Recyclage d’or et d’argent : les différences

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le recyclage de l’or et le recyclage de l’argent n’ont pas du tout les mêmes facteurs fondamentaux. Le recyclage de l’or portant principalement sur les bijoux, ses volumes sont surtout déterminés par le cours du métal. Au contraire, le recyclage de l’argent concernant surtout le secteur industriel, il dépend principalement du cycle de vie des produits et des réglementations environnementales…

Mais de quoi parle-t-on, au juste ?

Quel pourcentage de l’offre totale représente le recyclage de l’or et de l’argent ?

En dépitd’un pic à 42% pour l’or en 2009, la réponse est assez stable dans le temps, en tout cas depuis 2013.Au cours des 12 dernières années, l’or recyclé a représenté en moyenne environ 25 % de l’offre total en or.

Pour l’argent, on est plus proche des 18 %.

Entreprises : quel est le processus de recyclage de l’or et de l’argent ?

L’ensemble des stocksmondiaux d’or et d’argentà la surface du sol, répartis entre bijoux, pièces et lingots, et produits électroniques ou industriel, sont théoriquement susceptibles de revenir un jour où l’autre sur le marché par la voie du recyclage.  

Le marché du recyclage de l’or peut être divisé en 2 catégories :

• Les déchets à haute teneur en or : présentant une pureté d’or minimale de 40 %, ils font l’objet de coûts de transport et d’assurance élevés. Par conséquent, ils sont généralement raffinés dans leur pays d’origine.
• Les déchets à faible teneur en or : dotés d’une valeur moindre et faisant l’objet de risques financiers liés au transport réduits, ils peuvent être raffinés n’importe où dans le monde, mais en particulier au Japon, qui s’en est fait une spécialité.

Fusion : à quelle température fond l’or ? Et l’argent ?

Le point de fusion de l’or pur se situe à 1064°, contre 961,8° pour l’argent.

Quels sont les facteurs fondamentaux du recyclage d’or et d’argent ?

Ils sont fort différents.

Or : les particuliers tendent à vendre leurs bijoux quand le cours est élevé

Dans le cas du recyclage de l’or, on a avant tout affaire à des facteurs émotionnels et économiques. Cela s’explique par le fait que le recyclage de ce métal est très largement dominé par le secteur de la joaillerie, lesvieux bijoux représentant environ 90 % de l’approvisionnement en « déchets » à recycler.

Comme les particuliers se débarrassent généralement leurs vieux bijoux pour faire face à des difficultés financières, le recyclage de l’or tend à être très sensible au cours de l’or. Autrement dit, l’offre d’or en provenance du recyclage ne contribue guère à faire le cours de l’or. Au contraire, elle est price taker : elle subit le cours de l’or.

Argent : les industriels recyclent leur argent quand les produits sont en fin de vie

Au contraire, le recyclage de l‘argent est largement dicténon pas par le cours du métal, mais parles contraintes industrielles et réglementaires. Cela s’explique par le fait que le recyclage de ce métal est très largement dominé par les déchets en provenance du secteur industriel (principalement des appareils électroniques, des panneaux solaires et des pellicules photographiques). Bien plus que le cours de l’argent, c’est ici le cycle de vie des produits industriels et les réglementations environnementales qui déterminent l’offre de déchets à recycler.

Les déchets issus de la bijouterie et de l’argenterie sont quant à eux sensibles au cours de l’argent, mais dans une moindre mesure que cela n’est le cas pour l’or.

Comme le résument S&V : « Les marchés du recyclage de l’or etde l’argent présentent des fondamentaux différents, lesquels reflètent leurs profils d’utilisation et leurs structures de marché distincts. »

À quel point le recyclage de l’or et de l’argent est-il efficace ?

Le recyclage des pièces, des lingots, des bijoux et de l’argenterie n’a jamais posé aucun problème.  

Il en est allé différemment du recyclage de l’or et de l’argent contenus dans les produits électroniques, lesquels ont longtemps fait l’objet d’un taux de récupération faible. Cependant, comme l’indiquent S&V : « les améliorations des techniques de raffinage et de séparation ont considérablement amélioré ces taux, les usines modernes de recyclage des déchets électroniques étant désormais capables de récupérer plus de 90 % de l’or contenu dans les appareils électroniques mis au rebut. »

À noter que du fait de son cours beaucoup plus élevé que celui de l’argent, le moindre gramme d’or est recyclé. Au contraire, une part importante de l’argent contenu dans les produits industriels ne sera jamais recyclée, sa quantité étant trop faible. Voilà pourquoi, contrairement à l’or, l’argent fait l’objet d’une véritable « consommation », en cela qu’une partie de l’argent extrait du sol disparaît irrémédiablement, « par exemple sous forme de déchets et de solutions solides contenant de l’argent », comme le soulignent S&V.

L’or et l’argent sont-ils des métaux écologiques ?

Le recyclage peut être envisagé comme une « exploitation minière urbaine ». Cette activité consiste en effet à récupérer de vieux bijoux et des déchets électroniques, afin d’en extraire les métaux précieux qui les composent.

Cela est rendu possible grâce au fait que tant l’argent que l’or peuvent être refondus à maintes reprises sans que leur qualité soit compromise.

Du fait de la durée de vie quasi infinie de l’or et de l’argent, le recyclage de ces métaux est ainsi une approche durable permettant de récupérer des ressources qui seraient autrement perdues. Le recyclage de l’or et de l’argent est ainsi une activité hautement écologique : en permettant d’économiser jusqu’à 90 % des émissions de CO₂ dues à la production primaire (dans le cas de l’or), elle réduit l’impact environnemental de ces deux métaux précieux, c’est-à-dire leur empreinte écologique.

Tous les métaux ne sont pas aussi durables : l’aluminium, l’acier, le charbon et le zinc ont tous une empreinte carbone bien plus importante que l’or.

Conclusion : quel lien entre le recyclage et les cours de l’or et de l’argent ?

Dans un cas comme dans l’autre, le recyclage (ou offre secondaire), représente donc une part assez stable et très conséquente au sein de l’offre totale. Le reste de l’approvisionnement provient de l’offre primaire, c’est-à-dire l’exploitation minière.

Or, quand on sait à quel point les délais de mise en exploitation d’une mine d’or ou d’argent sont longs (jusqu’à plusieurs décennies entre la phase d’exploration et la phase de production), l’offre d’or et d’argent en provenance du recyclage apparait comme très réactive à l’évolution du cours du métal, en comparaison de l’extraction de minerai qui, du fait de sa lenteur, ne peut guère réagir à une hausse des cours.

Cela dit, les ratio stock/flux très élevés de l’or et de l’argent semblent prémunir les cours de ces deux métaux d’un choc d’offre. Cela est d’autant plus vrai au sujet du cours de l’or que son usage industriel est faible.

Dans le cas de l’argent cependant, son utilisation essentiellement industrielle conduit certains analystes à remettre en question l’accessibilité des stocks et à parler d’un « risque de pénurie de métal », lequel pourrait à terme conduire le cours de l’argent à exploser à la hausse…