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Après un an et demi passé aux manettes de la première puissance économique mondiale, entre provocations militaires et menaces commerciales d’un autre âge, la politique de Donald Trump semble enfin faire réagir le monde financier de manière plus rationnelle au point que certains n’excluent plus une remontée possible des valeurs-refuges au détriment des marchés traditionnels.

Aujourd’hui, en vue de protéger leur capital de bouleversement majeurs à venir, certains investisseurs retrouvent le chemin de l’or et commencent à faire remonter son cours.

Des réactions de marché inattendues

Depuis que Donald Trump a été élu à la tête de la première nation autoproclamée maîtresse du monde, l’économie de la planète ne sait plus trop sur quel pied danser. Outre le côté fantasque de l’individu qui multiplie tellement les maladresses qu’on en vient à se demander (à espérer aussi) s’il ne s’agit pas plutôt d’une stratégie particulièrement élaborée visant un but qui échappe au plus grand nombre, les actions proprement dites du gouvernement américain depuis maintenant presque 18 mois ont eu un impact sur les principaux indicateurs financiers… généralement dans un sens auquel on ne s’attendait pas.

Ainsi, alors qu’on imaginait que son élection allait se traduire par une ruée des épargnants vers les valeurs-refuges au détriment des marchés traditionnels, on a contraire assisté à une remontée sans précédent des principaux indices boursiers américains, Dow jones et S&P500 en tête.

Dans le même temps, malgré une croissance de 30% durant le premier semestre 2016, le cours de l’or dégringole brusquement dès la désignation du 45e président des États-Unis, se maintenant toutefois sur une performance annuelle de l’ordre de 10%.

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Enfin, alors que tout le monde prédisait un échec cuisant et rapide des actions de l’administration Trump dans le courant de l’année 2017, on a assisté au contraire à une sorte de numéro d’équilibriste entre la Maison Blanche et le Congrès, avec pour principal effet un certain attentisme aussi bien de la part des analystes que des épargnants. Au final, alors qu’on a l’habitude de voir l’or et les marchés actions s’opposer dans leurs comportement respectifs, on a connu une année 2017 un peu particulière au cours de laquelle le Dow Jones a continué à battre des records tandis que l’or a également poursuivi sa progression relativement constante sur une moyenne de 10% annuels.

Une escalade brutale dans l’échelle des risques

Et puis 2018 est arrivé. Et avec la nouvelle année, les tensions générées par le caractère imprévisible et sanguin de Donald Trump ont grimpé d’un cran, faisant du même coup progresser le niveau de risque à l’échelle internationale.

Ainsi, après avoir chatouillé la Corée du Nord durant une bonne partie de l’année 2017 sans pour autant que les marchés soient dupes de la possibilité d’un éventuel conflit ouvert, voilà que dès les premiers mois de l’année 2018, le président des États-Unis décide de s’en prendre brusquement à l’autre géant du monde d’aujourd’hui, la Chine.

La première place des États-Unis menacée par la Chine

Il faut comprendre que Trump continue à voir les Américains comme la première nation du monde, et les USA comme l’État le plus puissant de la planète. Donc être menacé de perdre sa couronne à cause d’un pays qui, il y a encore 50 ans sortait à peine du Moyen-âge, ça a de quoi faire grincer des dents.

L’ennui, c’est qu’on n’est plus à l’époque où on pouvait attaquer militairement un pays sous prétexte qu’il menaçait de nous faire de l’ombre. Aujourd’hui, pour intervenir militairement, il faut trouver une raison de sécurité internationale, de protection des populations civiles ou de menace terroriste à l’échelle planétaire. Quitte à aménager parfois la réalité pour faire coïncider les zones nécessitant une intervention avec des régions géographiques à fort potentiel économique

Quoi qu’il en soit, Trump ne pouvait laisser la Chine continuer son ascension sans réagir, et il a donc décidé d’attaquer en menant la seule guerre qui lui était encore permise : la guerre commerciale.

Une première erreur stratégique majeure

Mais là encore, mal conseillé ou trop impulsif, il a sans doute mésestimé les risques d’affronter un géant commercial sur son propre terrain, à plus forte raison quand l’ennemi détient la majeure partie de sa dette nationale.

Tout à coup, les investisseurs ont commencé à se dire que le président à la mèche allait peut-être un peu trop loin sur ce coup-là. Entre les producteurs américains brusquement menacés de perdre leur premier acheteur mondial et les créanciers de l’État américains soucieux de préserver une certaine rentabilité pour leurs investissements, ils sont désormais de plus en plus nombreux à éteindre la musique et ranger les bannières étoilées qu’ils n’avaient pas cessé d’agiter depuis l’euphorie de novembre 2016.

Conséquence plus ou moins directe, les indices boursiers américains ont commencé à fléchir et on en vient à se demander s’il ne serait pas prudent de mettre les gains acquis jusqu’ici à l’abri de futures turbulences.

Un autre front particulièrement risqué : la Russie

Surtout que l’ami Donald est bien décidé à ne pas en rester là, et quitte à jouer au caïd dans la cour de récré, autant s’en prendre aux autres grands de l’école. À commencer par la Russie qui n’en demandait pas tant, mais qui, sous l’impulsion d’un Vladimir Poutine ambitieux, ne serait pas opposée à l’idée de moucher une bonne fois pour toutes le grand frère américain affaibli.

Alors certes, il ne s’agit pas là encore pour les États-Unis d’envoyer des troupes armées aux portes de l’ex-Union Soviétique, histoire de jouer la dernière manche d’une Guerre Froide qui a laissé bien des généraux sur leur faim, même si l’installation en 2017 de 4000 soldats américains, accompagnés de chars, d’artillerie et de véhicules blindés aux confins de la Pologne pourrait facilement s’apparenter à une provocation sans équivoque. Non, il a suffi de faire monter la tension autour de la petite Syrie, alliée politique et militaire de la grande Russie, en la menaçant de manière de plus en plus appuyée jusqu’à, finalement, le week-end dernier, procéder aux premières frappes ciblées.

Une Russie sous pression et un monde en attente

Aujourd’hui, le monde entier retient son souffle. On sait que des guerres d’ampleur internationales ont été déclenchées pour moins que ça. On sait aussi que les USA sont au bord de la faillite et que, comme chaque fois que leur pays a connu une telle situation, les Américains se sont étrangement retrouvés impliqués dans des conflits armés propres à booster leur économie.

Enfin, on sait que la situation de Vladimir Poutine est de plus en plus inconfortable, chahuté en permanence par une Amérique bravache qui joue avec les limites des engagements internationaux de l’OTAN envers la Russie, agacé par un Trump qui s’en prend ouvertement à son principal allié (la Chine) pour le mettre au défi de briser sa nouvelle image de chef d’État responsable, pondéré et privilégiant la diplomatie. Avec les frappes en Syrie, c’est une étape de plus dans la provocation imposée à Poutine et beaucoup se disent aujourd’hui que tout cela va mal finir.

Une stratégie qui pourrait bien se retourner d’abord contre les États-Unis

Dans de telles conditions, la première victime semble être le dollar qui perd encore du terrain et qui, indirectement, renchérit l’or par ricochet. Autre signal faible, la hausse subite des cours du pétrole, dont certains observateurs cherchent en vain la raison dans un possible durcissement de la politique des principaux pays producteurs, alors qu’il s’agit plus sûrement d’une augmentation des prix correspondant à une anticipation des besoins à la veille d’une période de troubles majeurs : un pétrole maintenu à bas prix pourrait en effet inciter certains acteurs internationaux à se constituer des réserves excessives propres à déséquilibrer le marché à venir.

Néanmoins, il va arriver un moment ou les investisseurs eux-mêmes vont commencer à s’éloigner des marchés actions, lesquels pourraient alors brusquement s’effondrer sous l’action cumulée d’une guerre commerciale avec la future première puissance économique mondiale et d’un conflit, plus militaire cette fois, propre à siphonner la richesse du pays dans l’effort de guerre. Une richesse qui, de toute façon, n’est plus que dettes détenues en majeure partie… par ceux-là même que Donald Trump s’acharne à « attaquer » !

Un pronostic globalement sombre… sauf pour l’or

Clairement, tout ceci apparaît donc comme une très mauvaise idée qui risque pour le moins de causer une chute des valeurs américaines à moyen terme (voire avant). A fortiori si les manœuvres de Trump devenaient finalement impopulaires même auprès de ses électeurs, en apparaissant à la fois injustifiées et particulièrement suicidaires pour l’économie américaine. Et dans une économie aujourd’hui interconnectée, tous les bouleversements subis par les États-Unis s’étendront en quelques heures au reste du monde.

Dans ce cas, avec des valeurs en berne et une confiance perdue, les actions mais aussi les principales devises pourraient subir une désaffection massive, tandis qu’une partie tout aussi massive des capitaux irait trouver refuge dans des actifs déconnectés de la politique et de la finance. Là encore, comme ce fut le cas à l’occasion de chaque crise majeure dans l’histoire, l’or et l’argent retrouveraient leur place naturelle de réservoir de richesse, voire de monnaie d’échange.

Certains ont d’ores et déjà commencé à se préparer et même si le mouvement est encore léger, il est désormais perceptible au point de relancer doucement mais surement le cours de l’or à la hausse. Ce n’est pas parce qu’un signal est faible qu’il faut le négliger, car lorsque la tendance est plus marquée, c’est généralement qu’il est trop tard…

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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