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L’économie mondiale entre dans une nouvelle étape de la Crise dans des conditions bien plus détériorées que cela n’était le cas lors de l’épisode des subprimes. Passée de 282% du PIB mondial en 2007 à 322% du PIB fin 2019, la montagne de dette mondiale devrait atteindre 342% du PIB mondial d’ici la fin de l’année, si l’on table sur une récession de 3% à l’échelle du globe.

C’est désormais beaucoup trop pour revenir en arrière, comme l’a prouvé l’action des autorités publiques depuis au moins décembre 2018. Cette montagne de dette ne sera donc jamais remboursée, ce qui fait de l’or un actif indispensable pour tout épargnant.

Dernièrement, nous sommes grimpés au sommet de la montagne de dette et nous avons passé un sacré bestiaire en revue.

Si nous résumons notre tératologie de la dette mondiale, nous avons :

  • La dette des entreprises non-financières, qui se monte à 92% du PIB mondial. Cette dette est d’autant plus dangereuse qu’elle est très élevée dans certains pays comme par exemple en France (plus de 140% du PIB) ou en Chine (150% du PIB). Moins élevée aux Etats-Unis et dans d’autres économies, elle y est cependant terriblement menaçante pour au moins deux raisons. Non seulement elle s’est développée essentiellement sur la dette de qualité inférieure, mais une portion très significative de cette dette est à taux variable, donc à la merci d’une remontée des taux d’intérêts.
  • La dette publique se monte quant à elle à 90% du PIB mondial. Elle est concentrée dans les économies avancées dont les Etats étaient en moyenne endettées à hauteur de 110,4% de leur PIB à fin 2019. Le Japon se distingue avec sa dette publique à 230%. C’est l’un des segments de marché sur lequel les économies émergentes ont encore « du retard », puisque leurs Etats ne sont en moyenne endettés qu’à 52,7% de leur PIB.
  • La dette du secteur financier, que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’évoquer en détails (ce sera la cas dans un prochain billet), laquelle se montait fin 2019 à 81,3% du PIB mondial. Là encore, le phénomène est très concentré dans les économies avancées, avec un taux d’endettement de 109% du PIB contre 35% seulement dans les économies émergentes. Sans pour autant défleurer le sujet, mentionnons dès à présent qu’avec un taux d’endettement de 123,7% à fin 2019, le secteur financier de la zone euro se situe très largement au-dessus de la moyenne mondiale, ce qui se traduit dans des cours d’actions bancaires en perdition, en particulier sur des zombies comme la Deutsche Bank ou UniCredit.
  • Seuls les ménages semblent avoir à peu près retenu la leçon de 2008. Ils affichent un taux d’endettement légèrement plus élevé qu’en 2007 mais qui reste assez contenu (en tout cas au regard des normes actuelles…) avec une moyenne mondiale de 60,2% fin 2019. Il faudra néanmoins garder un œil en particulier sur le consommateur américain, dont la dette représente pas moins de 74,3% du PIB.
  • Pour ne rien arranger, la France figure sur de nombreux podium avec en particulier une dette corporate à 140% du PIB et une dette publique à 98,5% de PIB fin 2019, laquelle devrait grimper à 115% fin 2020 (+17%).

Voilà pour notre bestiaire de la dette.

« Faut-il vraiment se soucier des montagnes de dettes qui attendent la France et l’Europe ? »

C’est la question que posait BFM TV le 15 avril.

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Et c’est une vraie question. Comme vous le savez, la plupart des autorités publiques ont déclenché une récession mondiale en décidant de confiner leurs populations sur la longue durée. A les écouter maintenant qu’elles sont acculées, le déficit budgétaire et la dette n’auraient finalement rien de si abominable et sa conjonction avec une politique monétaire encore plus expansionniste devrait tous nous sauver – sans parler de la perspective des eurobonds à la pensée de laquelle Emmanuel Macron frétille.

Permettez-moi de vous proposer un point de vue quelque peu différent.

Si les taux remontent, tout le monde saute !

Et c’est bien pour cette raison que les autorités publiques feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que cela ne se produise jamais.

Natixis a expliqué pourquoi nous ne sommes pas près de nous échapper du piège mortel des taux négatifs : « s’il y avait normalisation des taux d’intérêt de la zone euro, la hausse du déficit public ferait aujourd’hui perdre la solvabilité budgétaire à l’Italie, à l’Espagne, à la France et à la Belgique. Le déficit public monterait en effet à terme : à 6,2% du PIB en Italie ; à 5,1% du PIB en Espagne ; à 6,2% du PIB en France ; à 4,4% du PIB en Belgique ; à 3,4% du PIB au Portugal ; à 5,0% du PIB en Grèce. »

Ca, c’était avec les niveaux de dette d’octobre 2019. Alors avec ceux de 2020…

Evidemment, même constat au niveau de la dette corporate. La dette est aux gouvernements et aux entreprises non-financières ce que la chair fraîche est aux zombies.

La France ne remboursera jamais sa dette publique

Ecartons d’emblée le scénario d’une baisse drastique des dépenses publiques qui permettrait de revenir sur des niveaux de dette publique soutenables – ce n’est pas le genre de la maison.

N’en déplaise à l’extrême-gauche, il est également impossible de résoudre le problème de la dette publique au travers de l’augmentation de la pression fiscale dans un pays où les prélèvements obligatoires se montent déjà à 46% du PIB.

L’Etat ne remboursera donc jamais sa dette. Et pourtant, il lui faut bien continuer de dépenser toujours plus d’argent : il en va de sa survie !

Il faudra donc que quelqu’un paye. Et ce quelqu’un, c’est en premier lieu les détenteurs de la dette publique.

De la spoliation lente à la spoliation brutale des prêteurs

Dès 2016, Natixis annonçait la couleur :

Cela fait donc longtemps que la question n’est plus de savoir s’il y aura spoliation ou non. Seule la méthode reste en suspens.

A l’époque, Natixis indiquait que cette « spoliation » pouvait prendre plusieurs formes :

  • « une spoliation lente, avec des taux d’intérêt anormalement bas obtenus par les politiques monétaires très expansionnistes ; mais pour que cette stratégie soit efficace, il faut disposer d’une longue période de stabilité économique (croissance suffisante, absence d’inflation),
  • si la stabilité économique disparaît, nécessairement on passe à une spoliation brutale des prêteurs : par l’inflation, si elle revient de manière non-anticipée (crise pétrolière ?) ; par le défaut des emprunteurs en cas de récession. »

Jusqu’à présent, c’est à la première « technologie de spoliation » (c’est le terme employé par Natixis) que nous avons eu droit.

Les autorités publiques se sont en effet contentées d’utiliser des techniques de répression financières assez soft visant à orienter au profit de l’État des fonds qui, en l’absence de réglementation du marché, seraient allés ailleurs. C’est ainsi que l’assurance-vie bénéficie d’une fiscalité avantageuse, alors que les taux d’intérêt sont maintenus à un niveau artificiellement sur les fonds euros via la politique de la BCE, ce qui équivaut à une taxation des emprunteurs au profit des prêteurs. Plus récemment sont arrivés les taux négatifs sur les comptes-courants, une évolution qui épargne pour le moment les « particuliers habituels » (pour reprendre l’expression le gouverneur de la Banque de France) et les PME.

Cependant, lorsque les autorités publiques perdront le contrôle de la situation, elles laisseront tomber les technologies de « spoliation lente » pour adopter des technologies de « spoliation brutale ».

C’est à ce moment-là que l’or brillera de tous ses feux, comme nous le verrons demain.

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Nicolas Perrin
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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