Le croissant aurifÚre dans la région du Transvaal en Afrique du Sud. Le Witwatersrand, proche de Johannesburg
En 1886, on trouva de lâor en Afrique du Sud, une nouvelle espĂšce de prospecteurs Ă©tait nĂ©e. A lâaide dâune machinerie lourde et dâinvestissements financiers importants, les gĂ©ologues et les ingĂ©nieurs purent creuser la terre plus profondĂ©ment que jamais. Mais lĂ , il nây avait pas de pĂ©pites. Lâor se prĂ©sentait en paillettes enterrĂ©es Ă de grandes profondeurs.
Il fallut attendre 1887 pour trouver la clĂ© permettant dâouvrir les portes des rĂ©serves immenses de lâAfrique du Sud. Lâor se dissout dans le cyanure, cette dĂ©couverte permit pour la premiĂšre fois dâextraire lâor de la roche, une opĂ©ration Ă©conomiquement rentable. Depuis lors, lâAfrique du Sud est le plus grand producteur dâor au monde.
Aujourdâhui Johannesburg est rĂ©ellement la citĂ© de lâor. La ville est entourĂ©e des plus riches mines dâor de lâhistoire, le fameux Witwatersrand, ce qui signifie le rĂ©cif de lâeau blanche. Sainte-HĂ©lĂšne nâest quâune mine parmi les quarante mines qui ont Ă©mergĂ© sur un croissant de 580 kilomĂštres de territoire qui doit son existence Ă une extraordinaire sĂ©rie dâĂ©vĂ©nements gĂ©ologiques.
Il y a de ça 2.5 milliards dâannĂ©es, le Rand, comme on lâappelle, Ă©tait une vaste dĂ©pression recouverte dâune eau peu profonde et entourĂ©e de collines remplies dâor. Avec le temps, lâĂ©rosion entama les collines concentrant lâor entre les couches de sĂ©diments. Des millions dâannĂ©es plus tard, des soulĂšvements violents brisĂšrent la croĂ»te terrestre en faisant descendre les couches.
Timothy S Green, auteur de « Le monde de l’or » : « Evidemment, ce qui allait se rĂ©vĂ©ler exact, câest que les couches descendant dans la terre â et nul ne sait rĂ©ellement jusquâĂ quelle profondeur â Ă©taient riches en or, câest quand mĂȘme la plus grosse quantitĂ© dâor jamais dĂ©couverte en un seul lieu, dans un seul pays. Cet Ă©vĂ©nement transforma lâĂ©conomie de lâAfrique du Sud. JusquâĂ rĂ©cemment, prĂšs de 40% des exportations de lâAfrique provenaient de lâor et comme les Sud-Africains le disent toujours, ce fut le tremplin de leur expansion. »
La mine de Sainte-HĂ©lĂšne est une des plus anciennes dâAfrique du Sud et une des plus difficiles. Les conditions de travail y sont draconiennes. Les nouveaux mineurs subissent un test pour mesurer leur stress Ă quarante degrĂ©s de tempĂ©rature pendant trente minutes. Si leur tempĂ©rature corporelle reste stable, ils peuvent descendre dans la mine, mais pendant les douze jours suivants ils devront porter un solide casque rose et ils seront soigneusement surveillĂ©s.
La mine la plus profonde dâAfrique du Sud se situe Ă prĂšs de 4 000 mĂštres de profondeur, il faut presque une heure trente Ă un mineur pour rejoindre son lieu de travail. Dans certains cas, il doit changer trois fois dâascenseur. Et plus on descend, plus la tempĂ©rature augmente.
Descendre dans une mine dâor, câest comme une descente aux enfers, parce que plus vous descendez dans la terre et plus ça devient torride et dĂ©sagrĂ©able. Vous vous trouvez petit Ă petit Ă 1600 mĂštres de profondeur puis Ă 2000 mĂštres, puis Ă 2500 mĂštres, puis Ă 4000 mĂštres et la chaleur devient vraiment intense et aujourdâhui la question se pose, si les mines sud-africaines creusent plus bas encore, comment va-t-on les refroidir ? Cela devient un problĂšme de rĂ©frigĂ©ration.
A une profondeur de 4000 mĂštres, la tempĂ©rature de la roche avoisine les soixante-dix degrĂ©s et lâhumiditĂ© approche les 100%. Une Ă©tincelle pourrait y provoquer une tempĂȘte de feu. Les galeries sont constamment contrĂŽlĂ©es pour dĂ©tecter la prĂ©sence de mĂ©thane. ExtrĂȘmement volatile, ce gaz pourrait exploser et dĂ©clencher une tornade feu dans la mine. Mais le plus grand danger provient de la roche elle-mĂȘme. Sous les tonnes de pression quâelle subit, elle ne cesse de pousser des gĂ©missements et parfois elle explose avec des consĂ©quences catastrophiques. MĂȘme si ces mines sont deux fois plus sĂ»res quâil y a dix ans, les explosions dues Ă la pression continuent Ă tuer environ soixante-dix mineurs chaque annĂ©e.
En Afrique du Sud, lâor est si fin quâil est invisible Ă lâor nu. Les explosifs ont remplacĂ© la pelle et le pic traditionnel. La dynamite est introduite dans la cavitĂ© avec un fil de cuivre qui actionne Ă©lectriquement la charge Ă distance.
Charriot contenant 2 tonnes de pierres desquelles seront extraites les miscroscopiques particules d'or
Des tonnes de roche volent littĂ©ralement en Ă©clats mettant Ă jour des particules microscopiques dâor. Une pelle mĂ©canique les emporte et les charge dans un chariot qui remonte Ă la surface. Chaque chariot contient environ deux tonnes de minerai. Le minerai est alors hissĂ© Ă la surface puis broyĂ© et moulu jusquâĂ atteindre la consistance dâune poudre. La poussiĂšre est traitĂ©e dans un bain de cyanure et est ensuite filtrĂ©e pour isoler lâor. Le minerai est alors fondu. 200 tonnes de minerais ont Ă©tĂ© traitĂ©es pour produire un seul lingot. Mais une Ă©tape est encore nĂ©cessaire avant dâarriver au consommateur.
La raffinerie de Rand prĂšs de Johannesburg est la plus grande et la plus moderne pour le traitement du minerai fraĂźchement extrait. Tout lâor dâAfrique du Sud, environ 600 tonnes par an, transite par ici pour le raffinage. Ces lingots pĂšsent 25 kilos et contiennent environ 85% dâor.
Pour atteindre les 99.5% de puretĂ© exigĂ©s par le nĂ©goce international de lâor, celui-ci est refondu et infusĂ© avec du chlore qui transforme lâargent et divers mĂ©taux en chlorures. Les chlorures viennent alors Ă la surface et sont dĂ©cantĂ©s. Ayant atteint maintenant au moins 99.5% de puretĂ©, lâor est moulĂ© en lingot de 11 kilo et poli Ă la flamme pour lui donner un aspect brillant.
Le lingot est enfin refroidi. La raffinerie de Rand s’enorgueillit de sa vitesse d’exĂ©cution, le traitement entier n’a pas pris plus de quatre-vingt-dix minutes. PesĂ© et estampillĂ© pour garantir sa puretĂ©, le lingot rejoint alors les trente-cinq autres qui ont Ă©tĂ© raffinĂ©s ce matin pour une valeur totale de 5.5 millions d’euros.
Il y a vingt ans, prĂšs de 80% de lâor extrait provenait dâAfrique du Sud, aujourdâhui cela dĂ©passe Ă peine les 10%. Les nouvelles technologies et un fort accroissement du prix de lâor ont créé, dans le monde, un nouveau boom de la prospection.
Timothy S Green, auteur de « Le monde de l’or » : « Le coĂ»t Ă©levĂ© de lâor Ă la fin des annĂ©es 70, Ă©poque du boom de la prospection, a permis la crĂ©ation de plusieurs nouvelles entreprises miniĂšres, notamment en AmĂ©rique du Nord, des entreprises trĂšs puissantes aujourdâhui qui rivalisent avec les grandes entreprises sud-africaines. Elles ont dĂ©sormais de solides Ă©quipes, elles ont beaucoup de gĂ©ologues spĂ©cialisĂ©s dans la recherche de lâor. Elles ont des ingĂ©nieurs des mines familiarisĂ©s avec les derniĂšres technologies dâextraction de quantitĂ©s dâor minimes quâil y a vingt ou trente ans nâĂ©taient pas rentables. »
A lire pour en savoir plus sur le sujet :
- Le Krugerrand – la piĂšce dâor mondiale
- Extraction de lâor dâAfrique du Sud – Voyage au centre de la terre
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