Tout l’or du Transvaal

par | 15 Mai 2009 | MatiĂšres premiĂšres, Or | 0 commentaires

Temps de lecture : 5 minutes
Le croissant aurifÚre dans la région du Transvaal en Afrique du Sud. Le Witwatersrand, proche de Johannesburg

Le croissant aurifÚre dans la région du Transvaal en Afrique du Sud. Le Witwatersrand, proche de Johannesburg

En 1886, on trouva de l’or en Afrique du Sud, une nouvelle espĂšce de prospecteurs Ă©tait nĂ©e. A l’aide d’une machinerie lourde et d’investissements financiers importants, les gĂ©ologues et les ingĂ©nieurs purent creuser la terre plus profondĂ©ment que jamais. Mais lĂ , il n’y avait pas de pĂ©pites. L’or se prĂ©sentait en paillettes enterrĂ©es Ă  de grandes profondeurs.

Il fallut attendre 1887 pour trouver la clĂ© permettant d’ouvrir les portes des rĂ©serves immenses de l’Afrique du Sud. L’or se dissout dans le cyanure, cette dĂ©couverte permit pour la premiĂšre fois d’extraire l’or de la roche, une opĂ©ration Ă©conomiquement rentable. Depuis lors, l’Afrique du Sud est le plus grand producteur d’or au monde.

Aujourd’hui Johannesburg est rĂ©ellement la citĂ© de l’or. La ville est entourĂ©e des plus riches mines d’or de l’histoire, le fameux Witwatersrand, ce qui signifie le rĂ©cif de l’eau blanche. Sainte-HĂ©lĂšne n’est qu’une mine parmi les quarante mines qui ont Ă©mergĂ© sur un croissant de 580 kilomĂštres de territoire qui doit son existence Ă  une extraordinaire sĂ©rie d’évĂ©nements gĂ©ologiques.

Il y a de ça 2.5 milliards d’annĂ©es, le Rand, comme on l’appelle, Ă©tait une vaste dĂ©pression recouverte d’une eau peu profonde et entourĂ©e de collines remplies d’or. Avec le temps, l’érosion entama les collines concentrant l’or entre les couches de sĂ©diments. Des millions d’annĂ©es plus tard, des soulĂšvements violents brisĂšrent la croĂ»te terrestre en faisant descendre les couches.

Timothy S Green, auteur de « Le monde de l’or » : « Evidemment, ce qui allait se rĂ©vĂ©ler exact, c’est que les couches descendant dans la terre – et nul ne sait rĂ©ellement jusqu’à quelle profondeur – Ă©taient riches en or, c’est quand mĂȘme la plus grosse quantitĂ© d’or jamais dĂ©couverte en un seul lieu, dans un seul pays. Cet Ă©vĂ©nement transforma l’économie de l’Afrique du Sud. Jusqu’à rĂ©cemment, prĂšs de 40% des exportations de l’Afrique provenaient de l’or et comme les Sud-Africains le disent toujours, ce fut le tremplin de leur expansion. »

La mine de Sainte-HĂ©lĂšne est une des plus anciennes d’Afrique du Sud et une des plus difficiles. Les conditions de travail y sont draconiennes. Les nouveaux mineurs subissent un test pour mesurer leur stress Ă  quarante degrĂ©s de tempĂ©rature pendant trente minutes. Si leur tempĂ©rature corporelle reste stable, ils peuvent descendre dans la mine, mais pendant les douze jours suivants ils devront porter un solide casque rose et ils seront soigneusement surveillĂ©s.

La mine la plus profonde d’Afrique du Sud se situe Ă  prĂšs de 4 000 mĂštres de profondeur, il faut presque une heure trente Ă  un mineur pour rejoindre son lieu de travail. Dans certains cas, il doit changer trois fois d’ascenseur. Et plus on descend, plus la tempĂ©rature augmente.

Descendre dans une mine d’or, c’est comme une descente aux enfers, parce que plus vous descendez dans la terre et plus ça devient torride et dĂ©sagrĂ©able. Vous vous trouvez petit Ă  petit Ă  1600 mĂštres de profondeur puis Ă  2000 mĂštres, puis Ă  2500 mĂštres, puis Ă  4000 mĂštres et la chaleur devient vraiment intense et aujourd’hui la question se pose, si les mines sud-africaines creusent plus bas encore, comment va-t-on les refroidir ? Cela devient un problĂšme de rĂ©frigĂ©ration.

A une profondeur de 4000 mĂštres, la tempĂ©rature de la roche avoisine les soixante-dix degrĂ©s et l’humiditĂ© approche les 100%. Une Ă©tincelle pourrait y provoquer une tempĂȘte de feu. Les galeries sont constamment contrĂŽlĂ©es pour dĂ©tecter la prĂ©sence de mĂ©thane. ExtrĂȘmement volatile, ce gaz pourrait exploser et dĂ©clencher une tornade feu dans la mine. Mais le plus grand danger provient de la roche elle-mĂȘme. Sous les tonnes de pression qu’elle subit, elle ne cesse de pousser des gĂ©missements et parfois elle explose avec des consĂ©quences catastrophiques. MĂȘme si ces mines sont deux fois plus sĂ»res qu’il y a dix ans, les explosions dues Ă  la pression continuent Ă  tuer environ soixante-dix mineurs chaque annĂ©e.

En Afrique du Sud, l’or est si fin qu’il est invisible Ă  l’or nu. Les explosifs ont remplacĂ© la pelle et le pic traditionnel. La dynamite est introduite dans la cavitĂ© avec un fil de cuivre qui actionne Ă©lectriquement la charge Ă  distance.

Charriot contenant 2 tonnes de pierres desquelles seront extraites les miscroscopiques particules d'or

Charriot contenant 2 tonnes de pierres desquelles seront extraites les miscroscopiques particules d'or

Des tonnes de roche volent littĂ©ralement en Ă©clats mettant Ă  jour des particules microscopiques d’or. Une pelle mĂ©canique les emporte et les charge dans un chariot qui remonte Ă  la surface. Chaque chariot contient environ deux tonnes de minerai. Le minerai est alors hissĂ© Ă  la surface puis broyĂ© et moulu jusqu’à atteindre la consistance d’une poudre. La poussiĂšre est traitĂ©e dans un bain de cyanure et est ensuite filtrĂ©e pour isoler l’or. Le minerai est alors fondu. 200 tonnes de minerais ont Ă©tĂ© traitĂ©es pour produire un seul lingot. Mais une Ă©tape est encore nĂ©cessaire avant d’arriver au consommateur.

La raffinerie de Rand prùs de Johannesburg est la plus grande et la plus moderne pour le traitement du minerai fraüchement extrait. Tout l’or d’Afrique du Sud, environ 600 tonnes par an, transite par ici pour le raffinage. Ces lingots pùsent 25 kilos et contiennent environ 85% d’or.

Pour atteindre les 99.5% de puretĂ© exigĂ©s par le nĂ©goce international de l’or, celui-ci est refondu et infusĂ© avec du chlore qui transforme l’argent et divers mĂ©taux en chlorures. Les chlorures viennent alors Ă  la surface et sont dĂ©cantĂ©s. Ayant atteint maintenant au moins 99.5% de puretĂ©, l’or est moulĂ© en lingot de 11 kilo et poli Ă  la flamme pour lui donner un aspect brillant.

Le lingot est enfin refroidi. La raffinerie de Rand s’enorgueillit de sa vitesse d’exĂ©cution, le traitement entier n’a pas pris plus de quatre-vingt-dix minutes. PesĂ© et estampillĂ© pour garantir sa puretĂ©, le lingot rejoint alors les trente-cinq autres qui ont Ă©tĂ© raffinĂ©s ce matin pour une valeur totale de 5.5 millions d’euros.

Il y a vingt ans, prĂšs de 80% de l’or extrait provenait d’Afrique du Sud, aujourd’hui cela dĂ©passe Ă  peine les 10%. Les nouvelles technologies et un fort accroissement du prix de l’or ont créé, dans le monde, un nouveau boom de la prospection.

Timothy S Green, auteur de « Le monde de l’or » : « Le coĂ»t Ă©levĂ© de l’or Ă  la fin des annĂ©es 70, Ă©poque du boom de la prospection, a permis la crĂ©ation de plusieurs nouvelles entreprises miniĂšres, notamment en AmĂ©rique du Nord, des entreprises trĂšs puissantes aujourd’hui qui rivalisent avec les grandes entreprises sud-africaines. Elles ont dĂ©sormais de solides Ă©quipes, elles ont beaucoup de gĂ©ologues spĂ©cialisĂ©s dans la recherche de l’or. Elles ont des ingĂ©nieurs des mines familiarisĂ©s avec les derniĂšres technologies d’extraction de quantitĂ©s d’or minimes qu’il y a vingt ou trente ans n’étaient pas rentables. »

A lire pour en savoir plus sur le sujet :

lingotrand

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Faure, Jean-François
Jean-François Faure. PrĂ©sident d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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