Mi-mai, Moody’s a abaissé la note souveraine des États-Unis, qui descend du triple A au AA1. L’agence de notation est la troisième, après Standard & Poor’s et Fitch Ratings, à dégrader la note de crédit du pays. Si la sanction de Moody’s n’est pas vraiment étonnante compte tenu de la dette américaine, elle a néanmoins des répercussions sur les marchés financiers. Surtout, elle renforce les craintes des investisseurs sur la situation budgétaire de la plus grande économie du monde.
Pourquoi Moody’s a dégradé la note souveraine des États-Unis ?
La note américaine baisse depuis 2011
En 2011, Standard and Poor’s avait déjà abaissé la note américaine à AA+, suivi par Fitch Ratings en 2023. Moody’s est donc la dernière agence de notation financière à dégrader les États-Unis, qui perdent leur AAA pour un “AA1”.
Même si ces trois agences sont basées en Amérique du Nord, leurs décisions affectent les marchés financiers du monde entier : autant dire qu’elles sont scrutées de près. Ces notes servent en effet d’indicateur sur la capacité d’un pays à rembourser (ou non) sa dette.
Bon à savoir : Les notes souveraines attribuées par ces trois agences évoluent de « AAA » (sécurité optimale) à « D » (défaut). Il existe 8 paliers au total, et pour chacun d'entre eux, la note varie selon trois échelons. Lorsqu’un pays est dégradé de la note AAA (sécurité optimale) à AA (haute qualité), il peut encore être noté AA+, AA ou AA- (AA1, AA2 et AA3 chez Moody’s).
Note américaine : les raisons de la dégradation par Moody’s
L’agence de notation Moody’s avait déjà alerté les États-Unis il y a un an sur l’état des finances publiques. Cette fois, le couperet est tombé pour plusieurs raisons. D’abord, une augmentation de la dette publique américaine, qui dépasse désormais 36 000 milliards de dollars. Cela correspond à un déficit public supérieur à 6,1 % du PIB. En comparaison, le déficit public français s’élève à 5,8% du PIB (source Insee).
Moody’s s’inquiète également de ne pas voir de signaux d’améliorations. Dans son communiqué, l’agence estime notamment : « Les gouvernements et élus successifs n’ont pas su s’entendre pour prendre les mesures permettant d’inverser la tendance au creusement du déficit. Nous ne pensons pas que des réductions des dépenses et du déficit puissent être réalisées avec la proposition de loi budgétaire actuellement en discussion ». Moody’s s’attend à observer un déficit public à 9 % d’ici 2035.
En 2023 déjà, Fitch avait dégradé la note au regard des crises politiques à répétition, estimant que celles-ci mettaient en difficulté la gouvernance du pays.
En savoir plus : quels sont les pays les plus endettés ?
Quelles répercussions sur les marchés financiers et sur l’économie mondiale ?
Un effet domino sur les taux d’intérêt américains
En 2011, la dégradation de la note par Standard and Poor’s avait entraîné une panique sur les marchés boursiers. Cela n’a pas été le cas cette fois, même si l’annonce de Moody’s, le 16 mai après la clôture de Wall Street, a été suivie de près. Néanmoins, à la suite de la dégradation, les rendements des obligations du Trésor américain à 30 ans ont atteint 5,04 %. Cela indique une perception négative des investisseurs : ils exigent des rendements plus élevés pour compenser le risque. Cela peut signifier, à terme, des taux d’intérêt plus élevés pour les Américains. Pour le site d’actualités Time.com, cela peut se traduire aussi par un risque accru d’inflation aux États-Unis. Ce qu’avait déjà évoqué en avril Jerome Powell, le patron de la Fed, Réserve fédérale américaine.
Des conséquences géopolitiques et stratégiques
Pour Les Echos, « la crainte d’un défaut des États-Unis revient hanter les marchés ». Une dette devenue insoutenable peut affaiblir le dollar, avec une remise en cause du billet vert comme monnaie de réserve. De la même manière que les investisseurs cherchent à privilégier des actifs perçus comme plus sûrs – comme l’or – les banques centrales peuvent chercher à diversifier leurs réserves monétaires.
La dégradation de la note américaine apparaît en tout cas comme un « signal d’alarme », comme l’ont relevé plusieurs élus américains des deux bords, républicains comme démocrates.
Dans son communiqué, Moody’s modère quand même sa décision : « Bien que la politique ait été moins prévisible ces derniers mois, comparativement à ce qui a généralement été le cas aux États-Unis et dans d’autres États souverains bien notés, nous prévoyons que l’efficacité de la politique monétaire et macroéconomique restera très forte ».
0 commentaires