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L’envolée du bitcoin cacherait-elle en réalité les prémices d’une bulle sur le point d’exploser ? À moins que certains gouvernement l’interdisent avant que cela n’arrive ?

On l’a vu, le phénomène bitcoin semble correspondre aux deux principes essentiels qui caractérisent les bulles spéculatives. Mais la comparaison ne serait pas complète sans l’analyse de la cryptomonnaie à l’aune des autres points qui définissent une tendance fortement inflationniste sur le point d’exploser.

Comme toutes les nouveautés, le bitcoin apporte son lot de promesses

Chaque nouveau produit peut, s’il est bien amené, constituer l’amorce d’une révolution potentielle, et donc d’attirer des investisseurs dont la vision s’établit à moyen ou long terme. Par exemple, aux débuts de la Bourse telle qu’on la connaît aujourd’hui, les grandes sociétés par actions nées en France et en Angleterre au début du dix-huitième siècle étaient nouvelles et les perspectives apparaissaient des plus alléchantes, même sur le plan intellectuel, sociétal et pas seulement financier.

Idem pour la révolution numérique dont on pressentait déjà les prémices à la fin des années 1990. Tout cela était nouveau, prometteur, idéaliste aussi un peu parfois, mais également, le plus souvent, un peu trop tôt dans l’histoire. Et toutes ces innovations ont fini par se transformer en bulles qui ont éclaté, entraînant avec elles des millions d’investisseurs parmi les moins aguerris (sous-entendu, ceux qui n’avaient pas su prévoir de plan B, les derniers en bas de la pyramide…)

Parce qu’un plan B, et même parfois un plan C, c’est indispensable. Une innovation ne va jamais donner de fruits immédiatement, ou alors ce n’est plus une bulle mais une véritable escroquerie, tout au moins intellectuelle. Techniquement, l’innovation met du temps à s’installer, à s’ancrer dans l’économie existante et les premiers bénéfices arrivent au bout d’un certain délai. Certains investisseurs vont avoir les moyens d’attendre, d’autres non. Sachant en outre qu’il peut aussi très bien ne jamais y avoir de bénéfices.

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Mais ces promesses doivent rester réalistes

En clair, le troisième élément constitutif d’une bulle c’est la promesse de rendements futurs tellement faramineux que les investisseurs pourraient en perdre leur sens critique. Et grâce à un marketing bien élaboré, on leur fait bien comprendre qu’il existe un risque, certes, et même un risque majeur parfois, mais qu’il est nécessaire d’y consentir au nom de l’innovation mais aussi de la conviction profondément ancrée qu’après l’effort viendra la satisfaction ultime : celle d’avoir été parmi les tout premiers à y avoir cru dès le départ et qui en bénéficieront pleinement le moment venu.

Et pour que ça fonctionne, inutile d’essayer d’appâter les investisseurs avec des rendements de plans d’épargne. Non, les gains doivent être hors norme, démesurés, interdisant toute comparaison, dans le genre : « pour 1 euro investi aujourd’hui, ce seront 1000, 10 000 voire 1 million d’euros que vous récupèrerez« . C’est parfois énorme at, après coup, on peut même s’étonner que le message soit si bien passé. Mais l’essentiel c’est justement que le discours soit marquant et, mieux encore, que les premiers résultats viennent rapidement confirmer cette tendance promise.

Les débuts prometteurs du bitcoin en masquent les risques

Voyez le bitcoin. En 2009, le truc sort d’on ne sait où et fait à peine lever le sourcil de quelques geeks férus d’économie numérique. Certains décident malgré tout de jouer le jeu et, à l’instar de cet étudiant norvégien qui s’amuse à miser 27 dollars (150 couronnes) pour acquérir 5000 bitcoins, quelques centaines de personnes parient sur cette nouvelle forme de monnaie numérique censée résoudre tous les problèmes de sécurité et de « manipulations » qui entachent traditionnellement la crédibilité comme la respectabilité des devises traditionnelles.

Peu à peu, l’élan est donné et en 2010, le bitcoin frôle la parité avec le dollar. D’ores et déjà, notre jeune fintechnophile norvégien évoqué plus haut vient de réaliser une plus-value phénoménale : il a presque multiplié son investissement par 200 ! Il n’en faut pas davantage pour qu’un plus grand nombre de personnes commencent à s’intéresser au phénomène, au-delà même du cadre ultra-spécialisé dans lequel il était resté cantonné jusqu’alors. D’abord de manière confidentielle, et puis rapidement de plus en plus sérieusement, avec l’aide quelques techno-gourous emblématiques ou au gré de déclarations d’intentions à l’occasion de telle ou telle conférence internationale.

Début 2013, le bicoin tutoie les 100, puis les 200 dollars en quelques semaines. La machine s’emballe. Fin 2013, le bitcoin vaut plus de 1100 dollars.

Mais des fraudes et des scandales retentissants viennent brusquement mettre un terme à l’envolée de la cryptomonnaie. Certains la disent déjà morte, et c’est alors que l’inattendu se produit.

La véritable innovation : la blockchain

En réalité, l’idée de génie derrière le bitcoin, c’est son mécanisme, sa technologie basée sur une série de blocs de données infalsifiables et permettant une traçabilité sans faille de toutes les données échangées : la blockchain. Ici, les données en question sont des transactions, mais ça pourrait être n’importe quoi, et c’est justement ce qui intéresse subitement des pans entiers de l’économie traditionnelle : finances, bien sûr, mais aussi assurance, sécurité informatique, gestion logistique, suivi documentaire de données sensibles, etc.

Le bitcoin reste alors en retrait, le temps de panser ses plaies, mais conserve une certaine légitimité grâce à la plateforme qui le sous-tend. Peu à peu, il remonte, il reprend de la force et, de nouveau, on lui promet un avenir radieux, non plus comme simple gadget financier, mais comme véritable monnaie. Fin 2016, le bitcoin a rattrapé tout le retard perdu. Mi-2015, il a doublé sa valeur par rapport à janvier et cote près de 2000 dollars. Le dernier trimestre signe alors l’apothéose du bitcoin : 5000, 6000, 7000, 8000… puis de nouveau 5000 et enfin retour aux 8000 dollars en quelques semaines. Les records tombent les uns après les autres et, en dépit de ses sursauts potentiellement dévastateurs, le monde se passionne pour ce nouvel or virtuel.

Tout ce qui brille n’est pas or

Mais l’or, justement, parlons-en. Aujourd’hui, le stock d’or mondial est estimé à 160.000 tonnes, soit 5.600 milliards d’euros (avec un lingot aux alentours de 35 000 dollars le kilo), à comparer aux 100 milliards d’euros que pèse le bitcoin.

L’or est un actif tangible qui remonte à la nuit des temps, tandis que le bitcoin n’est qu’un nuage d’électrons qui errent dans le réseau des réseau depuis un peu plus de 8 ans à peine. Le cours du premier évolue lentement, à la hausse comme à la baisse, suivant un cycle proche de l’humain, tandis que le second ne répond à aucune logique appréhendable par nos sens ou notre logique, tant sur le plan chronologique que sur celui de la simple relation de cause à effet, pourtant si utile à notre compréhension des choses et du monde.

Un jour, toutes les bulles sont appelées à éclater, et c’est bien là leur ultime caractéristique en même temps que leur incontournable point commun. Malheureusement, ce n’est bien souvent qu’à ce moment là que les investisseurs se rendent compte qu’ils ont été pris au piège d’une spirale infernale. C’est sans doute aussi pourquoi les autorités de nombreux pays (la Chine semble avoir d’ores et déjà pris de l’avance sur ce point) sont déjà prêtes à conditionner, canaliser, voire interdire purement et simplement l’utilisation de cryptomonnaies. C’est un risque bien réel que l’analyste Jim Rickards a d’ailleurs rappelé le 5 septembre dernier en révélant les objectifs secrets de certains pays à l’égard des cryptomonnaies, si gênantes pour leurs propres politiques monétaires.

Une raison supplémentaire pour se méfier du bitcoin et, en général, de tous ces produits qui nous promettent la fortune à brève échéance mais qui doivent surtout nous faire garder à l’esprit que tout ce qui brille n’est pas or.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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