Fiche pays : les Grecs et l’or

par | 29 Fév 2012 | GrÚce, Or | 0 commentaires

Temps de lecture : 3 minutes

Poursuivons notre tour du monde des pays et l’or avec un pays plus que jamais en proie aux affres de la crise et de la dette en ce moment : la GrĂšce. Quel rĂŽle l’or a jouĂ© dans l’histoire et l’économie du pays ? Quel rapport la GrĂšce et les Grecs entretiennent avec le prĂ©cieux mĂ©tal ? C’est ce que nous allons dĂ©crypter dans cet article.

L’or de la Grùce en chiffres

La GrĂšce est au 31Ăšme rang mondial des pays dĂ©tenteurs d’or, avec 111,6 tonnes d’or dans ses coffres (Chiffres World Gold Council – Janvier 2012). C’est bien moins que la France, au 5Ăšme rang mondial, avec 2,435.4 tonnes. 83% des 111,6 tonnes d’or sont dĂ©tenues dans les coffres grecs.

De l’origine de l’or chez les Grecs

Dans l’antiquitĂ©, les AthĂ©niens faisaient dĂ©jĂ  des rĂ©serves d’or, notamment pour financer des guerres, allant mĂȘme jusqu’à utiliser 1 130 kilos d’or recouvrant une statue d’AthĂ©na de 11 mĂštres.

L’or fait aussi partie intĂ©grante de la mythologie grecque. TrĂ©sor aussi convoitĂ© que le graal, la Toison d’or, comme les pommes d’or du jardin des HespĂ©rides, fait partie de l’inconscient collectif des HellĂšnes. « L’infortunĂ© fortunĂ© » Midas, qui avait fait le vƓu de transformer tout ce qu’il touchait en or, fut obligĂ© de se dĂ©barrasser de cet encombrant don (car il ne pouvait plus se nourrir) en se lavant dans le ruisseau Pactole, qui depuis coule d’or. C’est une allĂ©gorie qui reflĂšte bien l’actualitĂ© des banques grecques qui se sont goinfrĂ©es et endettĂ©es par appĂąt du gain. Sauf que les eaux du Pactole ne sont pas d’or


La GrĂšce antique, l’une des premiĂšres rĂ©gions Ă  utiliser la « monnaie or »

La mythologie rejoint l’histoire au VIĂšme siĂšcle avant J.-C. lorsque les Lydiens (territoire prĂ©sent sur l’actuelle Turquie) inventent les premiĂšres piĂšces de monnaies en Ă©lectrum, un alliage d’argent et d’or, puis en or pur, extrait du fleuve Pactole, et en argent. TrĂšs vite, ces piĂšces s’étendent Ă  la GrĂšce avant d’ĂȘtre Ă©changĂ©es sur tout le pourtour mĂ©diterranĂ©en. L’arrivĂ©e de ces piĂšces est une vĂ©ritable rĂ©volution pour les Ă©changes commerciaux Ă  AthĂšnes.

En GrĂšce, contrairement aux piĂšces d’argent, les piĂšces en or sont rares, fondues qu’exceptionnellement, souvent en pĂ©riode de guerres. Elles ont d’autant plus de valeur : une piĂšce d’or valait Ă  l’époque entre 12 et 20 drachmes (la piĂšce d’argent de rĂ©fĂ©rence du systĂšme monĂ©taire grec). Quelques statĂšres d’or de la GrĂšce antique, dont de trĂšs beaux exemplaires datant du 4Ăšme siĂšcle avant J.-C., sont aujourd’hui conservĂ©s dans le MusĂ©e National Numismatique d’AthĂšnes. La plus grosse piĂšce d’or date du rĂšgne d’Eucratides (171 Ă  145 av. JC).

L’or est en outre trĂšs prĂ©sent dans la religion orthodoxe. De nombreuses feuilles d’or recouvrent en effet icĂŽnes et statues de saints.

La polĂ©mique de l’or nazi

L’eurodĂ©putĂ© Daniel Cohn-Bendit a interpellĂ© les responsables allemands le 15 fĂ©vrier dernier sur un sujet plus que polĂ©mique : le pays aurait pendant la seconde guerre mondiale pillĂ© une partie des rĂ©serves d’or de la Banque de GrĂšce. L’Allemagne serait redevable de 81 milliards d’euros envers la GrĂšce, 162 milliards intĂ©rĂȘts compris selon Manolis Glezos, hĂ©ros grec de la rĂ©sistance. Lire notre dossier Histoire de l’or – L’or nazi.

Quel que soit le chiffre, c’est un montant non nĂ©gligeable comparĂ© au montant de la dette grecque : 350 milliards d’euros fin 2011. Le remboursement de cette dette de guerre ne figurant pas dans les accords de paix qui ont suivi le conflit de la Seconde Guerre Mondiale, la GrĂšce n’a pas obtenu rĂ©paration du prĂ©judice subi pendant cette sombre pĂ©riode de l’histoire.

Si la question du remboursement de cet or remonte Ă  la surface, c’est que la GrĂšce est en ce moment pressĂ©e par l’Europe, Allemagne compris, pour mettre en place de nouveaux plans d’austĂ©ritĂ© et rembourser sa dette abyssale.

Mettre en dĂ©pĂŽt les rĂ©serves d’or pour rembourser la dette ?

AthĂšnes ne veut pas entendre parler de cette solution et a bien raison. Se voir confisquer, voire vendre ses rĂ©serves d’or signifierait pour la GrĂšce perdre ses derniĂšres garanties. Les stocks d’or de la Banque de GrĂšce sont bien rĂ©els et tangibles, ils garantissent sa souverainetĂ© et son indĂ©pendance. C’est grĂące Ă  ses rĂ©serves d’or que la GrĂšce garde la confiance que les banques et les agences de notation daignent encore lui accorder et ne sombre pas dĂ©finitivement dans la spirale de l’endettement.

Partagez cette publication

Suivez notre chaĂźne Youtube

Faure, Jean-François
Jean-François Faure. PrĂ©sident d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

Articles en relation

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *