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On a coutume de dire que toute matière (y compris celle qui nous compose) est de la poussière d’étoiles, mais on sait aujourd’hui que les métaux précieux comme l’or et l’argent sont issus de poussières très spéciales provenant d’étoiles tout aussi particulières dont on a récemment pu observer le mécanisme de « fabrication ».

Qu’il s’agisse de l’or des lingots des Banques centrales, ou celui des pièces de monnaie que vous collectionnez ou que vous achetez régulièrement dans un souci d’investissement sécurisé, les scientifiques ont découvert que ce métal précieux provient d’étoiles à neutrons, et plus particulièrement de leurs collisions entre elles. Un phénomène aussi rare que cataclysmique… mais qui a pu être décrypté pour la première fois l’été dernier.

L’histoire de l’or commence par la mort d’une étoile

Le 17 août dernier, des astronomes américains ont capté le signal de la collision de deux étoiles à neutrons remontant à 130 millions d’années, à l’époque où les dinosaures parcouraient encore la Terre. Jusque là, rien d’exceptionnel, si ce n’est que les étoiles à neutrons constituent déjà des objets très particuliers. En effet, une étoile à neutrons naît lors de l’explosion d’une étoile géante arrivée en fin de vie. Tandis que toutes les couches extérieures de l’étoile sont expulsées à des milliards de kilomètres, le noyau commence à s’effondrer sur lui-même jusqu’à former une sphère incroyablement dense (une cuillère à café de cette matière représenterait environ un milliard de tonnes). Parfois cette sphère est si dense qu’elle devient un trou noir (totalement invisible car même l’énergie de la lumière ne parvient plus à échapper à sa colossale force de gravité), mais d’autres fois sa transformation s’arrête au stade précédent, l’étoile à neutrons.

Pour information, les deux étoiles dont la collision a été détectée avaient chacune au moins la masse du Soleil mais pour à peine 10 kilomètres de diamètre.

Quand la mécanique interstellaire rejoint l’intérêt des investisseurs

Un grand nombre de ces corps célestes arpentent donc l’Univers et, parfois, après plusieurs millions d’années passées à se rapprocher, deux d’entre elles commencent à se tourner autour de plus en plus rapidement, jusqu’à 500 fois par seconde, pour finalement se heurter dans une collision titanesque en formant soit une nouvelle étoile à neutrons, soit un trou noir. Et c’est là que la mécanique interstellaire rejoint l’intérêt pragmatique des investisseurs, car au moment de ces collisions et par le jeu des réactions nucléaires extrêmes qui en découlent, des quantités phénoménales de matière sont rejetés dans l’espace profond. De la matière majoritairement composée d’éléments chimiques lourds comme des métaux précieux notamment, au nombre desquels on retrouve de l’or, de l’argent ou encore du platine.

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Là, toutes ces poussières de métaux précieux errent pendant des millions, voire des milliards d’années, avant de s’agglomérer lentement à d’autres poussières stellaires, précieuses ou non, jusqu’à former des objets de plus en plus gros comme des comètes, des astéroïdes… ou des planètes !

Des centaines de masses terrestres en or à chaque collision

En fait, sans ces cataclysmes dont les échos nous parviennent du fin fond de l’Univers, notre Terre ne serait rien d’autre qu’un vulgaire caillou formé par l’accrétion des particules qui formaient le nuage de poussière originel dont est issu notre Soleil, étoile des plus banales, perdu au bord d’un bras mineur d’une galaxie spiralée de seconde zone. C’est en quelque sorte la « pollution » accidentelle de ce nuage originel par les particules provenant d’explosions lointaines d’étoiles à neutrons qui a fait que notre planète (et d’autres également) recèlent aujourd’hui des gisement de métaux précieux.

Comme l’explique le Docteur John James Eldridge, astrophysicien à l’Université d’Auckland, « s’il est vrai que nous sommes tous faits de poussière d’étoiles, en revanche l’or, l’argent et le platine sont faits de poussière d’étoiles à neutrons. À chaque fois que deux d’entre elles se rencontrent, leur collision entraîne la création de centaines, voire des milliers, de masses terrestres en matières plus ou moins précieuses, et en particulier de l’or. Si le taux de fusion des étoiles à neutrons se révèle aussi élevé que nous l’avons calculé, alors il n’y a aucun doute que ces étoiles mourantes sont la source de la plupart des métaux précieux dans l’Univers.  »

L’or est un témoin de l’histoire du monde

Certes, l’observation du mois d’août dernier concerne une collision d’étoiles à neutrons bien trop récentes pour avoir contribué à forger l’or de la Terre (laquelle est née, rappelons-le, il y a environ 4,5 milliards d’années). Mais il est fort possible en revanche que les milliards d’atomes d’or ou d’argent expulsés à ce moment-là aient fini par participer à la formation de comètes qui, à leur tour, sont venues déposer leur précieuse cargaison sur des mondes lointains, en s’y écrasant le plus souvent. D’ailleurs, on pense que la majeure partie de l’or que l’on extrait du sous-sol de notre Terre a précisément une origine extraterrestre, dans le sens où le précieux métal y a été apporté par des comètes ou des astéroïdes qui s’y sont écrasés. Car les particules précieuses les plus anciennes (celles qui ont contribué à la formation de notre monde) sont généralement enfouies tellement profondément au cœur de la planète qu’elles restent pour encore très longtemps inaccessibles.

Pensez-y donc lorsque vous achetez une pièce d’or ou d’argent : vous détenez non seulement un petit morceau de l’histoire du monde, mais aussi un incroyable souvenir de ses origines ainsi qu’un témoignage de la grandeur de notre Univers. Des qualités qui rendent l’or d’autant plus précieux, au-delà même de sa seule valeur vénale qui fluctue au gré de vulgaires politiques monétaires si fugitives à l’échelle géologique.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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