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Coût de la vie, quantité de devises disponibles, taux d’intérêt… Les choix des banques centrales en termes de politique monétaire ont un impact direct sur le niveau de vie des ménages. On comprend donc bien pourquoi ces décisions ne sont pas à prendre à la légère, et pourquoi ces acteurs centraux de l’économie doivent se fonder sur des indicateurs monétaires fiables, à commencer par les agrégats monétaires. Explications.

Que sont les agrégats monétaires ?

Agrégat monétaire : définition

Par définition, un agrégat monétaire représente un indicateur statistique qui compose la masse monétaire et comptabilise les crédits et monnaies en circulation au sein d’un système économique.

L’objectif des agrégats est de regrouper, de manière homogène, diverses masses monétaires au travers de divers types de moyens de paiement détenus par l’ensemble des agents sur un territoire déterminé.

Attention : Un agrégat monétaire diffère d’un agrégat de placement qui, quant à lui, mesure la volonté d’épargne et non la masse monétaire en circulation.

Liste des agrégats monétaires

Bien que la Banque centrale européenne (BCE) ne se fonde que sur les agrégats M1, M2 et M3 pour décider de leur politique monétaire (calcul des taux directeurs et émission de devises), il existe en réalité cinq agrégats monétaires identifiables :

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  • M0 est composé de l’ensemble des engagements monétaires pris par les banques centrales. Cela inclut notamment les pièces et billets en circulation, soit la base monétaire de la zone concernée.
  • M1 est composé de M0, plus l’ensemble des dépôts en compte-chèques.
  • M2 est composé de M1, plus l’ensemble des dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à 2 ans ainsi que des dépôts avec un préavis de remboursement d’une durée inférieure ou égale à 3 mois. Cela inclut notamment les Livret A, Livret bleu, Livret de développement durable et solidaire (LDDS), Livret jeune, Livret d’épargne populaire (LEP) et Compte épargne logement (CEL).
  • M3 est composé de M2, plus l’ensemble des instruments négociables sur le marché monétaire avec un risque faible et un haut degré de liquidité. Cela inclut notamment les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), les Sociétés d’investissement à capital variable (SICAV), les Fonds communs de placement (FCP), les certificats de dépôts et les titres de créances d’une durée inférieure ou égale à 2 ans.
  • M4 est composé de M3, plus les bons du trésor et bons à moyen terme émis par des sociétés non financières.

Chacun de ces agrégats statistiques est classé selon son taux de liquidité (c’est-à-dire l’inverse de la vitesse de circulation de la monnaie).

Comprendre les agrégats monétaires

Interprétation des agrégats monétaires

Régulièrement, la BCE met à jour la valeur des agrégats monétaires pour la zone euro. La représentation de leur évolution permet de mieux mesurer l’avancée de l’inflation sur le long terme.

En effet, tout ce qui affecte la masse monétaire affecte également la valeur des agrégats. Ainsi, vitesse de la circulation de la monnaie, volume des transactions, taux directeurs et inflation sont autant d’indicateurs qui influencent la valeur des agrégats monétaires.

Concrètement, la valeur d’un agrégat monétaire permet de formuler l’affirmation suivante : « Tel agrégat contient tant d’argent, réparti entre tant de citoyens européens. Ces derniers possèdent donc en moyenne tant de capitaux qui se trouvent à telle place dans l’économie ».

On comprend donc que l’évolution des agrégats monétaires dresse un tableau assez complet des habitudes de consommation de la population dans une zone monétaire précise. Cette étude permet logiquement aux banques centrales de statuer sur la politique monétaire à mener et d’adapter l’émission monétaire ainsi que les taux directeurs.

Agrégats monétaires : enjeux historiques

Selon les différentes écoles, la gestion économique devrait être fondée sur tel ou tel agrégat monétaire :

  • les monétaristes intégristes se fondent sur M0 ;
  • les monétaristes orthodoxes se fondent sur M1 ;
  • les monétaristes conservateurs se fondent sur M3.

Aujourd’hui, les décisions économiques prises par la BCE en zone euro sont basées sur l’agrégat M3. Pour autant, ce modèle peut parfaitement être sujet à débat, d’autant plus avec l’introduction récente sur les marchés d’instruments financiers complexes comme les Collateralized debt obligations (CDO).

En outre, le taux de liquidité de chacun des ensembles que représentent les agrégats monétaires reste lui aussi discutable, encore davantage dans un contexte économique où ces derniers peuvent subir des changements de valeur rapides et puissants sous l’impact de la libéralisation financière.

Crise sanitaire et agrégats monétaires : enjeux actuels

En 2020, l’émergence de la pandémie de Covid-19 a poussé les banques centrales, aussi bien en zone euro qu’aux États-Unis, à augmenter drastiquement la masse monétaire en circulation. Cette décision historique de politique monétaire a directement impacté la valeur des devises concernées. Résultat : une inflation notable sur les marchés.

Bien que revenue à un état d’équilibre dès 2021, la Banque de France souligne comment cette création monétaire a pu donner naissance à des inquiétudes inflationnistes chez les économistes.

La réponse logique à cela : comme à chaque perte de confiance des ménages vis-à-vis des monnaies fiduciaires, le réflexe est d’investir dans les valeurs refuges. Malgré une année 2021 plutôt calme, les prévisions 2022 des investisseurs pour les marchés de l’or et de l’argent s’avéraient haussières en cas d’inflation, et s’avèrent vrai pour ce début d’année.

Ne pouvant pas prédire l’avenir, il reste à savoir pour combien de temps encore, cet élan de protection de l’épargne fera-t-il bondir le cours des métaux jaune et gris ?

Les agrégats monétaires représentent un indicateur fondamental pour comprendre la dynamique monétaire d’une région. Toutefois, les frontières qui délimitent chacun de ces ensembles restent plus que jamais mouvantes et complexes à interpréter.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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