce sont ceux où l’or se porte le mieux. Néanmoins, tout dépend de ce qu’on veut en faire.

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Un mécanisme logique qui échappe pourtant au plus grand nombre

On l’a dit, l’or n’est pas un actif comme les autres. On ne peut pas espérer « gagner » quoi que ce soit en jouant avec comme on le ferait avec un actif spéculatif classique. Acheter pour revendre en espérant récupérer une plus-value au passage, ce n’est pas une idée qu’il faut avoir en tête avec « l’or d’investissement ». Lorsque l’or est au plus bas, on a tendance à penser qu’il ne vaut plus la peine d’être acheté. Alors que c’est au contraire le meilleur moment, car en dépit des pics (comme fin 2011) ou des creux (comme actuellement), le cours de l’or suit une tendance à long terme imperturbablement haussière, suivant d’ailleurs le niveau de vie des individus comme des sociétés. Lorsque l’or est au plus haut, au contraire, on a envie de profiter de l’effet d’aubaine en imaginant que la hausse durera encore indéfiniment. Rien n’est plus risqué, et c’est souvent le moment où les plus malins ont depuis longtemps arrêté d’acheter.

Que les choses soient claires : si l’or baisse c’est parce que le nombre de vendeurs dépasse celui des acheteurs (ou en tout cas que l’offre des uns excède l’appétit des autres), c’est donc le meilleur moment pour en acheter. Si l’or monte, en revanche, c’est parce que le nombre d’acheteurs grossit au point de ne pouvoir être servis par le nombre habituel de vendeurs, ces derniers faisant alors grimper les prix pour céder au plus offrant. On pourrait donc imaginer que ce n’est franchement pas le meilleur moment pour acheter. Et si vous pensez le contraire en imaginant pouvoir vous positionner au début de la hausse pour profiter d’une plus-value en arrivant au sommet, vous vous trompez. D’abord, rien ne dit que la hausse durera longtemps après votre achat et peut-être que le cours replongera aussitôt, vous poussant à vendre votre or en catastrophe afin de limiter les pertes… ce qui pourrait bien être votre deuxième erreur si l’or recommençait à monter aussitôt après. Inversement, vous pourriez être tenté de laisser filer le cours à la baisse sans rien faire, jusqu’au jour où vous aurez besoin de liquider vos avoirs en or pour faire face à une dépense par exemple. Là encore, mauvaise idée.

Les deux règles essentielle pour investir en or

En réalité, ces réflexes ne devraient rien avoir à faire avec le placement en or. L’or peut s’acheter à n’importe quel moment, vous serez toujours gagnant. Car, première règle immuable, l’or ne se revend pas, sauf dans deux cas très précis :

  • en cas de crise majeure où il acquiert alors sa pleine valeur, indépendamment de l’évolution des cours ;
  • en l’absence de crise si et seulement si le cours permet une plus-value particulièrement intéressante au regard des performances des autres types de placements.

C’est pour cela qu’il y a une deuxième règle tout aussi immuable que la première : on ne place jamais en or des ressources dont on a besoin ou dont on pourrait avoir besoin à court ou moyen terme, pour ne pas être obligé de les liquider à perte si les nécessités de la vie nous l’imposent. Il faut considérer son placement or comme une poire pour la soif, un trésor familial destiné à traverser le temps en prévision de vrais coups durs, une sorte d’assurance sur les aléas de la vie. On n’installe pas un paratonnerre en plein orage lorsque la foudre s’abat autour de la maison, on ne signe pas une convention obsèques sur son lit de mort. Eh bien de la même façon, on achète de l’or tant qu’on n’en a pas besoin et qu’on a les moyens de s’en acheter, quel que soit le moment, les plus modestes (et les plus malins) profitant évidemment des périodes où le cours est au plancher.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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