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Avec la publication du patrimoine des candidats à l’élection présidentielle, on prend conscience de la difficulté qu’éprouvent la plupart d’entre eux à se mettre dans la peau des électeurs qu’ils sont censés représenter. 

En effet, à une ou deux exceptions près, quel que soit leur bord politique, ils ont tous un train de vie ainsi qu’un patrimoine (déclaré !) largement au-dessus de la moyenne des Français.

Des déclarations contestables mais instructives

On a beaucoup glosé ces derniers mois sur les indemnités parlementaires d’untel, les financements un peu douteux de tel autre, les costumes de celui-ci, l’utilisation des fonds publics à des fins personnelles par celui-là… mais dans un sens, on finit par être habitués à voir nos politiques plonger la main dans le pot de confiture. Voire les deux mains. C’est un fait, triste et lamentable, mais parfaitement avéré aujourd’hui que la classe politique française dans sa grande majorité est d’autant plus corrompue à mesure qu’on s’élève vers les sommets.

Ce qui est nouveau en revanche c’est l’obligation qui a été faite aux candidats à l’élection présidentielle du mois prochain de faire état de leur patrimoine. Bien sûr, personne n’est dupe, et la confiance que l’on doit accorder à ces « révélations » se mesure à l’aune de leur caractère purement déclaratif. En gros, les candidats nous disent un peu ce qu’ils veulent et, dès lors qu’on aborde les biens dont ils estiment eux-mêmes la valeur, on a souvent droit à du grand n’importe quoi. Rappelons que les déclarations de patrimoine des candidats à l’élection présidentielle n’ont fait l’objet d’aucun contrôle, conformément à la décision du Conseil constitutionnel du 9 octobre 2013 n° 2013-675 DC, afin de ne pas « porter atteinte à l’égalité devant le suffrage ». Tous égaux dans l’approximation, donc, ainsi que dans la libre appréciation de ce qu’il veulent bien déclarer ou non.

Un décalage flagrant entre la situation du candidat et celle de ses électeurs potentiels

Pour autant, il y a une constante qui se dégage, c’est la conviction affichée par certains d’entre eux d’avoir suffisamment minimisé leur patrimoine pour apparaître crédibles aux yeux des électeurs dont ils cherchent à se rapprocher. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon pense-t-il sans doute montrer qu’il est un Français moyen comme les autres en exposant le montant de ses remboursements d’emprunt pour sa résidence principale. Mais avec son million d’euros de patrimoine, il a quand même du mal à se comparer avec les smicards, les chômeurs et autres exclus dont il prétend défendre les intérêts. Certes, le représentant du parti des Insoumis est endetté à plus de 150 000 euros, mais son patrimoine immobilier représente presque 8 fois cette somme tandis que ses nombreux comptes bancaires personnels regroupent environ 100 000 euros de liquidités. Très loin du quotidien de son électorat de prédilection.

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Même chose du côté de Benoît Hamon qui affiche un patrimoine immobilier à peu près identique à celui de son ex-confrère ministre socialiste précédemment cité, mais qui présente quant à lui un endettement particulièrement élevé, contracté depuis quelques mois à peine, pour un montant total avoisinant les 700 000 euros sur 15 à 20 ans. Une somme relativement importante pour un homme de 50 ans qui semble n’offrir qu’assez peu de garanties sur le papier et dont les comptes bancaires ne montrent pas vraiment un niveau d’épargne particulièrement élevé.

Certes, comme pour tous les autres candidats, les revenus ne sont pas mentionnés mais on peut supposer qu’ils ne sont pas négligeables pour avoir convaincu un banquier de lui prêter une telle somme. D’autant qu’il semble avoir déjà remboursé plus de 80 000 euros depuis le mois d’août dernier. Une fois encore, cette capacité à mobiliser des ressources financière de cette envergure (10 000 euros par mois environ) sont sans commune mesure avec les possibilité des électeurs qu’il est censé représenter.

Des relations privilégiés avec les organismes prêteurs ?

Et on peut ainsi passer en revue les patrimoine minorés ou non des autres candidats, Fillon, Macron, Le Pen, sans oublier les « petits » outsiders que sont Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jacques Cheminade, Jean Lassalle, François Asselineau ou Nicolas Dupont-Aignan. Au passage, ce dernier affiche le plus riche patrimoine immobilier de la bande, mais il n’a pour sa défense jamais prétendu défendre en priorité les faibles et les petits.

Un dernier mot enfin concernant Madame Le Pen dont on comprend la détermination à gagner ces élections car elle déclare avoir contracté au moins deux prêts personnels destinés à couvrir ses coûts de campagne pour les présidentielles et s’élevant à… 6 millions d’euros malgré un patrimoine personnel 10 fois moins important sur le papier et une trésorerie quasi inexistante. Il faut dire que ces emprunts ont été obtenus auprès du parti de son papa. Mais il faut quand même qu’elle les rembourse.

Finalement, il y a peut-être un deuxième point commun à la plupart de ces déclarations, c’est la facilité avec laquelle certains candidats ont pu emprunter des sommes particulièrement importantes avec des garanties affichées qui auraient pourtant conduit n’importe quel citoyen lambda à une fin de non-recevoir.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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