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En droite ligne de la philosophie keynésienne qui sous-tend les actions de notre exécutif socialiste, la relance budgétaire constitue le couteau suisse de l’économie française, l’outil que l’on ressort à la moindre occasion en étant persuadé qu’en lui réside la clé de tous les problème. Or, si l’État peut parfois jouer un rôle de soutien de l’économie, son interventionnisme systématique peut devenir, non seulement contre-productif mais aussi et surtout très dangereux pour l’équilibre monétaire, y compris dans le reste de la zone Euro.

On se souvient de la polémique suscitée par le gouvernement en octobre dernier lors de l’achat de TGV auprès l’Alstom. 700 millions d’euros d’argent public remis à une entreprise même pas systémique dans le but annoncé de « soutenir et dynamiser la croissance économique d’un fleuron de l’industrie française, lui même à la source d’un très grand nombre de processus économiques vitaux dont dépendent une multitude d’entreprises sous-traitantes et partenaires, avec des dizaines de milliers d’emplois à la clé« . En réalité, on sentait surtout la volonté de caresser les « partenaires sociaux » dans le sens du poil, histoire d’éviter de mettre le feu dans les rues à six mois des élections présidentielles. Quoi qu’il en soit, la question n’était pas tant de savoir pourquoi l’État se mettait à acheter des trains, mais surtout comment il allait pouvoir financer cette nouvelle dépense. La réponse est très simple : l’emprunt. Encore et toujours.

La France incitée à creuser encore davantage son déficit public

Comme tous les autres pays du monde aujourd’hui, la France est endettée. De plus en plus endettée, au point que toute la richesse produite chaque année dans le pays ne suffit désormais plus à couvrir sa dette. Et comme la croissance est quasi nulle, impossible de se désendetter. C’est alors qu’une idée géniale (et malheureusement déjà utilisée à plusieurs reprises dans le passé… sans succès) est revenue titiller l’imagination de nos élus : la relance budgétaire, ou pour parler plus clairement, l’injection d’argent public dans l’économie pour susciter la demande. Enfin, pour être tout à fait honnête, l’idée leur a un peu été soufflée par les autorités européennes qui se disent que, puisqu’on a à peu près tout tenté sans rien réussir, autant lâcher les chevaux et autoriser les pays qui le souhaitent à creuser encore davantage leur déficit public, quitte à dépasser la limite de 3% fixée par le traité de Maastricht.

En déficit chronique depuis 1974, la France s’est vue donc ouvertement invitée… à ne rien changer à ses mauvaises habitudes, alors même qu’on lui reprochait encore hier de ne pas suffisamment se réformer. Surtout qu’on continue par ailleurs à faire la leçon à des pays en grande difficulté comme la Grèce ou le Portugal dont le déficit peine à retourner sous cette barre fatidique des 3%.

Mais pourquoi soutenir la demande ?

La croissance est directement liée à la consommation ainsi qu’à l’investissement productif. Et la consommation dépend de l’offre (qui es pléthorique aujourd’hui) et la demande (qui reste à des niveaux trop faibles). Or, la situation économique actuelle ne pousse pas les agents économiques à consommer (ils préfèrent épargner, tout en privilégiant d’ailleurs de plus en plus souvent des actifs débancarisés comme l’or ou l’immobilier), tandis que les entreprises ont toutes les peines du monde à être à la fois compétitives et rentables et qu’il est donc hors de question pour elles d’envisager d’autres investissements que les plus urgents.

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Au final, l’État est conscient qu’une partie des problèmes rencontrés par les particuliers comme par les entreprises réside dans la pression fiscale et sociale qui n’a cessé d’augmenter depuis 5 ans. Pour autant, ce n’est pas sur ce point qu’il envisage de redynamiser l’économie, mais plutôt en lançant de grands chantiers d’investissement public (infrastructures, éducation, recherche…) qui, toujours selon les énarques qui nous gouvernent, devrait immanquablement donner du travail aux entreprises françaises, lesquelles devront alors embaucher (et peut-être offrir de meilleurs salaires pour attirer les meilleurs éléments), avec comme conséquence finale une hausse du revenu moyen ainsi qu’une amélioration de la trésorerie des sociétés.

Forcément, au bout d’un moment, une fois la confiance retrouvée, la consommation repartira, tout comme l’investissement, et la croissance suivra, permettant à la France de se désendetter peu à peu. C’est ce qu’on appelle la relance budgétaire.

A-t-on les moyens d’une telle relance budgétaire ?

Clairement, nous n’avons tout simplement pas les moyens d’une telle politique. Et c’est justement là que le bât blesse, car dépourvu de ressources, l’État envisage rien de moins que d’emprunter l’argent nécessaire à cette relance. En clair, l’État va continuer à s’endetter pour retrouver une croissance qui lui permettra hypothétiquement… de rembourser ses dettes initiales. Emprunter pour payer ses dettes, c’est à tout le moins particulièrement risqué, pour ne pas dire irresponsable dans le cas d’un État. Techniquement, il s’agit d’une forme de pyramide de Ponzi, dans laquelle l’argent des nouveaux investisseurs sert à payer les précédents, indéfiniment, jusqu’à l’implosion du système. C’est-à-dire quand le niveau d’endettement deviendra bien trop important pour être couvert par de nouveaux emprunts.

Le bon côté, si l’on peut dire, c’est que l’implosion n’est pas forcément pour tout de suite, car la BCE encourage même cette véritable cavalerie financière, notamment par le maintien de taux directeurs bas, voire nuls. De la même façon, en décidant de maintenir sa politique de quantitative easing jusqu’à fin décembre 2017, la banque centrale européenne envoie un signal fort aux États pour qu’ils continuent à émettre des obligations sans trop se poser de questions.

Or, comme le souligne Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis, une dette d’État n’est plus un actif sûr, car, en marge de sa politique pour le moins accommodante, la BCE reconnaît à voix basse que cette spirale infernale finira un jour ou l’autre par amener certains pays à faire défaut sur tout ou partie de leur dette. Et il faudra l’accepter. Si cela devait arriver, alors plus personne n’aurait confiance dans les obligations d’État (lesquels auraient donc soudain toutes les peines du monde à créer continuellement de nouvelles dettes pour éponger les précédentes). La pyramide s’écroulera alors, entraînant avec elle une bonne partie des actifs des investisseurs (on pense notamment aux compagnies d’assurance, mais pas seulement).

Une dévaluation monétaire est à craindre

Pire encore, la monnaie elle-même risque de pâtir de cette situation, car elle est justement fondée sur la dette, notamment par le biais de la banque centrale qui rachète des obligations à tour de bras. Or, comme cette dette risque de ne plus être remboursée, la valeur-même de la monnaie menace à son tour de s’effondrer (qui voudrait d’une monnaie en laquelle on ne pourrait plus avoir confiance ?). Et de toute façon, même si le château de cartes ne s’effondre pas un jour ou l’autre, il faut bien comprendre qu’on arrivera à un tel niveau d’expansion monétaire (pour acheter toujours plus de dettes d’État) que la devise finira par ne plus valoir grand chose. Au final, la relance budgétaire telle qu’elle est désormais envisagée est une véritable bombe à retardement, non seulement pour notre économie mais également pour celle de toute la zone euro.

Et là, bien heureux ceux qui auront su préserver une partie de leur épargne sur des supports éloignés de toutes ces turbulences financières, que ce soit dans la pierre ou les métaux précieux par exemple, au nombre desquels l’or et l’argent ont de tout temps constitué des valeurs refuge par excellence.

 

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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