Le monde de la finance traverse une zone de turbulence. Les lecteurs le savent (et en ont peut-ĂȘtre assez de lâentendre) que je suis allergique aux thĂ©ories du complot, mais mon allergie nâest pas absolue ou totale. Il y a dâexcellentes raisons pour croire que la claque quâont subi lâor et lâargent est un Ă©vĂ©nement planifiĂ©, orchestrĂ©. Par qui ? JusquâĂ maintenant, dans le domaine opaque des ventes dâor papier, nous nâen savons rien, sauf quâil sâagissait dâun âdĂ©pĂŽtâ de 500 tonnes qui a tout fait dĂ©rapĂ©. Câest mĂȘme fort possible que ce soit un farceur anonyme qui lâait fait sur le site de Jim Sinclair, que lâacheteur et le vendeur Ă©taient virtuellement la mĂȘme entitĂ©. Ce ne serait quâun simple jeu dâĂ©critures comptables Ă valeur nulle.
En tout cas, ce dĂ©pĂŽt de 500 tonnes nâavait pour objectif que de faire baisser le prix. Toute vente stratĂ©gique rationnelle dâautant dâor serait fractionnĂ©e en plus petites quantitĂ©s afin de ne pas altĂ©rer les chiffres dâaffaires de maniĂšre drastique, comme ce fut le cas avec cette vente. Mais, au fait, qui dispose de 25 milliards de dollars dâavoirs en or papier si ce nâest un important gouvernement, une grande banque centrale ou encore une des fidĂšles banques de la FED (Trop Importante pour Echouer) comme Goldman Sachs, JP Morgan, Morgan Stanley? Ou qui pourrait se permettre dâabsorber la diffĂ©rence entre le milliard de dollars et la perte sur la valeur des ventes en plein dĂ©clin ? En dâautres termes, les suspects habituels.
Je dĂ©teste lâexpression âQue les Puissances rĂšgnentâ avec ses odeurs de paranoia recyclĂ©e et lâextrĂ©misme lumpen mais des signes de collusion abondaient la semaine derniĂšre. Tout dâabord, mercredi, Goldman Sachs qui publiait un avis sur lâor Ă court terme au moment oĂč le prix flirtait avec la barre des 1600 dollars lâonce. Puis, jeudi, le New York Times affichait en grand titre sur sa premiĂšre page : âLâOR, LONGTEMPS CONSIDERE COMME UN INVESTISSEMENT SUR, PERD TOUT SON ECLATâ. Lâhistoire reflĂšte une cotation qui semble avoir Ă©tĂ© manipulĂ©e sur le marchĂ©. Le trĂšs rĂ©putĂ© Geroges Soros dĂ©clarait : âLâor a Ă©tĂ© dĂ©truit en tant que valeur refuge, il a su prouver quâil nâĂ©tait plus sĂ»râ, dans une entrevue concĂ©dĂ©e Ă The South China Morning Post of Hong Kong.â Déçus, les gens vont rĂ©duire leurs avoirs en orâ.
Selon Soros : Lâor = merde. Tout ceci justifie la dĂ©bacle de vendredi. Vous remarquerez au passage que le dollar se porte trĂšs bien depuis que les prix de lâor et de lâargent ont chutĂ©. – il faut plus de dollars pour acheter davantage de mĂ©taux prĂ©cieux. Il faut ainsi soigner le dollar ! Dans lâintĂ©rĂȘt de qui ? Peut-ĂȘtre, la FĂ©d occupĂ©e Ă dissoudre la valeur des dollars au travers de ce quâils appellent âlâassouplissement quantitatifâ (impression en masse ou la fameuse crĂ©ation de crĂ©dit), puis la rĂ©pression financiĂšre (lâimbroglio sur le taux dâintĂ©rĂȘt) et aussi un gouvernement amĂ©ricain croulant tant sous les obligations des crĂ©ances que Jack Lew, secrĂ©taire du TrĂ©sor, doit partager son bureau avec dâautres gros bonnets.
Pour pimenter le sujet, le jour de la chute de lâor, des rumeurs circulaient au sujet dâune vente massive de rĂ©serves dâor par le gouvernement de Chypre afin de payer sa dette aux US. Ceci nâeut pas lieu mais la rumeur a eu son impact Ă savoir que lâUnion EuropĂ©enne aurait bientĂŽt Ă faire appel aux nations du PIIGS.
Jeudi, dâautres sujets vinrent sur le tableau. La derniĂšre nouveautĂ© du monde de lâinvestissement appelĂ© Bitcoin qui au dĂ©but valait 60 dollars par mois avait atteint 260 dollars mais est revenu au seuil des 60 dollars. Cela a attirĂ© beaucoup lâattention tout comme un bouclier protĂ©geant des troubles monĂ©taires internationaux – et dans un cas hyphothĂ©tique, considĂ©rĂ©e comme une Ă©ventuelle rivale aux devises des banques centrales.
La Bitcoin est une monnaie virtuelle inventée par Satoshi Nakamoto qui demeure une personne bien mystérieuse.
La vertu mise en avant de cette bitcoin est tout dâabord quâelle ne peut pas ĂȘtre confisquĂ©e par les gouvernements.. Mais, tout programmeur informatique sait trĂšs bien que nâimporte quel site internet peut ĂȘtre hackĂ©. Cette monnaie virtuelle serait censĂ©e ĂȘtre meilleure valeur refuge que tout autre investissement refuge comme les obligations dâEtat ou les mĂ©taux prĂ©cieux.
Est-ce que le monde a rĂ©ellement besoin dâune autre forme abstraite dâargent autre que les monnaies fiat ? Je ne le pense pas. Le monde a davantage besoin dâinstruments tangibles comme valeur refuge, un moyen dâĂ©change et un indice de prix. La Bitcoin nâest rien dâautre quâun bouquet dâalgorithmes. Les maths aident dans la gestion de lâargent mais les maths reprĂ©sentent-elles lâargent Ă elles-seules ? Que se passe-t-il si vous nâavez pas accĂšs Ă votre porte-monnaie Bitcoin ? Encore une autre tendance techno-narcissique impactant la culture contemporaine ?
Dans le Forbes Magazine, on pouvait lire : âla civilisation ne rĂ©gresserait-elle pas Ă lâĂ©poque oĂč il nây avait pas dâĂ©lectricitĂ©â. Observez-bien. Il y a des endroits aux Etats-Unis, en particulier, oĂč les cables Ă©lectriques sont vieux et sont en Ă©tat de dĂ©crĂ©pitude. Il nây a pas dâargent pour les remplacer. La sociĂ©tĂ© pourrait rĂ©gresser avec aucune prestation de services et de fournitures dâĂ©nergie. Ceci rendrait la Bitcoin inutile et toutes les pertes en avantage pour Mr ou Mme Nakamoto que cela engendrait.
La semaine Ă venir devrait procurer des sensations fortes au niveau des affaires financiĂšres Ă travers le monde. Le Japon continuera dans son grand dĂ©sespoir, poussĂ© par la banque centrale. En supprimant le prix de lâor, les organismes les plus puissants aux US donneront Ă la Chine, la Russie et dâautres rivaux lâopportunitĂ© dâacheter de lâor bon marchĂ© en balançant des obligations dâĂ©tat amĂ©ricaines, affaiblissant de ce fait la valeur de change internationale du dollar. La Chine et la Russie ont toutes les deux accumulĂ© progressivement de lâor, dans lâobjectif Ă©ventuel de lâadosser Ă des devises qui seraient stables au niveau du commerce international.
Une semaine importante pour le dollar, le yen japonais, lâeuro et la livre britannique qui sont le coeur de dites âĂ©conomies dĂ©veloppĂ©esâ du monde. Quelle farce !
Par James Howard Kunstler
15 Avril, 2013 7:46 AM
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