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Laurent Schmitt, numismate et patron de la Compagnie générale de bourse (CGB), est spécialiste des monnaies anciennes. Monsieur Schmitt ne vit pas vraiment de la vente d’or. Rue Vivienne, il propose à la fois le change des devises, le recyclage de bijoux abîmés, mais aussi et surtout de la numismatique. Ses clients sont discrets, peu bavards et rares. Pourtant, du magazine Capital aux multiples sites internet spécialisés, on nous assure un peu partout qu’une véritable ruée vers l’or aurait commencé depuis le début de la crise, mais qu’en est-il réellement ? Interview de Alexis Ipatovtsev pour l’émission Station-Météo de France culture (du 21/02/09):

Laurent Schmitt
Laurent Schmitt

Laurent Schmitt : Certains marchands vous diront « oui, je vends plein d’or, etc. » Pourquoi ? Parce qu’ils ont de l’or en caisse, ils en détiennent et veulent faire monter le cours. Mais actuellement, non on n’a pas eu une envolée. Les cours montent, on a pas plus de vendeurs. Que devrait-il se passer ? Même s’il n’y a pas d’acheteurs, on devrait avoir un nombre important de vendeurs. Or il n’y a pas de vendeurs. Donc s’il n’y a pas de vendeur, il ne peut y avoir d’acheteur puisqu’on ne peut rien leur proposer en échange. Au moment où on a eu une vraie fièvre de l’or au mois de septembre de l’année dernière, c’est-à-dire que les cours sont montés assez rapidement suite à la crise financière, les journalistes sont venus dans la rue faire des reportages, en disant « il y a une fièvre de l’or. Mais la fièvre de l’or n’a pas eu lieu. Les gens se sont interrogés, se sont renseignés mais ce n’est pas parce que le napoléon vaut aujourd’hui 125 et que le lingot est à plus de 23000 que vous avez des vendeurs. Quand vous vendez de l’or, pourquoi le faites-vous ? C’est parce que vous avez besoin d’argent. Aujourd’hui quelqu’un qui a de l’or, des lingots ou des napoléons dans son coffre, n’a pas intérêt à les vendre pour les transformer en papier. Papier qui connaît de l’inflation, de l’érosion. Et, s’il les place en bourse, il risque de perdre de l’argent s’il fait de mauvais placements.

Alexis Ipatovtsev : Mais quel va être l’effet de la crise sur la valeur de l’or ?

Laurent Schmidt : Plus la crise va se renforcer, plus nous risquons d’avoir de l’inflation, une baisse des taux d’intérêt, une baisse de la bourse, et plus l’or va redevenir une valeur intéressante. Quand vous aviez des taux d’intérêt à 10%, quand la bourse faisait 30% par an, avoir de l’or n’avait aucun intérêt. Quand vous commencez à voir une crise et que l’on ne sait pas de quoi le lendemain sera fait, les gens peuvent se réfugier à ce moment-là sur ce type de placement. Je ne vous rappellerai qu’une seule chose, une pièce de 20 francs or pèse 6.45 grammes, 5.80 grammes d’or pur. En 1914 c’est vingt francs or. En 1919 c’est toujours 20 francs, mais ce n’est plus coté. En 1928 c’est 100 francs, en 1933 c’est 300 francs et 1942 c’est 5000 francs.

Alexis Ipatovtsev : Mais concrètement, selon vous, faut-il acheter de l’or aujourd’hui ?

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Laurent Schmidt  : Vous savez, il faut avoir de l’or pour la Chandeleur, ça porte bonheur. Mais autrement, ceux qui ont de l’or doivent le garder s’ils n’ont pas besoin d’acheter une maison ou de faire quelque chose d’important. Pour ceux qui n’en ont pas et qui pensent que malheureusement les conditions économiques vont s’aggraver et qu’on risque d’avoir une guerre, etc. ayez un peu d’or. Mais d’un autre côté, faire le pari de l’or, c’est faire le pari de la crise qui dure.

Transcription réalisée par ABW

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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