Bâle III : quelles conséquences sur les réserves d’or des banques ?

par | 16 Mai 2025 | Actualités | 0 commentaires

Temps de lecture : 3 minutes

L’accord de Bâle III, dont les directives sont appliquées en Europe depuis le 1er janvier 2025, vise à rendre les banques plus solides. Elles doivent notamment renforcer leurs fonds propres et détenir assez d’actifs liquides en cas de crise. De quoi lancer une ruée vers l’or ? On fait le point.

Le contexte, pour mieux comprendre l’accord Bâle III

Créé en 1974, le Comité de Bâle est chargé de veiller à la stabilité du secteur bancaire et réunit aujourd’hui les représentants des banques centrales de la plupart des pays européens et membres du G20. Il est à l’origine des accords de Bâle de 1988 et de Bâle II en 2004.

Le nouvel accord de Bâle III a été conclu en 2010, en réaction à la crise financière de 2008, pour renforcer la solidité des banques internationales. Le déploiement de la réglementation a été progressif, avec une mise en application au 1er janvier 2025 pour les banques de l’Union Européenne. Les États-Unis visent l’échéance du 1er juillet 2025, avec une phase de transition de trois ans (« Basel III endgame »). Au Royaume-Uni, l’entrée en vigueur des réformes est attendue pour 2027.

Concrètement, les nouvelles réglementations demandent aux banques internationales plus de prudence et de « résilience ». Celles-ci doivent conserver assez d’actifs de qualité élevée et de fonds propres pour se protéger des crises, à court et à long terme (voir « Bâle III en bref » sur le site de la Banque des Règlements internationaux).

L’or physique est-il considéré comme un actif liquide et sûr selon Bâle III ?

L’or physique, un actif de haute qualité ?

Contrairement à ce qu’en disent certaines interprétations, l’accord de Bâle III ne reclasse pas explicitement l’or comme un actif de niveau 1 (Tier 1) ni comme un actif liquide de haute qualité (High-Quality Liquid Assets ou HQLA). L’or physique coche pourtant les cases des HQLA décrits dans les directives de Bâle III sur le ratio de liquidité à court terme (source). Il faut réunir des caractéristiques telles que :

  • Un risque faible ;
  • Une cotation sur une place bien établie ;
  • Une faible volatilité ;
  • Ou encore un attrait de valeur refuge.

Cela suffit à alimenter les spéculations, qui voient déjà les banques se ruer vers l’or physique pour faire face à une potentielle crise (et donc modifier le marché et faire exploser le cours). Certains experts de la LBMA (London Bullion Market Association) plaident aussi en faveur du classement de l’or physique comme actif de haute qualité. Ils rappellent dans une note d’avril 2025 que de nombreux investisseurs choisissent déjà l’or parce qu’ils le considèrent comme un actif liquide et sûr.

Quid de l’or papier ?

Le règlement NSFR de Bâle III (Net Stable Funding Ratio ou ratio structurel de liquidité à long terme) attribue des coefficients en fonction des classes d’actifs que les banques détiennent. Et plus le coefficient est élevé, plus un actif est considéré comme risqué (et peu liquide). Les ETF adossés aux matières premières comme l’or se voient attribuer un fort coefficient de 85 % : cela signifie que, pour 100 % d’ETF, la banque doit détenir 85 % de financement stable. Là aussi, un argument de plus en faveur de l’or physique contre l’or papier.

Vers une hausse de la demande en or physique ?

Au 1er trimestre 2025, la demande en or est toujours importante

Selon les chiffres du World Gold Council, la demande en or du 1er trimestre 2025 atteint 1 206 tonnes. Elle baisse légèrement (de 7 %) depuis fin 2024, mais elle reste à un niveau record pour un début d’année. En effet, la demande n’a jamais été aussi forte pour un premier trimestre depuis 2016. Dans le détail, les achats de pièces et lingots sont stables depuis l’année dernière (325 tonnes). Quant aux achats des banques centrales, ils sont en recul à 243 tonnes (vs 365 tonnes au dernier trimestre 2024), mais le chiffre se maintient dans une fourchette haute. Rappelons que les banques centrales continuent à stocker de l’or, et que les États-Unis détiennent les réserves les plus importantes dans le monde : plus de 8 000 tonnes, toujours selon le World Gold Council.

À lire aussi : Réserves d’or par pays : le classement 2025

L’or est une valeur refuge aussi pour les banques

Même si les directives de Bâle III ne considèrent pas officiellement l’or comme un actif de liquide de haute qualité, le métal jaune n’en demeure pas moins une valeur refuge reconnue. Les chiffres du cours de l’or du printemps 2025 peuvent en attester : le prix de l’once a atteint des records à 3 400 dollars et 3 000 euros sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis. Si les investisseurs et les banques centrales continuent à acheter de l’or, pourquoi les banques internationales n’en feraient-elles pas autant ? Une évolution à suivre attentivement, avec la prochaine étape du 1er juillet 2025, lorsque les réglementations de Bâle III commenceront à être appliquées outre-Atlantique.

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Rosoor, Benjamin
Je suis entrepreneur sur le web depuis 1999. Diplômé de l'école de journalisme de Bordeaux, j'ai tout d'abord été journaliste-reporter radio pendant 10 ans. J'anime plusieurs médias sociaux et blogs sur les entreprises, la tech, la finance, le marketing digital.

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