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Contrairement aux idées reçues, les femmes ne sont pas moins concernées que les hommes par l’investissement. Des études prouvent même qu’elles seraient plus performantes. 

Jusqu’en 1965, les femmes mariées n’avaient pas le droit d’ouvrir de compte bancaire en France sans l’autorisation de leur mari (les célibataires avaient droit à un petit peu plus d’autonomie, mais à peine). Elles ne pouvaient d’ailleurs pas davantage exercer d’activité professionnelle sans ce même consentement du chef de famille, et lorsqu’on le leur permettait, elles ne pouvaient de toute façon pas bénéficier de leur salaire à leur guise avant les années 70. Car, c’était bien connu, l’argent n’était absolument pas une histoire de femmes, elles n’y comprenaient rien et ne savaient au mieux que le dépenser en futilités. En fait, la notion même d’indépendance financière des femmes n’avait tout simplement aucun sens.

Des stéréotypes sans fondement qui ont la vie dure

Fort heureusement, nous sommes désormais au XXIe siècle et, 50 ans plus tard, les choses ont beaucoup changé.

Si, si…

Enfin, peut-être pas énormément non plus.

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Bon,pour être tout à fait exact, que ce soit à la maison, dans les entreprises ou même aux plus hauts niveaux de l’État, le fait de disposer de ses organes reproducteurs à l’extérieur de son abdomen semble encore aujourd’hui un prérequis indispensable pour décider des questions d’argent.

La croyance selon laquelle les femmes ne seraient pas douées pour la chose financière est encore très fortement ancrée dans les mœurs. Et pas seulement dans certains pays où on estime que l’étendue de leurs droits est directement proportionnelle à la surface de peau qu’on les autorise à montrer en public.

Une réalité du quotidien qui contredit pourtant ces idées de manière évidente

Il y a pourtant un paradoxe évident quand on étudie le rapport véritable qu’entretiennent les femmes avec l’argent, et les ressources du foyer en général, depuis la nuit des temps. Ce sont elles qui ont toujours été chargées de les optimiser au mieux pour permettre à la famille de vivre au quotidien jusqu’à la prochaine paie (ou la prochaine récolte, la prochaine chasse). Indépendamment des « grosses dépenses » décidées par l’homme (maison, voiture, et), c’est la femme qui a toujours géré les dépenses de la vie courante, devant parfois déployer des trésors d’ingéniosité pour parvenir à joindre les deux bouts.

En fait, comme le disait un article du Figaro d’il y a un an ou deux, il en va de l’argent comme des enfants dans un couple : à la femme de s’occuper des aléas de la vie de tous les jours, des tracas et des millions de problèmes à résoudre en permanence pour que tout fonctionne parfaitement à la maison, et à l’homme de gérer quant à lui les loisirs, les vacances… et les placements.

Or, on sait aujourd’hui, que même sur ce point, il est loin d’être le meilleur.

Des différences de philosophie par rapport aux ressources

Tout d’abord, l’homme et la femme ont chacun une conception de la vie assez différente qui tient principalement à leur éducation et qui rejaillit tout naturellement sur leur manière de gérer les ressources financières. L’homme apprécie la performance, le défi, voire le plaisir que lui apportent les sensations fortes d’un placement à risque dont il pense pouvoir maîtriser le danger.

La femme quant à elle a une vision plus rationnelle, elle peut également viser la performance mais plutôt sur le long terme, dans une optique alliant protection et développement équilibré. Elle est également bien plus sensible à la notion de diversification et elle enrichit son patrimoine d’une dose d’affect plus modeste.

Pour un homme, la réussite se mesure souvent à ce qu’il est capable de dépenser. Pour une femme, cela correspond plutôt à ce qu’elle est en mesure d’économiser, voire d’épargner (et donc d’investir) tout en conservant un style de vie confortable.

Des études qui prouvent que les femmes sont meilleures gestionnaires

En 2017, 3 études de grande envergure sont venues confirmer cette réalité qui veut que, contrairement aux idées reçues, les femmes sont donc de meilleures gestionnaires que les hommes, et des investisseurs plus avisés car moins impulsifs.

Prenons par exemple l’enquête Wisdom of Experience menée en octobre dernier par Capital Group à Los Angeles, qui vient tout simplement réduire à néant toutes les idées reçues sur le prétendue incompétences de femmes en matière d’investissement. L’un des stéréotype les plus courants veut ainsi que les femmes soient réticentes au risque. Or, leurs préférences d’investissements semble au contraire bien plus marquées par le risque que chez les hommes, en particulier en matière d’épargne retraite : elles sont en effet seulement 11% à opter pour des solutions ultra-sécurisées à faible rendement et capital garanti contre 24% des hommes.

En revanche, elles sont parfaitement conscientes du risque puisqu’elles sont 24% à privilégier une diversification vers, par exemple des fonds communs de placements dont les performances historiques sont globalement meilleures que celles du marché boursier, contre 19% des hommes seulement.

Les femmes sont moins impulsives et pensent en priorité à protéger leur patrimoine

Deux autres études dans le même genre, menées plus tôt dans l’année, l’une par Fidelity Investments et l’autre par Wells Fargo, viennent elles aussi confirmer l’idée selon laquelle les femmes sont plus dynamiques que les hommes en matière d’investissement, mais avec une vision différente, plus à long terme, moins impulsive et surtout moins tributaire de l’émotivité suscitée par les fluctuations épisodiques des marchés.

Par exemple, là où un homme va chercher sans cesse à maximiser ses profits, une femme va au contraire développer une stratégie visant à protéger au maximum son portefeuille contre les pertes. Là encore, priorité à la mixité des placements et à la diversification (mélange équilibré d’actions, d’obligations, de placements en valeurs refuges et autres investissements directs). À ce titre, elles sont de plus en plus nombreuses à ne plus considérer les bijoux seulement comme des ornements mais comme de véritables réserves de valeur

Enfin, les investisseurs masculins ont davantage tendance à multiplier les transactions au moindre frémissement des cours. Il sont ainsi six fois plus susceptibles que les femmes d’effectuer des changements massifs de stratégie en fonction de simples tendances plus ou moins inquiétantes ou à l’inverse prometteuses. Les femmes sont beaucoup plus patientes, et selon les experts ayant réalisé ces études, les hommes « ont au contraire tendance à être trop confiants quant à leurs capacités d’investissement, et se pensent généralement beaucoup mieux informés et aguerris qu’ils ne le sont en réalité. »

C’est d’ailleurs cet excès de confiance qui conduit généralement à des échanges plus fréquents, réduisant mécaniquement les rendements, car il est presque impossible d’intervenir systématiquement sur les marchés au bon moment (sans compter que toutes ces transactions induisent des frais importants et des taxes qui érodent les gains).

L’équipe gagnante réunirait l’audace masculine et la sagesse féminine

Rien que sur ce point là, les femmes ont donc tendance à surperformer par rapport aux hommes en tant qu’investisseurs. En pourcentage, la différence peut sembler minime (+0.4%) mais en valeur absolue, on atteint souvent une moyenne de plusieurs milliers de dollars par an.

Reste ce plafond de verre de leur éducation qui les empêche encore de croire qu’elles sont capables d’investir au moins aussi bien que les hommes, et si elles sont encore très nombreuses à ne pas oser franchir le pas, c’est davantage par inexpérience que par incapacité.

Un dernier point pourrait finir de convaincre certains hommes de l’intérêt de suivre l’exemple des femmes en matière d’investissement : Wells Fargo a relevé que le nombre de transactions des investisseurs masculins célibataires étaient bien plus élevés (et donc leur rendement bien plus modeste) que le nombre de transactions effectuées par des hommes qui partageaient un compte de placement avec une femme, que ces transactions étaient en outre généralement plus pertinentes et en phase avec les mouvements majeurs des marchés, et enfin que leur solde financier était beaucoup élevé à montant investi égal.

Alors, définitivement, en termes d’investissements comme en bien d’autres domaine, l’idéal est sans doute de privilégier une coopération efficace entre les hommes et les femmes, afin de tirer de tirer parti de l’audace des uns et de la sagesse des autres.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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