Poursuivons notre tour du monde des pays et lâor avec un pays plus que jamais en proie aux affres de la crise et de la dette en ce moment : la GrĂšce. Quel rĂŽle lâor a jouĂ© dans lâhistoire et lâĂ©conomie du pays ? Quel rapport la GrĂšce et les Grecs entretiennent avec le prĂ©cieux mĂ©tal ? Câest ce que nous allons dĂ©crypter dans cet article.
Lâor de la GrĂšce en chiffres
La GrĂšce est au 31Ăšme rang mondial des pays dĂ©tenteurs dâor, avec 111,6 tonnes dâor dans ses coffres (Chiffres World Gold Council – Janvier 2012). Câest bien moins que la France, au 5Ăšme rang mondial, avec 2,435.4 tonnes. 83% des 111,6 tonnes dâor sont dĂ©tenues dans les coffres grecs.
De lâorigine de lâor chez les Grecs
Dans lâantiquitĂ©, les AthĂ©niens faisaient dĂ©jĂ des rĂ©serves dâor, notamment pour financer des guerres, allant mĂȘme jusquâĂ utiliser 1 130 kilos dâor recouvrant une statue dâAthĂ©na de 11 mĂštres.
Lâor fait aussi partie intĂ©grante de la mythologie grecque. TrĂ©sor aussi convoitĂ© que le graal, la Toison dâor, comme les pommes dâor du jardin des HespĂ©rides, fait partie de lâinconscient collectif des HellĂšnes. « LâinfortunĂ© fortunĂ© » Midas, qui avait fait le vĆu de transformer tout ce quâil touchait en or, fut obligĂ© de se dĂ©barrasser de cet encombrant don (car il ne pouvait plus se nourrir) en se lavant dans le ruisseau Pactole, qui depuis coule dâor. Câest une allĂ©gorie qui reflĂšte bien lâactualitĂ© des banques grecques qui se sont goinfrĂ©es et endettĂ©es par appĂąt du gain. Sauf que les eaux du Pactole ne sont pas dâorâŠ
La GrĂšce antique, lâune des premiĂšres rĂ©gions Ă utiliser la « monnaie or »
La mythologie rejoint lâhistoire au VIĂšme siĂšcle avant J.-C. lorsque les Lydiens (territoire prĂ©sent sur lâactuelle Turquie) inventent les premiĂšres piĂšces de monnaies en Ă©lectrum, un alliage dâargent et dâor, puis en or pur, extrait du fleuve Pactole, et en argent. TrĂšs vite, ces piĂšces sâĂ©tendent Ă la GrĂšce avant dâĂȘtre Ă©changĂ©es sur tout le pourtour mĂ©diterranĂ©en. LâarrivĂ©e de ces piĂšces est une vĂ©ritable rĂ©volution pour les Ă©changes commerciaux Ă AthĂšnes.
En GrĂšce, contrairement aux piĂšces dâargent, les piĂšces en or sont rares, fondues quâexceptionnellement, souvent en pĂ©riode de guerres. Elles ont dâautant plus de valeur : une piĂšce dâor valait Ă lâĂ©poque entre 12 et 20 drachmes (la piĂšce dâargent de rĂ©fĂ©rence du systĂšme monĂ©taire grec). Quelques statĂšres dâor de la GrĂšce antique, dont de trĂšs beaux exemplaires datant du 4Ăšme siĂšcle avant J.-C., sont aujourdâhui conservĂ©s dans le MusĂ©e National Numismatique dâAthĂšnes. La plus grosse piĂšce d’or date du rĂšgne dâEucratides (171 Ă 145 av. JC).
L’or est en outre trĂšs prĂ©sent dans la religion orthodoxe. De nombreuses feuilles d’or recouvrent en effet icĂŽnes et statues de saints.
La polĂ©mique de lâor nazi
LâeurodĂ©putĂ© Daniel Cohn-Bendit a interpellĂ© les responsables allemands le 15 fĂ©vrier dernier sur un sujet plus que polĂ©mique : le pays aurait pendant la seconde guerre mondiale pillĂ© une partie des rĂ©serves dâor de la Banque de GrĂšce. LâAllemagne serait redevable de 81 milliards dâeuros envers la GrĂšce, 162 milliards intĂ©rĂȘts compris selon Manolis Glezos, hĂ©ros grec de la rĂ©sistance. Lire notre dossier Histoire de lâor â Lâor nazi.
Quel que soit le chiffre, câest un montant non nĂ©gligeable comparĂ© au montant de la dette grecque : 350 milliards dâeuros fin 2011. Le remboursement de cette dette de guerre ne figurant pas dans les accords de paix qui ont suivi le conflit de la Seconde Guerre Mondiale, la GrĂšce nâa pas obtenu rĂ©paration du prĂ©judice subi pendant cette sombre pĂ©riode de lâhistoire.
Si la question du remboursement de cet or remonte Ă la surface, câest que la GrĂšce est en ce moment pressĂ©e par lâEurope, Allemagne compris, pour mettre en place de nouveaux plans dâaustĂ©ritĂ© et rembourser sa dette abyssale.
Mettre en dĂ©pĂŽt les rĂ©serves dâor pour rembourser la dette ?
AthĂšnes ne veut pas entendre parler de cette solution et a bien raison. Se voir confisquer, voire vendre ses rĂ©serves dâor signifierait pour la GrĂšce perdre ses derniĂšres garanties. Les stocks dâor de la Banque de GrĂšce sont bien rĂ©els et tangibles, ils garantissent sa souverainetĂ© et son indĂ©pendance. Câest grĂące Ă ses rĂ©serves dâor que la GrĂšce garde la confiance que les banques et les agences de notation daignent encore lui accorder et ne sombre pas dĂ©finitivement dans la spirale de lâendettement.






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