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Pendant des millénaires, l’or a été la principale monnaie des différentes civilisations, y compris la nôtre, qui se sont succédées sur Terre. Depuis quelques décennies, l’humanité teste autre chose : s’enrichir en s’endettant sur des valeurs intangibles. Mais l’or a-t-il pour autant définitivement perdu sa place au rang des monnaies ? Certains pensent que non, et hormis ceux qui rêvent d’un éventuel retour à l’étalon-or (aussi improbable que désormais inadapté à notre économie) d’aucuns lui voient néanmoins un destin en tant que monnaie complémentaire.

Le rôle des monnaies complémentaires

Dans nos sociétés en crise systémique, et pour ainsi dire permanente, les monnaies complémentaires ont un véritable rôle à jouer du fait de leur capacité à, notamment, redonner du pouvoir d’achat aux citoyens comme aux entreprises. En effet, lorsque une unité de monnaie nationale ou supranationale est (comme c’est le cas de nos principales devises) à plus de 95% manipulée sur les cours de valeurs mobilières par des traders qui ne voient plus que de simples courbes sur un écran, sans réelle corrélation avec l’économie physique, le risque est grand de la voir fluctuer de manière brutale, généralement au détriment de ses utilisateurs les plus fragiles, à savoir les individus physiques. Lorsque l’euro se retrouve en position défavorable face au dollar par exemple, ce ne sont pas les institutions financières ou même politiques qui souffrent le plus durablement, mais bien les citoyens européens eux-mêmes, sur lesquels on finit par reporter les conséquences d’une exposition au risque qu’ils n’ont pourtant pas choisie.

Dans ces conditions, où nul ne sait si ce qu’il a dans la poche vaudra toujours la même chose le lendemain, il peut être rassurant de compter sur une valeur complémentaire capable d’assurer un certain nombre de fonctions économiques et sociales plus ou moins vitales. Ainsi, les monnaies complémentaires peuvent-elles s’affranchir des soubresauts de l’économie globale tout en restant connectées aux devises officielles (la très grande majorité des monnaies complémentaires ont pour référence la monnaie du pays dans lequel elles se développent), garantissant ainsi une continuité de l’économie locale sans pour autant basculer dans l’économie clandestine.

Les qualités de l’or en tant que monnaie complémentaire

De nombreuses expériences ont ainsi été menées, avec plus ou moins de succès, en vue de créer des monnaies complémentaires à la fois pérennes et « universelles », dans le sens où elles seraient utilisables à large échelle et par tout le monde, et l’or est tout naturellement revenu à l’esprit de beaucoup de gens qui n’avaient pas oublié ses nombreuses qualités finalement assez proches de ce qu’on attend d’une monnaie complémentaire.

Tout d’abord, une monnaie complémentaire n’est pas censée rapporter d’intérêt, et c’est justement l’une des caractéristiques de l’or qui ne peut être vu comme un placement spéculatif, mais au contraire comme une réserve de valeur. Ensuite, une monnaie complémentaire doit pouvoir facilement être échangée (et donc reconnue pour sa valeur) contre son équivalent en devise officielle. Là encore, l’or est non seulement un excellent candidat dont la contrepartie monétaire est parfaitement établie, mais il est même toujours particulièrement prisé par les banques centrales elles-mêmes qui, partout à travers le monde, n’ont de cesse d’en constituer des stocks de plus en plus importants (ont-elle déjà prévu d’utiliser les métaux précieux comme alternative monétaire complémentaire en cas de faillite des devises officielles ?) .

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Enfin, une monnaie complémentaire est normalement conçue pour éviter toute création monétaire ex nihilo (ce qui serait considéré comme une fraude et ferait écrouler le système). L’or étant avant tout une ressource physique aux quantités parfaitement finies et connues, il est par conséquent impossible de créer plus de valeur que ce que représente le stock d’or pris pour référence. Pour ajouter de la monnaie, il faut d’abord avoir plus d’or.

L’or est un excellent sous-jacent pour une monnaie complémentaire

Toutes ces considérations font que de plus en plus de gens très sérieux voient dans l’or un excellent sous-jacent à la mise en place d’une monnaie complémentaire de portée largement plus étendue que les quelques projets locaux, voire nationaux expérimentés jusqu’ici.

L’un des exemples les plus aboutis est celui mené par la société Veracash qui vient justement de lever un demi-million d’euros pour développer son réseau et étendre son système d’épargne et de paiement hors système bancaire basé sur les métaux précieux qui a déjà permis à plusieurs milliers d’utilisateurs d’échanger l’équivalent de plus de 35 millions d’euros.

De la même façon, on trouve également quelques initiatives soutenues par les autorités comme l’État de l’Utah qui, depuis 2011, autorise les particuliers à payer leurs impôts à l’aide de pièces d’or ou d’argent américaines, redonnant à ces métaux précieux emblématiques un rôle monétaire officiellement reconnu… même s’il n’est que « complémentaire ».

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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