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Taux nuls, crédit quasiment gratuits et alternatives financières aux performances délirantes forment désormais un coktail détonnant dont l’explosion pourrait bien être programmée pour l’an prochain.

Alors que les taux d’intérêt nuls, voire négatifs, sont un monstre économique qui ne devrait même pas exister, tandis que le robinet à crédits semble de nouveaux être ouvert au maximum en dépit de l’expérience malheureuse des subprimes dont certains paient encore le prix, et à l’heure où certains actifs sans réel sous-jacent et totalement dématérialisés connaissent des progressions de 50% par semaine sans éveiller le moindre soupçon de mirage, on s’interroge sur le moment où cette folie ambiante prendra fin. Et surtout dans quelles conditions cela surviendra.

L’argent gratuit a subitement un prix quand il s’agit de le rembourser

Certains acteurs majeurs de l’économie ont bien compris les risques depuis un moment déjà. Quand l’argent ne vaut plus rien, il ne faut pas attendre bien longtemps pour voir les gens (mais aussi les États) commencer à en faire un peu n’importe quoi, à commencer par s’endetter pour rembourser d’autres dettes. L’ennui viendra plus tard, lorsqu’il faudra rembourser, et on a beau se convaincre que la situation restera telle qu’elle est à tout jamais, la réalité est très différente, et tout porte à croire justement que la tendance devrait commencer à s’inverser dans pas longtemps.

Ainsi, après des années fastes de Quantitative easing débridé, les banques centrales ont finalement compris que la masse de liquidités en circulation excédait largement les besoins normaux d’une économie équilibrée. Elles tentent alors aujourd’hui de réduire progressivement la voilure dans l’espoir de ne pas trop donner de prise au vent lorsque viendra le temps de ramener la situation à la normale. Mais c’est déjà trop tard, car les taux d’intérêt sont restés trop bas trop longtemps et leur remontée va faire souffler un vent de panique (plus ou moins progressif suivant le rythme de remontée des taux) qui va mécaniquement tuer la rentabilité des actifs acquis avec cet argent pas cher.

Et quand la rentabilité baisse, on est tenté de revendre pour récupérer sa mise, ce qui fait alors plonger les cours, car personne ne veut acheter au prix fort des valeurs qui rapportent de moins en moins.

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Certains acteurs ont déjà établi un scénario probable

Certains fonds d’investissement, certaines banques, et même la plupart des banques centrales ont déjà anticipé ce mouvement et n’ont pas attendu la situation actuelle pour se protéger d’une éventuelle fonte brutale de leurs avoirs en stockant de considérables quantités d’or massif. Plusieurs milliers de tonnes dans chacune des principales banques centrales du monde, histoire de se ménager à la fois une réserve de valeur impérissable et une monnaie d’échange susceptible de leur assurer une certaines continuité de leurs relations.

Mais tous ces grands acteurs ont d’ores et déjà prévu tout une série de scénarios catastrophe dont la plupart pourraient bien s’amorcer dès l’an prochain. Alors faisons un peu de prospective sur la base de leurs études.

Ainsi, selon certains experts américains comme Goldman Sachs mais aussi quelques hedge funds qui ne souhaitent pas pour autant susciter de mouvement de panique chez leurs investisseurs, on devrait assister dès le courant de l’année 2018 à une remontée progressive des taux d’intérêt, notamment sous l’impulsion de la FED (on parle de 3 ou 4 hausses de taux prévues) dans l’espoir d’empêcher, ou en tout cas de retarder, une prise de profits massive sur les marchés.

En effet, face aux rendements quasi nuls des placements actuels, nombre d’investisseurs sont lassés d’attendre un retour sur investissement qui risque fort de ne jamais arriver. Et comme les indices boursiers sont actuellement aux taquets,  certains ont d’ores et déjà prévu de revendre une partie plus ou moins importante de leurs portefeuilles pour rentrer dans leurs fonds.

Remonter les taux pourrait donc enrayer provisoirement cette tendance, mais en réalité cela risque d’être insuffisant car les hausses resteront très probablement insuffisantes pour être dissuasives. Et elles surviendront surtout trop tard pour ceux qui auront besoin de rembourser de l’argent redevenu plus cher que ce qu’il leur avait coûté.

Le cas particulier du bitcoin : trop cher il deviendra invendable

Toujours en 2018, mais plutôt entre le deuxième et le troisième trimestre, ceux qui avaient cru que les placements alternatifs comme les crypto-devises aux rendements exponentiels (oui, oui, on parle bien du bitcoin qui vient de passer en 24h de 12000 à 15000 dollars) allaient pouvoir compenser la morosité des marchés, vont, eux aussi, commencer à vouloir concrétiser leur fortune toute neuve. Surtout si les cours du bitcoin et des ses petits frères continuent d’augmenter au même rythme que jusqu’à maintenant. Des milliers de petits épargnants geeks devenus brusquement millionnaires virtuels vont peu à peu se dire qu’il est temps pour eux de profiter des fruits de leur patience. Surtout qu’au rythme où vont les choses, la valorisation théorique des crypto-devises aura atteint un tel niveau qu’il leur deviendra évident de convertir leurs octets amoureusement stockés en véritable actifs reconnus et compensables dans l’économie réelle.

À ce moment-là, peut-être se trouvera-t-il alors encore quelques retardataires pour croire que le bitcoin sera toujours une bonne affaire à 50 ou 100 000 dollars l’unité, mais ils risquent fort de ne pas être très nombreux. Et une fois servis ces quelques curieux optimistes, les acheteurs vont en réalité devenir rarissimes. Tout le monde ne pourra plus acheter des bitcoins, et ceux qui en auraient eu les moyens en posséderont sans doute déjà, acquis à une époque où l’opération était encore rentable.

Le début de la fin

Moins de demande impliquera nécessairement une baisse des prix (ce qui pénalisera d’emblée les derniers acheteurs qui auront payé le prix fort). Et forcément, les plus frileux des possesseurs de bitcoins vont commencer à s’interroger face à cette baisse des cours et se dire que, peut-être, la bulle est en train de se dégonfler, indiquant qu’il est désormais temps de vendre pour récupérer une plus-value.

Et la machine déflationniste sera amorcée, précipitant les cours de plus en plus bas, de plus en plus vite. Car, inutile de préciser que la vitesse d’effondrement n’aura rien de commun avec les marchés traditionnels et sera au contraire à l’image du rythme de progression connu par les crypto-devises. Au final, à part les quelques individus les plus réactifs qui auront su revendre à temps (flouant au passage leurs propres acheteurs) le bitcoin aura surtout ruiné l’écrasante majorité des millions de personnes qui auront cru à l’argent facile. Comme toujours.

Retour à la brutale réalité

2019, la gueule de bois sera sévère.

  • des millions de petits investisseurs qui auront cru au miracle de la cyber monnaie dérégulée  se retrouveront sans doute plus pauvres qu’avant ;
  • les devises seront alors en de telles quantités qu’elles ne vaudront peut-être même plus le prix du papier (ou plus exactement le prix de stockage des ordinateurs sur lesquelles ont les aura empilées dans l’espoir que le volume compensera la perte de valeur) ;
  • les actions seront sans doute plus proches de la valorisation réelle des entreprises qu’elles représentent, mais la disparition d’effet de levier aura plongé les marchés dans un marasme sans précédent (mieux vaudra alors avoir investi en direct dans les entreprises proprement dites plutôt qu’en passant par l’intermédiaire de courtiers) ;
  • les biens acquis du temps de l’argent facile seront devenus invendables à cause de la remontée des taux d’intérêt et de l’impossibilité d’aligner les prix de vente avec les montants déboursés quelques années plus tôt.

Sans oublier que, même ceux qui choisiront de conserver leurs biens auront du mal à l’entretenir et même à en tirer un revenu régulier (on pense aux loyers dans l’immobilier). Car, oui, on ne vous a pas dit le meilleur. Il semblerait que d’ici la prochaine décennie, l’automatisation (qui a fait des bonds fantastiques grâce à l’argent gratuit qui a pu financer les recherches et développements ces dernières années) pourrait bien supprimer environ un quart des emplois du monde. Plusieurs centaines de millions de chômeurs supplémentaires (ou en voie de reconversion) qui n’auront peut-être plus les moyens d’assurer un train de vie qu’ils pouvaient jusqu’ici mener à crédit.

Quel avenir pour la prochaine génération ?

Projetons-nous alors dans 20, 30 ou même 50 ans, dans des sociétés devenues égalitaires, mais dans le mauvais sens du terme, par la force des choses, poussées par l’effondrement des économies basées sur le mensonge et l’illusion, où l’automatisation généralisée aura libéré les hommes de leur travail… mais aussi de leur salaire. Des sociétés qui auront certainement dû remplacer la solidarité par la surveillance et la répression, afin de permettre à chacun d’optimiser le peu de ce qui lui sera octroyé chaque jour sur la maigre richesse commune. Une Grande Dépression 2.0 à l’échelle du monde, où le revenu universel ne sera plus une solution d’économie du temps libre, mais plutôt une forme d’allocation destinée à acheter la paix sociale, d’assistance minimale faite sans doute de codes d’approvisionnement ou encore de « tokens » indispensables pour survivre et faire face aux nécessités du quotidien

Resteront alors peut-être les irréductibles « barbares« , ceux qui auront su résister aux sirènes des fausses monnaies et qui n’auront pas fait cas des manœuvres indélicates visant à dénigrer les vraies richesses tangibles dans le but de drainer leur patrimoine vers de la dette ou du vent. Et ces quelques conservateurs dont on se moque aujourd’hui se seront sans doute éloignés de ces sociétés délétères devenues incapables de se gérer elles-mêmes. Ils posséderont probablement des terres cultivables, des forêts, qu’ils devront peut-être défendre jalousement, en raison d’une déliquescence de l’autorité publique qui aura perdu la confiance des citoyens. Et ils auront aussi certainement de l’or ou de l’argent, seules vraies réserves de valeur depuis les origines de l’homme ou presque, et aussi seules monnaies véritables reconnues et respectées par tous.

Alors peut-être qu’ils prendront conscience d’être les seuls encore capables de porter l’économie vers un renouveau plus raisonnable, plus respectueux de l’individu, plus responsable à l’égard des ressources. Peut-être accepteront-ils ce rôle. Ou peut-être pas.

Mais bien sûr, tout ceci n’est que de la pure prospective, de la science-fiction, du roman d’anticipation. Il suffit de lire le Monde, le Figaro ou Libération, de regarder TF1, LCI ou BFM pour s’assurer que tout continuera à aller pour le mieux dans meilleur des mondes. Et que les scénarios, c’est juste bon pour écrire des histoires qui font peur, tandis que la réalité, elle, est tellement rassurante.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

2 Commentaires

  1. Il est normal de se demander chaque fin d’année si la suivante sera l’année catastrophe.
    ET Chaque fin d’année,on recommence en posant la même question quand bien même des catastrophes humaines ,écologiques se déroulent régulièrement sous nos yeux tout au long de l’année.
    Oui,mais l’année catastrophe Monétaire,Financière,c’est pour quand ?
    ET bien pour 2018,sauf si en fin 2018,on l’annonce pour 2019,comme en fin 2016,on la prévoyait pour 2017….
    Bref,une catastrophe géo-politique pourrait effectivement arriver chaque année,donc à mon sens on pourrait l’annoncer chaque fin d’année.
    Et non,on nous annonce plutôt une catastrophe monétaire,qui d’ailleurs se déclenchera peut-être suite à un conflit majeur dans les zones à risques……

  2. Tout d’abord merci à Monsieur Anthony Alberti qui sait rédiger de formidables articles aux bases solides.

    Ensuite, oui ! 2018 ne sera pas l’année de tous les risques mais l’année de l’effondrement.
    En effet, 30 ans auparavant The Economist a prédit pour 2018 la monnaie mondiale (USA, Europe, Afrique du Sud, Japon, pour les principaux).
    Or ce journal nous savons à qui il appartient et donc la véracité des messages qu’il diffuse…
    (Bien plus récemment, son édition exceptionnelle annuelle elle aussi a bien prédit l’attentat de Nice où la date de celui-ci est clairement marquée sur la couverture…)
    Pour que les Nations soient obligées d’en venir à une monnaie dite mondiale il faudra, telle ce que fait la mafia, un événement réellement catastrophique.
    S’ils n’y parviennent pas en 2018 pile alors disons que 2018 dans leur agenda est le « à partir de », le « à partir de 2018 dès que les conditions seront favorables ».

    Par ailleurs, un autre contrôle, celui-ci : 2018 = 2+0+1+8 = 11 ! Or ils ont choisi le nombre onze ainsi que ses multiples (mais également le 13 et le 6 aussi par ailleurs) pour marquer de leur emprunte (mais bien plus en vérité) leurs actes, ainsi vous avez à l’instant le clef ultra simple vous permettant de voir très rapidement qui sont les vrais commanditaires derrières les diverses catastrophes annoncées par les médiats.

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