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Face aux nouvelles tentatives de l’État visant à dissuader les Français d’épargner, mais aussi pour compenser les piètres performances des produits traditionnels dans un contexte de retour de la croissance, l’immobilier mais aussi l’or et l’argent constituent des alternatives qui allient actuellement sécurité et rentabilité.

On le sait, l’épargne est mal perçue par les autorités. En effet, chaque euro épargné est considéré comme perdu pour l’investissement ou la consommation. Et, dans une période où la plupart des projections économiques reposent sur des hypothèses de croissance qui ne fonctionnent que s’il y a investissement et consommation, justement, les politiques en arrivent à considérer les épargnants prudents (et aussi un peu refroidis par les crises) comme de mauvais citoyens qui ne jouent pas le jeu de « l’enrichissement collectif ».

C’est pourquoi, depuis quelques années, on voit régulièrement apparaître des mesures visant tantôt à dissuader l’épargne (par la taxation de plus-values jusqu’ici exonérées), tantôt à inciter l’utilisation de nos économies avec un petit « e » vers tel ou tel secteur de l’Économie avec un grand « E ». En réalité, il s’agit surtout de tentatives visant à déposséder les Français de leur bas de laine, véritable manne financière dont le montant dépasse le PIB du pays et sur laquelle nos politiques aimeraient bien faire main basse.

Flécher l’épargne des Français vers le financement des PME

Dernière trouvaille en date, le fléchage de l’épargne privée vers le financement des entreprises, alors même que le contexte ne s’y prête pas forcément et, surtout, que les quelques outils à la disposition des particuliers pour investir dans les PME ont prouvé leur inefficacité. Plus concrètement, à la fin du mois de janvier dernier, faisant écho à la volonté du Premier ministre comme à celle du président Macron de tenir certaines promesses de campagne à l’égard d’une partie de leur électorat, certains députés de la majorité parlementaire (à commencer par Amélie de Montchalin, membre de la commission des Finances à l’Assemblée nationale) ont évoqué plusieurs mesures destinées à favoriser le transfert de l’épargne des Français vers le financement des PME.

Et ils comptent bien sur les banques pour les aider dans ce processus, rappelant au passage que la France est l’un des pays qui épargne le plus au monde (15% des revenus), au détriment de la consommation, certes, mais aussi et surtout de l’investissement.

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L’ennui, c’est que les banques se font un peu tirer l’oreille pour inciter les particuliers à se débarrasser de leurs livrets, parce que 400 milliards d’euros, c’est quand même une belle somme avec laquelle on peut jouer sur les marchés. Comment ça, c’est l’argent des épargnants (même si une partie est censée financer les logements sociaux). Mais ça, c’était avant, voyons ! Aujourd’hui, l’argent en banque appartient virtuellement à la banque, et depuis 2016 elle peut même s’en servir pour couvrir ses pertes si besoin. Il a donc été nécessaire de forcer un peu la main de nos amis banquiers pour leur montrer à quel point leur concours est déterminant.

Des outils inefficaces et aux performances négatives

Reste à trouver les outils qui pourront séduire les futurs investisseurs, car pour l’instant, les seuls produits d’épargne dédiés à l’investissement dans le capital des PME et accessibles aux particuliers (les FCPI et autres FIP) génèrent un rendement… négatif ! Même la Cour des comptes vient encore de le rappeler, en expliquant que rien ne vaut l’immobilier pour espérer gagner un peu d’argent et dépasser l’inflation (laquelle tend par ailleurs à remonter).

À cet égard, il est important de noter que l’or et l’argent sont également de bons « placements » actuellement (même si les métaux précieux ne sont pas des actifs spéculatifs) car ils performent à environ +10% par an.

C’est d’ailleurs ce taux que nos députés espèrent voir servi par les banques à ceux qui voudront bien investir leurs économies dans le financement des PME. Autant dire que les banquiers n’ont aucune idée de la manière dont ils pourraient s’y prendre et on hésite entre la naïveté, le manque de réalisme ou l’incompétence pour qualifier les desiderata de Madame de Montchalin et ses amis.

Les entreprises ont plus besoin de marge que de trésorerie

Alors, certes, nos entreprises ont besoin d’argent pour se développer, devenir compétitives, investir à leur tour et créer de l’emploi. Mais ce n’est pas en accroissant artificiellement leur trésorerie nette (et encore moins leur endettement !) qu’on y arrivera à long terme.

Elles doivent surtout et avant tout avoir les moyens de dégager de la marge, ce qui leur est actuellement très difficile avec un taux d’impôt sur les sociétés à 34%, là où la moyenne des pays de l’OCDE tourne autour de 20%. En ramenant l’IS à 25%, comme il semble que ce soit prévu, ce sont déjà plusieurs milliards d’euros qui seront libérés chaque année. Ces fameux milliards dont les PME ont justement besoin pour investir, embaucher, se développer…

Des épargnants prudents face à la pression fiscale

Quant aux épargnants, on leur reproche de ne pas vouloir se départir de leur capital : près de 2400 milliards d’euros qui « dorment » sur des assurances-vie ou des comptes bancaires non alloués, c’est autant d’argent « qui ne finance pas l’économie nationale« , selon Edouard Philippe.

Mais à qui la faute ? Dans un pays qui cultive le luxe d’être le plus prolixe du monde en termes de taxes tout en étant probablement celui qui gère le moins bien ses dépenses publiques, il ne faut guère s’étonner que les citoyens se montrent méfiants et choisissent (lorsqu’ils le peuvent encore !) de se ménager une sécurité financière pour les mauvais jours. Ou juste de penser à leur retraite.

C’est donc assez vain de leur demander de risquer leur épargne dans le financement de PME qui restent particulièrement fragilisées par une politique soucieuse de les ponctionner au maximum et par tous les moyens possibles.

Réfléchir à des placements plus rentables

Néanmoins, là où nos élus ont raison, c’est qu’il devient ridicule de s’accrocher à une assurance-vie qui rapporte bon an mal an 1,5%, ou pire à un Livret A qui plafonne à 0,75% quand la croissance atteint désormais près de 2%.

Il est évidemment judicieux de se positionner sur de nouveaux supports, à commencer par l’immobilier, c’est vrai, qui rapporte en moyenne 4 à 8% par an. Mais avec le retournement récent des marchés qui sont en train de marquer la fin d’un cycle haussier uniquement soutenu jusqu’ici par une perfusion de liquidités de la part des banques centrales, il y a fort à parier que les valeurs refuges traditionnelles comme l’or et l’argent vont de nouveau avoir le vent en poupe. Même si, on ne le rappellera jamais assez, les métaux précieux sont davantage une assurance qu’un placement.

On parle déjà de 1400 dollars pour l’once d’or pour 2018 (on n’en est pas si loin, après tout) et, si la tendance des précédentes années devait se confirmer (entre 9 et 10% de progression annuelle) on pourrait même tabler sur 1500 dollars d’ici le mois de décembre.

Valeurs refuges et investissements en direct

Conclusion, un peu d’immobilier (que ce soit en investissement direct ou par le biais de SCPI qui ont réalisé +5% en moyenne l’an dernier), un peu d’or, un peu d’actions et pourquoi pas un livret rémunéré, voilà une bonne ventilation des actifs pour 2018.

Il est également possible d’investir dans les PME, avec de bonnes perspectives selon les marchés, mais à condition d’intervenir en direct, en achetant des parts de sociétés bien réelles et devenir acteur de leur réussite. D’autant que, pour l’instant du moins, ça reste encore une opération fiscalement intéressante.

Enfin, jusqu’à ce que nos élus actuels décident de supprimer les incitations qui existent encore, comme leurs prédécesseurs l’ont déjà fait avant eux pour beaucoup d’autres dispositifs, histoire de réduire le choix aux seuls produits « d’épargne » qu’ils auront choisi de pousser en avant.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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