Publicité

Argentine, Islande, Russie. Ces trois pays ont un point commun : ils ont fait faillites mais s’en sont sortis. Comment ces pays sont sortis de la crise financière ? Les solutions qui ont été trouvées peuvent-elles être appliquées aux pays fragiles de la zone euro et à la France ? C’est ce que nous allons voir dans ce dossier consacré à ce tour du monde des désastres économiques.

Islande, la banqueroute des banques

Un événement somme toute assez récent. C’était il y a trois ans et l’Islande pensait difficilement pouvoir se relever d’une telle épreuve.

Tout a commencé dans les années 2000, lorsque les banques islandaises se sont noyées dans une politique d’endettement. En 2008, alors que la première crise financière mondiale éclate, les trois principales banques, compte tenu des risques pris, sont touchées de plein fouet. Le montant des dettes contractées est alors largement supérieur au PIB de l’Islande et la couronne islandaise devient la monnaie la plus surévaluée du monde. Les Islandais ont eux aussi massivement emprunté, entrainant une inflation dans le pays et des taux d’intérêt élevés. La dette des banques est si disproportionnée par rapport à la richesse du pays que l’Etat ne peut garantir de nouveaux emprunts pour le remboursement de la dette. Les créditeurs exigent des paiements de la part des banques qui ne peuvent plus emprunter. Résultat : les banques déposent le bilan.

La solution trouvée pour sortir de cette crise ? Les banques ont été nationalisées, le gouvernement a fait appel au Fond Monétaire International qui lui a accordé une aide de 2,25 milliards de dollars et a multiplié les mesures d’austérité. Mais la mesure la plus importante du pays a été de se baser à nouveau, comme avant, sur son économie réelle. Fini la pêche sur les marchés boursiers !

Publicité

Aujourd’hui l’économie du pays semble rétablie malgré le climat économique international morose, avec une croissance de 2,5% pour la première moitié de cette année 2011. C’est déjà mieux qu’en France !

Argentine, lorsque les portes des banques se sont fermées

Entre 1998 et 2002, la crise éclate en Argentine, la situation économique et sociale empire de jour en jour. L’origine de cette crise ? Une déflation sévère du peso argentin due à la déflation du real brésilien et à l’inflation du dollar US. Les exportations sont alors bloquées, le dollar ne rentre plus suffisamment dans le pays provoquant une réduction de la circulation monétaire. Les importations brésiliennes envahissent le marché. Les salaires sont réduits, le chômage augmente. L’économie argentine est paralysée.

A ce stade, la solution proposée par l’Etat argentin est d’émettre des reconnaissances de dette. Appelées LECOP, elles servent de moyen paiement et circulent au même titre que la monnaie fiduciaire. Le gouvernement décide également d’adosser le peso à un panier de monnaies, au lieu du seul Dollar US, pour stabiliser le commerce extérieur.

L’acmé de la crise argentine se situe en 2001 lorsque le gouvernement, pour endiguer la fuite des capitaux et la crise des liquidités, limite les retraits bancaires à 250 pesos par semaine et interdit tout transfert d’argent vers l’extérieur. Les Argentins trouveront même leurs banques portes closes pendant plusieurs jours, leur interdisant l’accès à leur épargne, le change de leurs pesos en dollars et le retrait de leur argent.

En 2002, l’Argentine décide alors de faire défaut sur sa dette et de dévaluer fortement sa monnaie pour retrouver une compétitivité. Aujourd’hui, la croissance est repartie, elle dépasse même les 7% par an, ce qui a valu à la présidente argentine, Cristina Kirchner, d’être réélue, le 23 octobre dernier, après un raz-de-marée électoral.

Selon un article du Monde : « La consommation est en plein essor, avec 4 % d’augmentation par an, et le taux de chômage dépasse à peine 7 %. La croissance a été de 8 % en moyenne depuis 2003, à l’exception de 2009. L’Argentine bénéficie en outre de l’envolée des prix des matières premières, notamment du soja, dont elle est le troisième exportateur mondial.

La Russie et les GKO

Depuis 1991, la Russie n’était pas au mieux de sa forme avec une balance commerciale négative et l’augmentation de ses déficits due à des recettes fiscales insuffisantes. La Russie émet alors des titres publics en roubles sur des échéances de trois mois, ce sont les GKO, abréviation de Gosudarstvennoe Kratkosrochnoe Obyazatelstvo. Le serpent se mord alors la queue : plus le déficit se creuse et plus l’Etat émet des GKO, le remboursement de ces derniers nécessitant l’émission de nouveaux GKO. La dette publique explose, l’état n’est plus solvable, et les liquidités se raréfient. On assiste alors à la dévaluation du rouble et à un défaut de la dette russe.

La solution adoptée par l’Etat : le rachat par la Banque Centrale russe de ces titres (c’est ce qu’on appelle la monétisation de la dette publique) et un plan de sauvetage du FMI d’un montant de 4,8 milliards de dollars US. Mais cela ne suffira pas, 80% des encours ne seront pas remboursés, le reste le sera avec une décote de 90%.

Pour la Russie, cette crise a été en un sens positive, puisque, avec l’aide du FMI, elle a permis au pays de redevenir compétitif et de relancer sa croissance. L’Agence russe d’information internationale RIA Novosti titrait même il y a peu La Russie peut faire face à toute crise économique.

Pourquoi la Grèce est menacée d’une faillite similaire à celles de la Russie, l’Argentine et l’Islande ?

La situation de la Grèce n’est pas très éloignée de celle de l’Argentine dans les années 90. Le pays est en déficit fiscal, connaît un déficit des balances de paiement, une récession et une dette grandissante. L’Euro ne permet pas à la Grèce d’avoir recours à la dévaluation, tout comme le dollar ne le permettait pas à l’Argentine en 2001.

Si l’on s’inspire de l’histoire économique de l’Islande, l’Argentine et la Russie, un défaut de la dette pourrait être envisagé, d’autant plus que la dette est détenue principalement par les banques et en euros et non par des investisseurs étrangers. Mais en aucun cas, de nouveaux prêts et les politiques d’austérité, politique actuellement proposée aux grecs, ne sortiront le pays de la crise. Ces politiques ne font qu’augmenter le chômage, réduire les recettes fiscales et ne permettent pas de relancer l’économie. Il faudrait un véritable plan de relance pour cela, qui comprendrait un soutien de l’emploi, au pouvoir d’achat et aux investissements.

L’autre solution serait une sortie de l’euro, de la même façon que l’Argentine a stoppé la convertibilité peso-dollar. Une solution qui serait dommageable pour la Grèce, et surtout pour les autres pays européens. Une sortie de la Grèce de la zone euro serait lourde de conséquence pour la l’Italie et la France, déjà très mal en point. C’est le scénario du château de carte. Si des mesures radicales ne sont pas prises pour la Grèce, l’Euro pourrait bien ne plus valoir un rouble et la crise systémique qui se profile en Europe deviendrait difficilement évitable.

Quand la monnaie papier ne vaut plus rien

Ce que l’on retient de la faillite de ces trois états, c’est aussi la fragilité des monnaies papiers qui ne reposent sur rien, si ce n’est la confiance que lui accordent les États. En cas de crise, ces monnaies, et l’épargne des citoyens par la même occasion, perdent totalement leurs valeurs. Cette fragilité est inhérente aux monnaies depuis qu’elles ne reposent plus sur l’or. De même que les Etats n’ont pas suffisamment de réserves d’or pour maintenir l’économie des pays sur la voie de la stabilité en cas de faillite.

Ce qu’il faudrait pour éviter le pire, c’est une nouvelle devise de réserve mondiale. C’est ce qu’explique le LEAP dans le numéro de 4 de son Magazine d’Anticipation Politique, daté de novembre 2011. Cette devise de réserve mondiale s’adosserait notamment à l’or, et plus uniquement au dollar comme c’est aujourd’hui le cas. Autres priorités mises en avant le Magazine : la mise sous tutelle publique partielle ou totale des banques et la mise en place d’infrastructures publiques, à l’échelle mondiale. Des décisions globales et mondiales pour garantir aux États une relative sécurité économique.

Article précédentA la moindre baisse, on condamne l’or
Article suivantL’Or Ecologique – Le Pérou se met à l’extraction propre de l’or
Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

1 COMMENTAIRE

  1. Voici un très bon commentaire laissé sans réponse sur un blog concurrent :
    Pouvez-vous y répondre ??

    Le problème dans cette histoire,c’est que personnellement (moi je) préviens un maximum de monde sur le crash du système depuis 2007, et fin 2011 il est toujours debout,du moins artificiellement.

    Donc,mon entourage n’entend pas la finalité et persiste a laisser l’argent dormir chez la mafia du coffre fort.

    De plus avec toutes les mesures des banques pour empêcher l’argent d’être sortie, ainsi que le prix de l’or qui ne semble plus monter(il plafonne,voir recule jusqu’a 1600$ l’once),et les mesures pour en empêcher l’acquièrement,il deviens très difficile de se prémunir de ce crash.

    Qui plus est,ce dernier se faisant attendre,comment être certain que 2012,ne soit pas une année comme les autres,avec leur bidouilles des chiffres ?

    De plus, doit on s’attendre en 1er a un crash des banques ?(donc sortir le liquide)

    Ou en 1er le crash de l’euro ?(donc ne pas sortir de liquide pour le mettre dans les métaux et l’alimentaire)

    Ou doit on s’attendre a une grosse banane sur l’or quand suffisamment de monde aura investi dedans ?(une bulle donc)

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici