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Il y a quelques jours, l’écrivain et activiste américain Mark Dice a mené une expérience sociale dans les rues ensoleillées d’Encinitas, en Californie, juste au nord de San Diego, qui semble confirmer l’ignorance (ou le désintérêt) des Américains à l’égard des métaux précieux.

L’homme est souriant, aimable, poli, et il se tient sur un trottoir de la ville avec dans une main quelques pièces d’or d’un dixième d’once (d’une valeur de 120 euros environ, ou 130 dollars) et dans l’autre une boîte remplie de barres chocolatées (des Snickers, au cas où cela ait une importance pour la suite, qui sait…). Chaque fois qu’une personne passe devant lui, il propose alors, toujours très gentiment d’offrir au choix du passant un barre chocolatée OU une pièce d’or dont il ne donne toutefois pas la valeur, juste le poids (1/10 d’once) et la nature (de l’or pur). Aussi étrange que cela puisse paraître, les quelques personnes qui acceptent de se prêter à son jeu choisissent TOUTES… la barre chocolatée.

Interloqué, notre écrivain décidément un brin provocateur décide alors de réitérer l’expérience en proposant cette fois rien moins qu’un lingot d’argent de 100 onces (plus de 3kg pour une valeur de 1700 dollars) ou une plaque de chocolat Hershey (200g et 2,11 dollars chez Walmart). Là encore, défiant toute logique, 100% des gens repartent avec une plaque de chocolat (même si une dame cherche quand même à gruger en en prenant deux…).

Les américains meurent-ils de faim ou ont-il simplement oublié la valeur de l’or ?

Décidément effaré par le manque d’intérêt des ses concitoyens pour les métaux précieux, Mark Dice multiplie les expériences pour tenter de déceler le point d’inflexion à partir duquel l’or ou l’argent est susceptible d’intéresser les gens. Une once d’or ou 25 dollars en billets ? Un lingot d’argent ou 25 dollars ? Une once d’or ou un taco à 0.99 dollars ? Devinez ce que les gens choisissent. À chaque fois, ils laissent le métal et prennent soit les dollars, soit la nourriture. Que peut-on en conclure ? Que les Américains sont désormais tellement en crise qu’il préfèrent privilégier ce qui se mange ou ce qui peut se négocier rapidement ? Difficile à croire. Se pourrait-il alors qu’ils n’aient strictement aucune idée de la valeur de ce qui, il y a encore un siècle à peine, contribuait à bâtir la richesse de la Nation américaine ?

Pour en avoir le cœur net, Mark Dice a alors proposé d’offrir une pièce d’une once d’or (une Maple Leaf canadienne) à la première personne qui sera capable de lui en donner la valeur à 25% près. Posté sur une promenade du front de mer, malgré toute sa bonne volonté, et même parfois un certain talent de bateleur de foire pour convaincre les passants plutôt réticents, il lui a été impossible de trouver une seule personne capable de donner une valeur supérieure à quelques dizaines, voire centaines de dollars, pour sa pièce à 1500 dollars.

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Pour ceux qui seraient curieux, voici un lien qui pointe vers l’une de ces vidéos (en anglais) pour le moins édifiantes : https://www.youtube.com/watch?v=BgUxF7gvYeE

Une ignorance bienvenue ?

Conclusion : il semble que les institutions financières américaines (mais il y a de grandes chances pour qu’on obtienne des résultats similaires en France par exemple) aient parfaitement réussi leur mission consistant à éloigner définitivement le citoyen moyen des valeurs tangibles que sont l’or et l’argent, au profit du papier monnaie et des produits de consommation courante. Et alors que, durant 6000 ans, n’importe quel individu, du paysan le plus modeste au notable le mieux établi, était capable d’apprécier la valeur d’une pièce d’or ou d’argent, nos sociétés occidentales sont parvenues en moins de 3 générations à effacer cette connaissance quasi atavique de l’esprit des gens. Faudra-t-il rééduquer les populations pour qu’elles retrouvent le « sens de l’or » ? Se pourrait-il que cette « ignorance » soit finalement le but poursuivi par tous ceux qui s’efforcent de maintenir les cours de l’or au plus bas, quitte à les manipuler honteusement (comme le fit récemment la Deutsche Bank) au profit des devises sans fondement qui nous précipitent inéluctablement de crises en crises ?

Victor Hugo disait que l’on voyait plus facilement l’or que la richesse. Aujourd’hui, non seulement nous n’avons plus qu’une vision erronée de la richesse, basée désormais sur la dette et l’illusion, mais nous ne sommes même plus capables de voir l’or pour ce qu’il est.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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