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Quand la banque centrale de Corée du Sud, l’un des pays les plus technologiquement avancés, décide de supprimer les pièces de monnaie d’ici 2020, c’est le signe que la fin du cash est bel et bien amorcée à l’échelle internationale.

Il y a quelques jours, la Banque de Corée (BoK) a annoncé la disparition prochaine, mais progressive, des pièces de monnaie en circulation, dont la plus importante vaut moins de 0,50 dollar. Les Sud-Coréens sont donc invités à ramener tout leur numéraire sonnant et trébuchant qui sera converti en crédit sur leur carte « T Money », laquelle leur sert déjà massivement à payer leurs dépenses du quotidien (transports en commun, taxis, magasins de proximité, etc.) Pour l’instant, il s’agit d’un projet pilote qui se déroulera courant 2017 à une échelle non précisée. Mais si ce test est un succès, alors la mesure sera étendue à tout le pays dès l’année suivante.

Faciliter la vie des usagers… ou mieux les contrôler ?

Officiellement, l’objectif est de faciliter la vie des sud-coréens qui sont déjà particulièrement en avance en matière de paiements mobiles ou d’achats en ligne. D’ailleurs, les paiements en liquide ne représentent plus que 20% des transactions en Corée du Sud, chaque personne possédant en moyenne 2 cartes de crédit en plus des dispositifs de e-payment. Mais une raison bien plus pragmatique dicte également l’urgence de cette mesure, et elle réside dans la faible valeur des pièces sud-coréennes. En effet, Lee Hyo-chan, chef de la recherche à l’Institut Crédit Finance à Séoul, rappelle que chaque pièce de 10 won coûte bien plus que 10 won à fabriquer. La pièce de 500 won, quant à elle, est à peine équilibrée. La BoK dépense ainsi plus de 40 millions de dollars chaque année pour frapper des pièces de monnaie, un coût qui ne tient pas compte des frais engendrés par la collecte, la gestion et la distribution de ces millions de pièces.

Autre motif évoqué rapidement : le paiement électronique permet un suivi bien plus étroit de toutes les transactions effectuées, favorisant ainsi la lutte contre l’économie souterraine et la récupération de recettes fiscales, avec au final la possibilité d’améliorer sensiblement les perspectives économiques du pays. Kim Seong hoon, chercheur à l’Institut de recherche économique de Corée, prévoit ainsi un gain de croissance supérieur à 1% chaque année. Les détracteurs de la mesure, quant à eux, y voient surtout (comme leurs homologues occidentaux) un moyen pour les autorités de mieux contrôler les populations. Une raison supplémentaire de débancariser une partie de ses avoirs en les plaçant dans l’or et l’argent, par exemple, afin de les soustraire aux éventuelles convoitises étatiques.

De plus en plus de pays prônent le « no cash »

Ces dernières années, de nombreux États ont, comme la Corée du Sud, décidé de se débarrasser à plus ou moins long terme de l’argent liquide en circulation. Les motifs invoqués sont toujours les mêmes : lutte contre le blanchiment d’argent ou le travail au noir notamment. Mais les visées réelles semblent là encore généralement assez similaires d’un pays à l’autre, à savoir faire des économies sur la production monétaire… et surtout limiter toujours davantage les alternatives de liberté financière.

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Les plus avancés dans ce domaine sont les pays scandinaves, qui s’orientent résolument vers une société sans cash à brève échéance. Par exemple, plus de la moitié des 1 600 agences bancaires suédoises ne détiennent plus aucun billet. Trois des quatre plus grandes banques du pays (SEB, Swedbank et Nordea Bank) n’acceptent d’ailleurs plus de dépôt en espèces depuis 2013. Ce qui ne devrait guère gêner les Suédois puisque les paiements en numéraire ne représentent plus aujourd’hui que 2% des transactions ; un pourcentage extrêmement faible qui devrait même descendre à 0,5% d’ici 2020. De son côté, en 2015, l’une des principales banques Norvégiennes a elle aussi appelé à abandonner définitivement le cash au profit des moyens de paiement électroniques.

Enfin, en novembre dernier, l’Inde a frappé un grand coup en supprimant purement en simplement les deux plus grosses coupures du pays représentant pas moins de 82% des sommes circulant dans le pays.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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