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Ce fut LA nouvelle de la semaine : après avoir attendu tout une année, la banque fédérale américaine a finalement remonté son taux directeur d’un quart de point, annonçant du même coup trois nouvelles hausses d’ici la fin de l’année 2017.

Disons-le tout de suite, ces trois futures hausses restent aujourd’hui pour le moins hypothétiques car souvenons-nous que l’année dernière, à la même époque, Janet Yellen nous en promettait pas moins de quatre pour 2016. Quoi qu’il en soit, les marchés ont plutôt bien accueilli la nouvelle, même s’ils l’avaient déjà largement anticipée (ce qui laisse d’ailleurs craindre un excès d’enthousiasme dont on reparlera plus loin), et les indices boursiers ont salué l’annonce d’une petite pichenette supplémentaire à la hausse.

Des marchés boursiers en hausse depuis quelques semaines déjà

Oui, car la FED n’est pas vraiment responsable de la remontée des marchés de ces dernières semaines, même si les analystes s’attendaient depuis un moment déjà à un ajustement des taux d’intérêt pour tenir compte des conditions sur le marché du travail aux USA. C’est surtout l’effet Trump qui a joué à plein dans l’envolée des marchés, en illuminant les perspectives à court et moyen terme des entreprises : lorsqu’on annonce moins d’impôts sur les bénéfices, on imagine déjà plus de dividendes à la fin de l’année, ce qui ne peut que satisfaire les actionnaires et booster les valeurs boursières à la hausse.

Dans la réalité, les choses se passent généralement de manière plus nuancée (voire complètement différente parfois) mais la bourse n’est pas un animal rationnel : il se nourrit d’espoir et se déchire les entrailles au moindre risque de coup de vent. Et des coups de vents, il risque d’y en avoir, hélas.

Premier risque : l’appât du gain

Le premier d’entre eux est lié, justement, à la forte remontée des indices boursiers. Que se passe-t-il dans la tête d’un investisseur qui, après avoir vu ses titres végéter, voire se déprécier, durant des mois, les voit soudain remonter en flèche ? Sa première réaction va être bien évidemment de s’en réjouir. Mais après s’être frotté les mains en regardant la courbe flatteuse de son portefeuille boursier, les premiers doutes vont commencer à apparaître : « Et si ça ne durait pas ? » Conséquence inévitable : de plus en plus d’investisseurs vont chercher à réaliser leur plus-value et, surtout si la bourse continue à monter aussi vite (+6,6% en 15 jours et +10,2% en 6 semaines, ce qui montre une accélération), on risque d’assister à des prises de bénéfices massives à plus ou moins brève échéances.

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En effet, les gens aiment que les cours remontent… mais pas trop. Quand la surchauffe menace, ils préfèrent reprendre leurs billes et s’écarter prudemment du château de cartes devenu instable. Dans ce cas là, immanquablement, les cours replongent, entraînant alors une plus grande vague de reventes de la part de ceux qui craignent d’avoir laissé passé l’occasion de gagner de l’argent… accroissant du même coup la chute des cours, et ainsi de suite. Si un tel scenario devait se réaliser, deux possibilité s’offriraient alors aux investisseurs : soit se rabattre sur le marché obligataire, soit protéger leurs avoirs dans les valeurs refuge (immobilier et métaux précieux en priorité). L’ennui avec les obligations, c’est qu’elles risquent justement de ne pas bien réagir aux futures remontées de taux directeurs. Et c’est peut-être là, le deuxième coup de vent qui risque d’affecter, paradoxalement, les places boursières.

Second risque : une prochaine crise obligataire ?

En effet, on a coutume de dire que, lorsque les actions vont mal, les obligations vont mieux, et inversement. En remontant ses taux, la FED risque de donner le signal aux autres banques centrales pour qu’elles fassent de même, à plus forte raison si elles anticipent un retour à l’inflation en raison, notamment, de la remontée du prix du pétrole : +65 % depuis le 1er janvier 2016 en progression désormais constante pour viser au moins les 60 dollars le baril. Dans ce nouveau cas de figure, les détenteurs d’obligations acquises à vil prix au cours de ces cinq dernières années de taux nuls risquent d’avoir du mal à s’en défaire, la demande sur le marché obligataire se portant alors en priorité sur les nouveaux titres plus rentables. Certains y voient déjà le ferment d’une crise obligataire à laquelle ils n’osent pas encore donner le nom de krach potentiel.

Mais, me direz-vous, cela n’affectera que les « anciens » détenteurs d’obligations, et pas les nouveaux arrivants. Eh bien pas seulement, car une grande partie des acteurs économiques investis en obligations sont essentiels à la bonne marche de nos économies, à commencer par certaines grandes compagnies d’assurance-vie qui risquent purement et simplement la faillite. Une perspective qui nuirait cette fois, non seulement au marché obligataire, mais aussi au marché actions sur lequel les plus grosses de ces entreprises sont cotées. Pour le reste, la BCE a récemment révélé qu’il fallait s’attendre à des défauts de remboursement de la part des États les plus endettés (et la France en fait partie), ce qui ne manquera pas d’entraîner une perte de confiance dans les obligations.

Conséquence : entre des places boursières qui risquent de monter trop vite au risque de déclencher une forte dépression vendeuse (à défaut d’être venteuse) et les obligations qui se fragilisent de jour en jour, l’or pourrait bien voir son éclat de nouveau briller dans les yeux des investisseurs. Comme il le fit après la crise de 2008, triplant sa valeur en 3 ans...

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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