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Dans son numéro du mois de septembre, le magazine Le Particulier révèlent que seuls 7,6% des Français détiendraient des actions aujourd’hui, en direct ou par l’intermédiaire de fonds. Ils étaient plus du double en 2008.

Au début des années 2000, l’explosion de la bulle technologique n’avait pas véritablement refroidi l’engouement des Français pour la bourse. À la veille de la crise des subprimes, ils étaient encore près de 20% à déclarer avoir des actions. Et puis, en 2008, les épargnants ont découvert, stupéfaits, l’ampleur de la catastrophe financière dans laquelle les principales banques nationales et internationales avaient plongé les économies du monde entier. Dès lors, bien plus que la faillite, le système bancaire allait subir de plein fouet la pire sanction qu’il pouvait recevoir : la perte de confiance des usagers. Et pour un univers qui ne tourne plus que sur la monnaie-dette, laquelle est justement basée sur la confiance, autant dire qu’on n’est pas loin d’une fin du monde.

Une forte aversion au risque

Aujourd’hui, ils ne sont donc plus que 7.6% de Français à conserver une part de leur patrimoine sous forme d’actions, le plus souvent par l’intermédiaire de fonds dédiés, de produits d’assurance-vie ou encore de PEA. Pour des spécialistes comme Nicolas Cheron de CMC Markets, ce profond désamour n’est pas étonnant et se traduit même par « une forte aversion au risque entraînant une chute des actifs risqués », sous-entendu des actions. Et c’est vrai que, depuis de nombreux mois, les indices boursiers comme le CAC40 affichent des performances pour le moins erratiques (pour ne pas dire médiocres) tandis que les volumes d’affaires traités sur les marchés sont très souvent inférieurs à ce qu’ils ont pu être dans le passé. Dans le même temps, on note un fort regain d’appétit pour les valeurs refuges comme l’or, dont le cours est reparti nettement à la hausse depuis le début de l’année, alors qu’il végétait depuis au moins cinq ans.

L’illusion bancaire ne fonctionne plus

Bien évidemment, les banques centrales ont tenté (et tentent toujours !) de sauver les meubles en déversant des devises par milliards dans les marchés, alimentant ainsi le fantasme de l’argent qui coule à flots, multipliant les communiqués annonçant que tout est rentré dans l’ordre, que la crise est derrière nous et qu’il faut de nouveau investir en bourse. Sauf que l’imposture ne prend plus, et que tout le monde a bien compris aujourd’hui que cet argent est fictif, qu’il n’existe que parce que les banques centrales ont choisi de fabriquer plus de monnaie pour tenter de compenser les considérables dettes d’États.

Et la baisse des taux directeurs n’arrange rien à l’affaire (tous les taux courts sont même désormais en territoire négatif, tandis que les taux longs s’approchent du zéro), en laissant transparaître le caractère désespéré d’une situation où l’on est prêt maintenant à payer les gens pour qu’ils s’endettent encore un peu, juste assez pour garder debout le château de cartes monétaire. Autant dire que, même si les méthodes employées parvenaient à maintenir l’illusion, alors ce seront les conséquences qui finiront d’achever la confiance des derniers irréductibles défenseurs de la finance. Car à la prochaine remontée des taux (fin 2016 ? début 2017 ?) on risque bien d’assister à une débâcle en règle d’investisseurs cherchant à revendre leurs positions devenues trop coûteuses.

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Pour rappel, et afin de conserver les mêmes repères historiques que ceux énoncés plus haut, au début des années 2000, un Français sur dix déclarait posséder de l’or. En 2016, on estime qu’un quart de la population privilégie désormais l’or et les métaux précieux pour protéger son patrimoine. Difficile de ne pas voir un lien entre cette progression et la désaffection des placements boursiers.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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