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Lorsqu’on le compare aux devises ou même aux principaux indices boursiers, l’or affiche de loin les meilleures performances à dix ans.

On a coutume de dire dire que l’or ne produit pas de rendement. Dans les faits, il convient de nuancer le propos car le métal précieux permet bel et bien de « s’enrichir » à long terme (même s’il ne s’agit pas d’un actif spéculatif), surtout quand on le compare à l’évolution du pouvoir d’achat et aux performances des devises ou des indices boursiers sur la même période.

Les devises n’ont pas de valeur intrinsèque

C’est une formule sans doute un peu provocatrice mais, en réalité, les devises ne valent rien. Sauf les unes par rapport aux autres. Mais il n’existe pas d’étalon de valeur fixe auquel elles puissent toutes se référer afin de déterminer leur progression.

Enfin, pour être exact, il n’existe PLUS d’étalon de valeur, car jusqu’aux années 1970 c’était l’or qui tenait ce rôle. Certes, le système n’était pas parfait, mais il empêchait au moins la création de valeur ex-nihilo que l’on connaît aujourd’hui.

Désormais, quand on manque de liquidités, on en fabrique, tout simplement. Quand on a besoin d’augmenter le niveau de richesse d’une devise, il suffit juste d’en émettre davantage et on se retrouve aussitôt plus riche de quelques dizaines ou centaines de milliards. La politique de quantitative easing à laquelle se livre la banque centrale européenne depuis 2009 n’est rien de plus : elle fabrique artificiellement 60 milliards d’euros tous les mois qu’elle injecte dans l’économie en rachetant une partie de la dette publique des États de l’Union européenne. C’était 80 milliards d’euros en 2016.

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De leur côté, les Japonais se livrent à la même manœuvre sur le yen depuis 2001, la Banque fédérale américaine joue le même jeu sur le dollar depuis 2010 et la Banque d’Angleterre fait tourner ainsi un stock de dettes depuis 2008 grâce à 375 milliards de livres sterling créés pour l’occasion.

Une base de référence difficile à déterminer

Conséquence directe, la devise n’a aucune valeur intrinsèque puisqu’on peut en fabriquer « sans coût » autant qu’on en a besoin. Seule la parité entre devises permet d’avoir un semblant d’échelle susceptible de pointer celles qui montent et celles qui baissent, les unes par rapport aux autres. Dans contexte, il est difficile de dire si l’euro, le dollar ou le yen se sont réellement appréciés avec le temps, ou au contraire si leurs possesseurs se sont appauvris, tout au moins sur leur propre marché interne.

Il faudrait peut-être en revenir à un repère universel comme la quantité de travail nécessaire pour assurer le minimum vital quotidien dans chaque devise (le fameux « pouvoir d’achat du travail » cher à Karl Marx) ou encore ressusciter l’indice Big Mac des années 1990 qui avait été lancé comme une boutade pour calculer la parité de pouvoir d’achat entre différents pays du monde (ce qui est réalisable avec un produit fabriqué et vendu de la même façon partout sur Terre par une entreprise multinationale implantée dans la majorité des pays de la planète).

Plus simplement, la communauté internationale a choisi de remplacer l’étalon or ancestral par un « étalon dollar » dont la pertinence et la crédibilité mériteraient une analyse critique complète en plusieurs volumes, mais qui a au moins le mérite d’exister. De son côté, l’Union européenne a réussi à imposer l’euro comme une sorte de second étalon de valeur, qui est d’ailleurs le principal point de référence aujourd’hui pour apprécier l’évolution de notre pouvoir d’achat, à nous, petits Français que nous sommes.

C’est donc sur cette base double que l’on peut tenter aujourd’hui d’évaluer les performances des différents indicateurs de richesses que sont les devises et les indices boursiers, avant de les comparer aux performances de l’or sur la même période.

L’or grand vainqueur à 5 ans, 10 ans, 15 ans ou 20 ans.

Il est ainsi assez facile de constater qu’en dépit des soubresauts que l’or a pu connaître ces dernières années, son cours est néanmoins resté particulièrement constant dans sa progression moyenne, surtout quand on le compare aux autres indicateurs. Pour prendre une échelle de mesure tenant compte des dernières crises qui ont secoué l’ensemble des valeurs de l’économie et des finances mondiales, une période de 10 ans semble un bon compromis.

Ainsi, sur 10 ans, et sur la base d’un étalon dollar qu’on va imaginer fixe (ce qui est très, très loin de refléter la réalité), on obtient les performances suivantes :

  • Euro (EUR) : -17%
    Même si elle semble forte aujourd’hui, notre monnaie s’est en réalité dépréciée par rapport au dollar de 2007.
  • Livre sterling (GBP) : -35%
    Le Brexit est passé par là, mais il est loin de tout expliquer.
  • Yen (JPY) : +5%
    Un équilibre précaire lié principalement au fait que les politiques monétaires très accomodantes des deux pays sont assez similaires. Et aussi qu’une bonne partie de la dette américaine est detenue par le Japon, au coude à coude avec la Chine.
  • Renminbi chinois (RMB) : +14%
    La Chine justement qui est en train de connaître une fulgurante ascension (sur le papier, tout au moins) au point que certains la voient déjà comme la première puissance économique de la prochaine décennie.
  • Franc suisse (CHF) : +21%
    Parce que le franc suisse a longtemps été une valeur de référence et qu’il est intéressant de noter que ce petit pays de 8 millions d’âmes n’a pas fait le plus mauvais calcul en ne rejoignant pas l’union monétaire européenne.

Du côté des indices boursiers, on voit une progression de +70% de la valeur du Dow Jones et du S&P500 sur les dix dernières années, tandis que le CAC40 parvient péniblement à éponger les 2/3 de la contre-performance de l’euro en limitant la casse à -6.77% en 10 ans.

Quant à l’or, il progresse durant la même période de… plus de 71% ! Ce qui en fait le champion toutes catégories en termes de rentabilité au long cours.

Et quand on calcule en euros, ses excellentes performances sont encore plus affirmées puisqu’il gagne 106% en 10 ans, là où le dollar progresse de 20%, le yen de 26%, la devise chinoise de 38% et le franc suisse de 46%. Seule la livre sterling paie le prix de la politique anti-européenne du Royaume-Uni avec une baisse de -22%.

S’il devait donc y avoir un enseignement à tirer de tous ces chiffres, c’est sans doute que l’or est, et restera, l’actif à privilégier sur le long terme pour préserver son pouvoir d’achat en dépit de tous les bouleversements économiques et financiers qui secouent la planète.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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