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Avec des quantités produites qui s’effondrent et des perspectives d’avenir plus que sombres en raison notamment du réchauffement climatique, certains experts prédisent une raréfaction prochaine du café et une explosion des cours à moyen terme.

Dans quelques années, peut-être que le simple fait de boire une tasse de café sera considéré comme un luxe. En effet, des scientifiques viennent d’annoncer que la moitié des réserves de café pourraient avoir disparu d’ici 2050, tandis que les zones de production ne représenteront plus que 30% de ce qu’elles sont aujourd’hui.

Une crise environnementale sans précédent

Deux responsables à ce que certains voient déjà comme une catastrophe frappant directement des milliards de gens dans leur vie quotidienne : le réchauffement climatique et la rouille du caféier, un champignon qui a d’ores et déjà détruit les trois quarts des plantations dans certaines régions du monde. D’ailleurs, la progression de cette épidémie de rouille est elle-même directement liée au climat puisque ce champignon se propage à grande vitesse depuis 2012 au gré des périodes de chaleur et de sécheresse de plus en plus fréquentes.

Car si le développement des plants de caféier nécessite des températures comprises entre 18 et 21 °C, les records de chaleur battus presque chaque année depuis 2010 un peu partout dans le monde ont mis à mal cette culture qui reste fragile (une étude du Climate Institute publiée en septembre dernier montre que, lorsque la température minimale augmente de 1 °C, ce sont près de 140 kg de café qui disparaissent par hectare).

Un problème également économique et humain

Économiquement, le coup est déjà rude pour de nombreux pays comme le Honduras, le Guatemala (qui a perdu 85% de ses cultures !), le Nicaragua, le Salvador, le Costa Rica ou encore le Panama (dont les habitants ne voient pas la couleur des milliards de dollars planqués dans leurs banques, comme on pourrait le supposer).

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Socialement, ce sont près de deux millions de personnes travaillant directement ou indirectement dans l’industrie du café qui sont dès aujourd’hui directement impactées. Mais beaucoup de spécialistes affirment que ce n’est qu’un début et que bientôt, la totalité des 120 millions de personnes vivant exclusivement de la culture du café dans le monde risquent tout simplement de perdre leurs moyens de subsistance.

Un scénario déjà prévisible

Déjà, en 2010-2011, des pluies diluviennes avaient ravagé les récoltes dans de nombreux pays d’Amérique centrale, faisant baisser la production mondiale de 12 à 13%. À cette époque, le prix de la livre d’Arabica était brusquement passé de 1,50 à plus de 3 dollars. Peu à peu, grâce à l’amélioration des conditions d’exploitation notamment, la production a pu retrouver un niveau correct par rapport à la demande, mais pour les scientifiques, rien n’est résolu : le réchauffement climatique continue à faire disparaître des millions d’hectares de terres cultivables chaque année et la rouille du caféier détruit sur pied l’essentiel des arbres qui subsistent. Au final, ils estiment que la production de café devrait diminuer de moitié d’ici les 25 prochaines années, avant de totalement disparaître à l’horizon 2080.

Conséquence directe, les prix du café pourraient bien rapidement repartir à la hausse. Et s’ils sont aujourd’hui revenus aux niveaux d’avant 2011, soit 1,50 dollar la livre en moyenne (bien plus cher que le pétrole tout en faisant carburer au moins autant d’hommes d’affaires à travers le monde), c’est surtout parce qu’ils ont été tirés vers le bas par le Robusta, version moins goûteuse mais plus résistante que l’Arabica, utilisé principalement pour la préparation du café d’entrée de gamme et de café instantané dont les dosettes envahissent le marché à grands coups de publicité mettant en scène Georges Clooney. Mais cette fausse embellie ne durera qu’un temps et les plants de Robusta commencent eux-aussi à disparaître massivement.

Dans cette hypothèse, les cours du café pourraient bien repartir en flèche et ne pas se contenter de doubler comme ils le firent il y a 5 ou 6 ans, car la baisse de production risque d’être d’une tout autre ampleur avec des perspectives encore plus pessimistes à plus long terme. Des son côté, la consommation de café dans le monde ne cesse de progresser, elle a même doublé en 20 ans et croît de 2,5% chaque année. Toutes les conditions sont donc réunies pour une explosion des cours à moyen terme et peut-être alors serait-il pertinent de commencer à stocker quelques sacs de café en grains. Au pire, avec un bon moulin à café, nous aurons de quoi nous préparer quelques bons expressos à moindre coût pour de nombreuses années ; au mieux nous pourrions bien avoir anticipé un réel mouvement de fond concernant un futur investissement alternatif très rentable.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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