L’impossible sauvetage des banques

par | 10 Oct 2011 | Banques, Crise, Economie, RĂ©flexions | 0 commentaires

Temps de lecture : 3 minutes

Il y a plus d’un an, dans un article intitulĂ© « faudra t’il encore sauver les banques » j’attirais l’attention de tous sur l’aspect inĂ©vitable d’un nouveau plan de soutien au secteur financier et bancaire.

Force est de constater qu’aprĂšs la premiĂšre intervention des Ă©tats fin 2008 dĂ©but 2009, aucune des raisons ayant conduit Ă  cette crise n’avaient Ă©tĂ© traitĂ©es.

En 2011, il arrive ce qui devait arriver. Les banques sont fragiles et manquent cruellement de fonds propres puisqu’elles se sont Ă©vertuĂ©es sous l’amicale comprĂ©hension de nos gouvernants Ă  distribuer en dividendes et bonus ce qu’elles auraient pu conserver sous forme de rĂ©serves pour se renforcer. Souvenez-vous des grands titres de la presse financiĂšre de l’annĂ©e derniĂšre! « Record historique de bĂ©nĂ©fices pour les Banques », « les bonus Ă  nouveau au plus haut ».

Une fois encore, nous assistons Ă  une nationalisation des pertes mais Ă  la privatisation des gains.

Il faut tout de mĂȘme noter un changement d’envergure par rapport au climat de 2008. Il y a 3 ans nous ne parlions pas ou peu de faillite d’Ă©tat. Cela restait une hypothĂšse de travail Ă  peine crĂ©dible. Celui qui l’Ă©voquait Ă©tait trĂšs vite taxĂ© de « dĂ©clinologue ». Bref, la rĂ©alitĂ© actuelle est que les Ă©tats ne sont tout simplement plus en capacitĂ© d’agir et de sauver Ă  nouveau le systĂšme bancaire.

La preuve est venu ce week-end de Belgique puisque nos voisins belges sont dĂ©sormais menacĂ©s par Moody’s de dĂ©gradation de leur note en raison de leur soutien Ă  DEXIA.

Il est important de rappeler que Dexia est une « petite » banque ». La taille de son bilan est d’environ 500 milliards d’euros. En France rien que BNP Paribas a un bilan d’une taille supĂ©rieure Ă  2 000 milliards d’euros! Nos banques sont dĂ©sormais trop grosses pour ĂȘtre sauvĂ©es par les Ă©tats sans entrainer ceux-ci dans leur chute.

L’accord de principe Franco-allemand d’hier sur la nĂ©cessaire recapitalisation des banques achoppe encore sur la meilleure des solutions pour y parvenir ; Merkel et Sarkozy ayant renvoyĂ© les aspects concrets au prochain sommet du G20 dans un mois (en novembre).

Pourquoi une telle absence de solution? Pour une raison finalement assez simple.

Soit les Ă©tats prennent en charge la recapitalisation de chacune de leur banques respectives. Cela aura pour consĂ©quence quasi mĂ©canique la dĂ©gradation, par les agences de notation, de la note des pays concernĂ©s. La France ne veut pas de cette solution qui entrainerait une augmentation importante du coĂ»t de notre dette puisqu’une dĂ©gradation de la note conduit Ă  une augmentation du taux d’intĂ©rĂȘt. Donc la dette devient plus chĂšre.

La France souhaiterait faire intervenir le FESF (fonds europĂ©en de stabilitĂ© financiĂšre). Le FESF emprunterait dans ce cas directement les sommes nĂ©cessaires Ă  la BCE (banque centrale europĂ©enne) qui imprimerait le nombre de billets correspondants. De cette solution les allemands ne veulent pas, car faire fonctionner la « planche Ă  billets » est Ă  terme hyper inflationniste. Nos amis d’outre Rhin restent traumatisĂ©s par la pĂ©riode d’hyperinflation des annĂ©es 20 qui avait amenĂ©e Ă  l’avĂšnement du nazisme.

Ils n’accepteront cette solution qu’en dernier recours, d’ici un mois par exemple.

Encore une fois, nous n’avons plus le choix des solutions. Il ne reste plus que la monĂ©tisation, c’est-Ă -dire le recours massif Ă  la planche Ă  billet. Cela fera baisser l’euro, et va renchĂ©rir le coĂ»t de nos importations dans les prochains mois Ă  commencer par le prix du litre d’essence. Mais c’est Ă  ce prix que le systĂšme Ă©conomique et financier pourra continuer Ă  tourner, jusqu’Ă  l’apparition hĂ©las parfaitement prĂ©visible de nouvelles pertes du systĂšme bancaire qu’il faudra Ă  nouveau combler. Les banques ne peuvent pas avouer l’Ă©tendue de leurs erreurs. Elles feront tout pour sauvegarder leurs intĂ©rĂȘts. Elles cacheront la rĂ©alitĂ©, encore une fois. Il faudra Ă  nouveau les sauver pour la troisiĂšme fois. Sans doute en 2014, lorsque les pertes causĂ©es par la future explosion de la bulle immobiliĂšre en Europe ne pourront plus ĂȘtre masquĂ©e.

Charles SANNAT
Directeur des Etudes Economiques AuCOFFRE.com

Partagez cette publication

Suivez notre chaĂźne Youtube

Faure, Jean-François
Jean-François Faure. PrĂ©sident d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

Articles en relation

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *