Publicité

Le métier de numismate a bien évolué depuis ces 30 dernières années. Les amoureux des belles pièces d’or rares ont laissé la place à des investisseurs amateurs de placements.

Pierre-Yves Lathoumetie* distingue le collectionneur « humaniste » du spéculateur. Le premier peut réaliser quelques placements honnêtes tout en s’adonnant à sa passion des pièces de monnaie rares en or, en bronze ou en argent. Le deuxième court à sa perte s’il ne s’intéresse pas à la vraie valeur historique des pièces.


Pourquoi consulter un numismate ?
L’un ou l’autre profil ont de toute façon besoin d’un expert : le numismate, qui pourra aussi bien les éclairer bien sur le prix que sur l’histoire d’une pièce d’or.
Consulter un numismate et avoir confiance en lui ne dispense ni le collectionneur, ni le spéculateur, de comparer les prix et de se renseigner par ailleurs.

Voilà en gros ce qui attend celui qui désire se lancer dans la numismatique. On vous aura prévenu ! Experts et néophytes risquent d’être peu ou prou désorientés par un marché qui a bien changé en 30 ans et qui comporte bien des fluctuations et des incertitudes.

Un marché sans règles
Il faut le savoir, aucune règle ne régit le marché des pièces rares. Le prix d’une pièce peut varier à l’extrême dans une même catégorie, d’un pays à l’autre, en fonction de la demande… : il n’existe pas de prix unique. Deux pièces identiques peuvent même avoir deux cotes différentes dans le même présentoir. Tout cela pour dire à quel point le marché des pièces rares manque d’unité, comme celui des lingots ou des pièces cotées. Ces bouleversements ne sont bien sûr pas sans conséquences sur la profession de numismate.

Numismatique : les dérives d’un marché d’art
Depuis une trentaine d’années, on assiste à une sorte de marchandage entre offreurs et demandeurs où n’importe quel prix est possible, dans une fourchette plus ou moins large. Nous sommes également en présence d’un marché extrêmement sensible où le moindre événement peut faire grimper en flèche le prix de certaines pièces : vente publique, découverte archéologique…
De collectionneur, le numismate est alors devenu spéculateur, la plupart du temps ignorant tout du passé de la pièce, de l’art, de l’archéologie.

Publicité

Les conséquences sont diverses
– les pièces « parfaites » sont recherchées, pour la prime et parce que les pièces abîmées perdent de leur charme. On assiste ainsi à des aberrations avec des pièces rarissimes vendues à des prix dérisoires et des pièces courantes vendues à prix d’or car elles sont intactes.
– les investisseurs se ruent sur les pièces d’or faciles à reconnaître (des pièces récentes, des XIXe et XXe siècles) dont le cours monte vite, au détriment de pièces plus rares qui n’ont pas la faveur du public.
– le prix d’une même pièce peut varier d’un pays à l’autre, car la demande n’est pas la même (on privilégie généralement les pièces « nationales » dans son propre pays).

En conclusion, on retiendra que le marché des pièces rares n’a rien à voir avec celui des pièces, plus courantes, réservées à la spéculation. Mais comme pour les œuvres d’art majeures ou les grands crus, ce sont les pièces de monnaie vraiment rares qui constituent le meilleur placement du long terme, car une pièce rare le reste ad vitam et ne se déprécie jamais !

Vous lirez avec intérêt : Les pièces de monnaie d’or et d’argent. D’abord un objet avec du sens.

Avers de la 100 Francs Bazor 1935. Pièce d'or rare car largement refondue en 1936.

Source : L’Or, Erik Chanel

*In « Avers et revers de la numismatique », 1973

Article précédentHistoire du commerce : du troc aux pièces d’or (partie 3)
Article suivantQuand faut-il acheter de l’or ?
Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici