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Si vous rêvez de participer un jour à un quiz télévisé et d’en revenir les poches pleines, oubliez les super-champions et les grands maîtres des émissions de jeux dotées de quelques dizaines, voire de quelques centaines de milliers d’euros, et prenez plutôt exemple sur Mark Zuckerberg qui, en quelques heures, a su remporter l’équivalent du PIB annuel du Burundi.

En effet, la semaine dernière, suite au scandale Cambridge Analytica, l’emblématique patron de Facebook a dû troquer son sweat à capuche et ses claquettes Adidas contre un austère costume sombre assorti d’une cravate lavande (assortie à rien du tout, en réalité) pour répondre aux interrogations des membres du Congrès américain. Pour rappel, le premier réseau social planétaire est pointé du doigt pour sa gestion calamiteuse des données privées de ses utilisateurs, ce qui aurait permis à certaines entreprises tierces de récupérer des informations précieuses sur des dizaines de millions d’usagers.

Malgré les premières dénégations des équipes de Mark Zuckerberg, l’opinion publique ainsi que la classe politique américaine, particulièrement conservatrice depuis l’élection de Donald Trump, n’ont pas vraiment cru à l’innocence béate de Facebook. À tel point que ce qui n’était qu’une indélicatesse commerciale est rapidement devenu une véritable affaire d’état, amenant le Congrès américain à exiger une explication de la part du boss lui-même, lequel avait jusqu’ici réussi à taper en touche en envoyant ses principaux cadres exécutifs éteindre le feu des critiques.

C’est donc ainsi que, les 10 et 11 avril derniers, l’un des plus gros patrons de la Silicon Valley s’est retrouvé face aux membres du Congrès américain, presque penaud derrière son petit bureau comme un élève passant en conseil de discipline, à tenter d’expliquer que, non, il n’avait aucune idée de ce qui avait bien pu se passer avec ces fichues données personnelles. Et après plus de 10 heures de questions, quelques dizaines de verres d’eau et peut-être douze ou treize clignements de paupières au maximum (Mark Zuckerberg est-il humain ? Facebook travaille-t-il en secret sur un projet de clonage artificiel de son patron ?), chacun est rentré chez soi sans qu’on en sache beaucoup plus.

Car la particularité de cet interrogatoire, outre le fait qu’il a été intégralement filmé et diffusé en live, c’est que Mark Zuckerberg n’a finalement répondu à aucune question importante. Certes, la plupart d’entre elles trahissaient de manière parfois gênante le peu de connaissances des élus en matière de réseaux sociaux (et d’internet en général), mais on ne peut occulter le nombre considérable de « Je ne sais pas » prononcés d’une voix embarrassée par le patron de Facebook, lequel semblait parfois ignorer totalement certains aspects de sa société ; des détails pourtant de notoriété publique et mentionnés sur le site-même du réseau social. Quant aux fois où il répondait, c’était souvent pour indiquer qu’il allait demander à ses équipes de contacter ultérieurement le Congrès pour donner de plus amples informations.

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Bref, dans ce qui ressemblait furieusement à une sorte de jeu télévisé avec des congressmen dans le rôle des animateurs répétant bêtement des questions préparées par leur staff auxquelles ils ne comprenaient rien, et un Mark Zuckerberg confus dans le rôle du candidat figé par le trac devant le public et les caméras, force est d’admettre qu’on n’a pas assisté à un grand moment de divertissement. Ni même d’information.

Et pourtant. Tout aussi médiocre qu’ait pu se révéler le candidat Zuckerberg, les marchés ont réagi positivement à sa prestation car le cours de l’action Facebook a bondi de 4,5% dans la foulée, faisant ainsi gagner au patron de Facebook la bagatelle de 3 milliards de dollars environ grâce aux 14% des parts de la société qu’il détient à titre personnel. On peut donc ainsi considérer Mark Zuckerberg comme la personne ayant gagné le plus d’argent suite à un quiz télévisé… En n’ayant de surcroît donné pratiquement aucune bonne réponse.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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