Publicité

On avait eu droit au « rebond » durant tout le mois de janvier, gageons que « l’effondrement » sera désormais le mot d’ordre général pour le mois de février. On l’entend et on le lit partout, qu’il s’agisse de nos monnaies, de nos banques, de nos placements ou même de notre modèle social.

Ainsi, s’appuyant sur le triste constat de 40 années de déficit budgétaire américain, certains experts comme Egon Von Greyerz nous informent que le gouvernement américain est en faillite — ce que l’on savait déjà — et que la conséquence devrait en être un effondrement du dollar pour 2016. Reste à savoir vis-à-vis de quoi. Car face à un euro qui risque, lui aussi, de s’effondrer en raison de l’instabilité chronique de sa construction pour le moins artificielle, opposé à un yen ou un yuan qui n’ont finalement pas su tenir leurs promesses (mais aurait-il pu en être autrement ?), ou encore confronté à des marchés en pleine déliquescence, verra-t-on seulement la chute du rocher dollar au milieu de l’éboulement généralisé qui nous attend ?

De la même façon, après 1997, 2008 ou encore 2012, les banques sont de nouveau au plus fort de la tourmente, rattrapées par les errements qu’une économie mondiale en berne ne peut plus ni masquer ni compenser. Et ce n’est pas la politique de quantitative easing menée par la plupart des banquiers centraux, ou même la méthode Coué du « tout va très bien Madame la Marquise » (spéciale dédicace à François Villeroy de Galhau, nouveau gouverneur de la Banque de France) qui vont y changer grand chose. Même la monolithique Deutsche Bank a dû démentir qu’elle était sur le point de s’effondrer malgré le crash de ses actions à un plus bas historique et la perte de plus de 42% de sa valeur depuis le début de l’année. En 2008, les patrons de Lehman Brothers avaient eux aussi tenu à rassurer publiquement les marchés… tandis qu’ils préparaient leur banqueroute en coulisses. Mais le géant allemand fait partie des « too big to fail », n’est-ce pas ? Donc, dormez tranquilles braves gens.

Enfin, on pourrait énumérer la liste à la Prévert des « effondrements » petits et grands (mais surtout grands) qui secouent désormais quotidiennement notre économie, pour ne pas dire notre société tout entière, à commencer par le pétrole qui visait encore récemment les 20 dollars le baril (on essaie de le faire remonter un peu depuis), soit 7 fois moins qu’il y a deux ans ! Mais on pourrait aussi évoquer notre petit CAC40 national qui peine désormais à s’accrocher aux 4000 points, malgré quelques « rebonds techniques » ici ou là, alors qu’il flirtait vaillamment avec les 4700 points il y a tout juste 6 semaines… et les 5200 il y a 6 mois ! Ou encore les valeurs technologiques qui ont déjà perdu plus de 500 milliards depuis le troisième trimestre 2015 (-37 % pour Netflix, -39 % pour Yahoo, -60 % pour LinkedIn, -70 % pour Twitter, etc.) dans un mouvement qui rappelle furieusement l’explosion de la bulle des NTIC qui avait marqué le début des années 2000. Sauf qu’en 2016, on reste étonnamment discret le sujet ; peut-être parce que ce n’est plus qu’un effondrement parmi tant d’autres.

Finalement, et sans vouloir jouer la ritournelle du « on vous l’avait bien dit », on ne peut que constater la forte remontée de l’or, qui joue donc ici pleinement son rôle de placement de précaution (voire de repli stratégique) et qui vient sans tambour ni trompette de signer sa plus belle progression trimestrielle de ces 30 dernières années.

Publicité

Oh et puis tant pis, on ne résiste pas : « on vous l’avait bien dit ».

Article précédentComptes inactifs : l’État peut désormais s’approprier votre argent
Article suivantFace à la crise, la Banque Nationale de Hongrie achète des armes
Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici