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Les tensions géo-politiques entre Américains et Nord-Coréens semblent avoir d’ores et déjà des conséquences négatives sur le cours de l’or. Mais est-ce une réalité ou plutôt une simple illusion ?

En général, on dit que l’or s’apprécie en temps de crise. Et quoi de plus « critique » qu’une guerre (ou tout au moins un risque de guerre) ? Pourtant, alors que Donald Trump et Kim Jong-un multiplient les provocations et les menaces militaires, les détenteurs d’or physique ont l’impression que les cours du métal précieux n’évoluent pas, voire tendent à s’infléchir légèrement en direction de planchers totalement contre-intuitifs. Et cela semble particulièrement le cas pour les investisseurs européens.

Bientôt une IIIe guerre mondiale ?

Permettons-nous une petite mise au point avant toute chose. Non, il n’y aura sans doute pas de IIIe Guerre mondiale. Évidemment, si les États-Unis devaient entrer en conflit ouvert avec la Corée du Nord (avec des combats, des missiles et tout ce que l’on peut imaginer de terrifiant dans ce genre de contexte), les conséquences pourraient être dramatiques à l’échelle de la planète tout entière. Mais pour l’instant, il ne s’agit guère plus que de quelques bruits de bottes un peu plus appuyés qu’à l’accoutumée, de haussements d’épaulettes et autres bombages de torses médaillés.

En réalité, les chances sont plus nombreuses que tout ceci dégénère plutôt en nouvelle « guerre froide » qui replongerait le monde dans les mêmes tensions géo-politiques qui prévalaient lorsque Américains et Russes ne pouvaient plus se voir en peinture. Au passage, rappelons quand même, pour ceux qui en douteraient encore, qu’ils ne s’apprécient pas davantage aujourd’hui, mais ils font au moins l’effort de feindre l’amitié pour préserver les intérêts financiers et commerciaux de tout le monde.

Et c’est justement là que réside le principal rempart à un conflit généralisé. Certes, les exactions Nord-Coréennes à l’égard des Japonais par exemple, pourraient très facilement servir de détonateur à l’intervention militaire américaine. De la même façon, solidarité de régime oblige, il y a fort à parier que la Chine communiste ne resterait pas sans réagir si son petit frère Nord-Coréen venait à prendre une fessée par l’Oncle Sam. Mais au final, hormis Kim Jong-un qui n’a pour seule ambition que de prouver sa stature au monde entier, tous les autres chefs d’État qui pèsent au niveau mondial (oui, on parle bien de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Xi Jinping) savent bien qu’une guerre à leur échelle réduirait à néant leurs efforts respectifs de conquête du monde… sur le plan économique. Car c’est bien là que se situe aujourd’hui l’essentiel du pouvoir.

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Des tensions aux conséquences économiques indéniables

Cependant, quelle que soit l’issue de ces tensions, elles sont bel et bien présentes et leur impact commence à se faire ressentir auprès de certains investisseurs. À commencer par les détenteurs européens d’or physique. Pourquoi les européens et pas les autres ? Tout simplement à cause de la parité euro-dollar qui vient pénaliser lourdement tous ceux qui achètent des métaux précieux en euros. Explication.

Depuis 9 mois, et tel que le prévoyaient d’ailleurs un certain nombre d’experts reconnus au début de l’année 2017, l’or connaît une progression régulière qui devrait l’amener tranquillement aux portes des 1400 dollars l’once d’ici le mois de décembre. Ainsi, en dépit des variations classiques liées aux incertitudes politiques et économiques qui se sont multipliées en 2016 et en 2017, l’once d’or est passée de 1150 dollars au 1er janvier dernier à environ 1350 dollars au début de ce mois, soit une progression de 200 dollars par once (presque 17,5 % de progression) lui permettant de renouer avec les plus hauts de l’an dernier.

Dans le même temps, la même once d’or est passée de 1100 euros en janvier 2017 à… 1100 euros en septembre 2017 ! La faute au taux de change entre le dollar et l’euro, quasiment à la parité parfaite au début de l’année tandis qu’aujourd’hui l’euro se négocie à 1,20 dollar, soit 20% d’augmentation qui effacent totalement les bénéfices engrangés par l’once d’or (qui a dit qu’une monnaie forte n’avait que des avantages…?).

Les marchés ont voulu globalement anticiper et acheter la prévoyance

En réalité, les risques que fait planer Monsieur Trump sur l’économie américaine en raison, notamment, de sa politique jusqu’ici assez inefficace au regard des promesses de campagne faites l’an dernier, mais aussi à cause de sa propension à jouer les gros bras face à un Chef Suprême de Corée du Nord qui ne mérite pas autant d’attention, ont pour principale conséquence d’affaiblir le dollar.

Par ailleurs, si un conflit devait éclater entre les États-Unis et l’Asie de l’Est, il est fort probable que la zone pacifique nord soit la plus directement impactée, et par voie de conséquence que l’Europe occidentale, à l’autre bout du monde, fasse figure de « territoire refuge » à la fois sur le plan stratégique et économique. Dans ces conditions, certains ont d’ores et déjà anticipé l’intérêt qu’il y aurait à se trouver du bon côté du globe en renforçant leurs actifs européens (ce qui a d’ailleurs bien profité aux indices boursiers cette année, en dépit d’éléments structurels assez neutres, pour ne pas dire légèrement pénalisants).

L’or a performé et parfaitement protégé les patrimoines

Quelques nostalgiques de l’après-seconde guerre mondiale continuent à penser que la Russie (pour on-ne-sait quelle raison de fraternité atavique avec les derniers pays communistes de la planète) pourrait alors décider d’attaquer l’Amérique par l’Ouest en traversant comme dans du beurre une Union Européenne quasiment démilitarisée. Néanmoins, leur point de vue reste très minoritaire et n’influe pas vraiment sur l’attrait des investisseurs pour l’euro.

Par conséquent, si vous possédez de l’or physique et que vous avez l’impression que ce n’est pas une bonne affaire car son cours n’a pas bougé en un an alors que les actions se sont littéralement envolées durant la même période, pensez à replacer ces observations dans un contexte plus global et vous constaterez que, non seulement l’or a continué à préserver votre patrimoine en euros, mais qu’il a également potentiellement dépassé les performances réelles des autres marchés, lesquels devraient subir prochainement une correction liée au mouvement naturel qui suit généralement les fortes hausses : la prise de bénéfices.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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