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10000 dollars ! Voilà, la barre mythique est franchie. Et tous les crypto-investisseurs de se taper dans le dos en n’hésitant plus désormais à parler ouvertement des 100 000 dollars à l’horizon 2018. Mais envisagent-ils seulement que le mécanisme peut tout aussi facilement s’inverser ?

Bien évidemment, compte tenu de l’ampleur prise désormais par ce phénomène planétaire, les médias même les plus mainstream ne pouvaient y rester insensibles, même si la très grande majorité d’entre n’avaient aucune idée de l’existence du machin il y a seulement quelques mois (et beaucoup ne savent visiblement toujours pas vraiment de qui ils parlent). Mais ça fait le buzz, ça fait vendre et ça excite le lecteur, tous ces gros chiffres qui montent à l’assaut des sommets inaccessibles. Un peu comme une super-cagnotte du loto qui ne cesserait de grimper en ne faisant que des gagnants jour après jour. Un véritable phénomène de société, qu’on vous dit.

Le bitcoin peut s’effondrer aussi brutalement qu’il est monté

Sauf qu’il n’y aura peut-être pas que des gagnants. Et surtout que beaucoup de ceux qui se sentent chanceux aujourd’hui risquent fort de se retrouver dans le caniveau dans pas très longtemps. Le pire c’est que ce seront là encore sans doute les médias qui auront précipité le mouvement.

En effet, de nombreuses études montrent un lien très étroit entre l’intérêt du public pour un actif et le prix de ce dernier. Plus les gens s’intéressent à un produit et plus son prix à tendance à s’élever… au point parfois de grimper de manière totalement incontrôlable si on exagère un tant soit peu les raisons de s’y intéresser.

Or c’est exactement ce qui est en train de se passer actuellement avec le bitcoin, avec la complicité volontaire ou non des médias. Et d’ailleurs, la valeur du bitcoin n’a jamais augmenté aussi rapidement que depuis que les médias s’y intéressent.

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Un cercle vicieux autour du bitcoin comme sujet médiatique

En fait, le phénomène bitcoin répond à un mécanisme parfaitement connu, pour ne pas dire d’une banalité affligeante car comme dit l’adage : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. 

Jusqu’ici, les médias aiment le bitcoin parce qu’ils trouvant là sans doute matière à traiter de la folie de la finance moderne, et chacun y va suivant sa sensibilité politique. En revanche, ce qu’ils font tous en titrant chaque jour sur le nouveau record quotidien du bitcoin, c’est qu’ils attirent de plus en plus de spéculateurs plus avides que réfléchis, mais aussi surtout un nombre croissant d’investisseurs amateurs peu aguerris (certains auraient vendu tous leurs biens pour les convertir en bitcoin afin de faire « la culbute » d’ici quelque temps). Tous ces gens sont en effet alléchés par des perspectives incroyables dont on les convainc qu’elles n’auront pas plus de limites à l’avenir qu’elles n’en ont eues jusqu’alors. « Pensez donc, mon bon monsieur ! Une valeur multipliée par 10 depuis le début de l’année ! Imaginez seulement ce que vaudront vos 10 000 euros dans un an. 100 000 euros ? Peut-être plus si le rythme continue à accélérer ! »

Un mécanisme bien connu

L’ennui, et ce que le gens ne perçoivent pas, c’est qu’on ne parle pas de vraie richesse, seulement d’algorithme sans aucune contrepartie économique réelle. Et tout cela correspond désormais à plusieurs dizaines, voire centaines de milliards de dollars qui peuvent potentiellement disparaître du jour au lendemain, entraînant la ruine de millions de gens, la faillite de centaines d’entreprises et même le déséquilibre de certains pays en raison notamment des conséquences sociales (et des politiques d’urgence nécessaires pour y faire face) afin de soutenir les populations les plus touchées.

En fait ce mécanisme est tristement prévisible et le genre de comportement auquel on assiste actuellement autour du bitcoin est typiquement celui qui précède systématiquement une bulle, laquelle finit tout aussi immanquablement par éclater. À noter que le bitcoin lui-même a déjà fait deux fois l’expérience de tels cycles, mais les valeurs de l’époque étaient considérablement plus confidentielles (si on les compare à ce qu’elles représentent aujourd’hui) et surtout son impact global était infiniment plus limité. Il y a encore un an, le bitcoin était un sujet de discussion pour initiés, aujourd’hui on en parle même à la boulangerie de mon quartier !

Lorsque le château de cartes va s’écrouler, il y aura des morts, et malheureusement pas juste au sens figuré du terme…

Les médias pourront toujours parler du bitcoin

Mais importe pour les médias, ça leur donnera juste l’occasion d’aborder le sujet bitcoin sous un nouvel angle. Et ça vendra encore du papier pour un bout de temps. Il leur suffira juste de changer leur fusil d’épaule et de cracher sans scrupule sur ce qu’ils avait encensé jusque là.

Et il y aura de quoi faire à ce moment-là. Ne serait-ce que parce que, depuis que les milliers de dollars s’ajoutent aux milliers de dollars, il semble qu’on ait complètement occulté le fait que la cryptodevise tant vantée aujourd’hui, reste à ce jour le mode de paiement privilégié des pires activités criminelles dans le monde, notamment en passant par le Dark web. Mais c’est bien connu, l’argent n’a pas d’odeur, et quand on peut multiplier son capital par 10 en quelques mois, on oublie vite les tâches de sang et les odeurs de poudre (blanche ou noire) qui accompagnent les bénéfices engrangés.

L’or pour revenir à la raison ?

Par conséquent, même si sa progression est plus modeste, et même si certains continuent à le considérer comme une « relique » des temps barbares, l’or reste et restera encore longtemps un actif à privilégier dans son portefeuille. Pas forcément pour une part majoritaire de son patrimoine, mais au moins dans des proportions permettant de rebondir si besoin. Une sorte d’assurance « patrimoine garanti ».

Car une once d’or vaudra toujours une once d’or, et la force de l’or justement c’est que ce qu’on peut acheter aujourd’hui avec cette once, on pourra toujours l’acheter demain avec la même once.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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