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Le marché de l’or est un marché millénaire, qui a traversé les âges, mais qui ne cesse pourtant pas d’évoluer. Le contexte économique actuel en fait d’ailleurs l’un des marchés des matières premières les plus dynamiques et intéressants à suivre : il suscite des vocations et attire grand nombre d’investisseurs. Sa recherche nécessite des moyens de plus en plus coûteux et invasifs pour l’environnement.

Le potentiel d’évolution de ce marché est considérable et son exposition médiatique toujours plus grande encourage nécessairement le développement d’une autorégulation, d’une déontologie et d’une certaine éthique de l’or. Mais ce ne sont pas les préoccupations premières des exploitations minières d’or. En témoigne la grève menée par ces 15.000 mineurs en Afrique du Sud qui travaillent dans des conditions déplorables pour un salaire de misère. Tiens, l’apartheid n’est pas fini ?

Cependant çà et là, des prémices de prise de conscience collective émergent. Certaines minières comme Newmont adhèrent à des chartes strictes qui garantissent une extraction « propre » de l’or.

Ce n’est pas du luxe, car le métal jaune et son exploitation ne sont que bien trop souvent entachés d’une réputation sulfureuse, notamment au niveau environnemental…

Nous avions déjà abordé cette question à plusieurs reprises :

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L’industrie minière, ce fléau écologique…

L’exploitation de l’or, et toutes les formes d’exploitations minières d’ailleurs, est donc une industrie extrêmement polluante. On en arrive actuellement à un point crucial, pour ne pas dire un point de non retour, car les enjeux sont énormes pour les industriels :

Les minerais étant des ressources naturelles non renouvelables, ils sont, par définition, épuisables et limités. En d’autres termes : l’or est une ressource qui ne peut que se raréfier. On estime que 173.000 tonnes d’or ont été extraites par l’homme jusqu’à aujourd’hui et qu’il ne resterait plus que 51.000 tonnes à extraire de nos sols (l’homme a donc extrait plus de 70% des réserves d’or totale de la planète).

Voir l’infographie que nous avions publié dans notre dossier sur la décroissance.

On comprend aisément que l’or qui a été extrait était le plus accessible, le moins difficile à exploiter : ce qui n’est certainement pas le cas des 30% de réserves d’or restantes. Donc le fait que l’or se raréfie implique une extraction toujours plus complexe, chère et forcément intrusive pour l’environnement (il va falloir aller chercher l’or plus loin dans les sols, plus profonds dans les océans). Les conséquences sur les écosystèmes ne peuvent donc qu’empirer et l’ampleur des dégâts se mesure sur le long terme.

A titre d’illustration, au Canada l’association safewater.org pointe du doigt le nombre considérable de « déchets » produits par les exploitations minières. La matière superflue (c’est-à-dire le résidu de roche restant une fois que le métal précieux est extrait), traitée par des produits chimiques, s’accumule autours des mines. Cette masse de « déchets », qui représente près de 650 millions de tonnes annuelles pour l’industrie minière au Canada, exposée à l’air libre contamine durablement l’environnement avoisinant (les sols, les cours d’eaux adjacents, les nappes phréatiques, etc.).

L’eau est abondamment utilisée pour l’extraction des différents minerais. Un rapport de la FEPS, fondation pour l’eau potable sûre, indique qu’entre 1986 et 2001 au Nevada, l’un des états les plus secs des Etats-Unis, ce ne sont pas moins de 2700 milliards de litres d’eau qui ont été pompés pour extraire des minerais.

La déforestation est également une autre des grandes conséquences des exploitations minières. En octobre 2011 WWF publiait son rapport sur l’impact de l’activité aurifère en Guyane, les chiffres sont éloquents :

Il en ressort qu’entre 2000 et 2008 la déforestation liée aux exploitations aurifères (toutes confondues, légales et illégales) a été multipliée par 3. Plus de 1000 hectares de forêts disparaitraient définitivement chaque année dans cette région du globe…

Ces quelques données mettent en perspective les enjeux auxquels vont être confrontées les industries minières dans les prochaines années : conserver un rythme de production constant tout en faisant face à une exploitation des minerais plus complexe (ceux-ci sont de moins en moins accessibles) et en réduisant les impacts sur l’environnement. Un bien joli, et nécessaire, challenge à relever mais encore faut-il que les industriels en prennent conscience, ou du moins qu’ils soient tenus d’apporter des solutions quant à ces problématiques environnementales.

Heureusement certains sites d’exploitation sont précurseurs en la matière et proposent déjà une filière d’extraction d’or propre. C’est notamment le cas pour la production de la Vera Valor, la pièce-lingot issue de la raffinerie de Valcambi qui s’engage à respecter les critères rigoureux de la charte Clean Extraction.

L’or vert : l’avenir du marché de l’or jaune ?

La production de l’or vert pourrait et devrait ainsi devenir une opportunité très importante pour les professionnels du secteur qui souhaitent inscrire une démarche éthique et qualitative au cœur de leurs valeurs.

Malheureusement, pour bien appréhender cette problématique, avec les perspectives et enjeux qu’elle représente, il manque des études concrètes sur le sujet, des enquêtes d’opinion, d’avis « consommateurs » :

Sont-ils prêts à investir, et plus cher s’il le faut, dans un or éthique et propre ? Ont-ils seulement conscience de l’impact actuel des industries minières sur l’environnement ?

C’est face à ce constat qu’AuCoffre.com avait décidé en février dernier de sonder les Français sur la question de l’or éthique dans sa grande enquête menée par l’IFOP.

Ainsi un chapitre entier est consacré à l’or et l’écologie. Voici une infographie réalisée par AuCoffre.com qui met en évidence la disposition des Français à payer plus cher de l’or issu d’une extraction propre :

Les Français et l'or vert - d'après une enquête réalisée par IFOP/AuCOFFRE.com

On apprend notamment que 73% des Français pensent que l’extraction de l’or est polluante. Une statistique qui en dit long sur l’image que colporte le « roi des métaux ».

Toujours selon cette enquête, plus d’un Français sur deux (57%) estime que la provenance de l’or est souvent douteuse. Cette question de la provenance est vaste et désigne tout autant l’or issu des cambriolages et autres activités criminelles, que l’or issu de l’orpaillage illégal. Or, on se doute bien ici que l’orpaillage illégal a bien peu de considération à l’égard du respect de l’environnement (en Guyane les « cartels de l’or » privilégient ainsi l’utilisation du mercure, totalement interdite, pour extraire l’or).

L’or a donc une très mauvaise réputation à ce niveau-là, pourtant la situation n’est pas irrévocable. Les Français sont prêts à acheter plus cher de l’or éthique.

Selon l’enquête IFOP d’Aucoffre.com :

  • 62% des Français seraient prêts à payer légèrement plus cher de l’or issu d’une filière d’extraction respectueuse des droits de l’homme
  • 59% des Français seraient prêts à payer légèrement plus cher de l’or issu d’une filière d’extraction non-polluante
  • Un Français sur deux (50%) serait prêt à payer légèrement plus cher de l’or vendu par une société qui reverse le surcoût à une organisation humanitaire.

On remarquera au passage que les sympathisants des Verts / Europe Ecologie ne sont pas, contre toute attente, ceux qui sont le plus d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’extraction de l’or est polluante. Avec 87% (contre 82% pour les sympathisants des Verts / Europe Ecologie), ce sont les sympathisants du Modem qui valident le plus cette thèse. Cela met en exergue deux informations : une catégorie de Français est plus sensible à la question de l’environnement et mieux informée sur la question de l’or.

Voilà des chiffres qui devraient davantage permettre aux acteurs du marché d’envisager le développement d’une filière d’extraction d’or propre comme un incroyable potentiel commercial et économique plutôt que de le considérer comme une contrainte politique et sociale.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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