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Selon certains économistes, l’engouement pour le bitcoin aurait été favorisé par le milieu bancaire pour écarter l’or et l’argent face aux différentes crises de ces 10 dernières années.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui pensent que le bitcoin a attiré tous les investisseurs qui, normalement auraient dû se tourner vers les métaux précieux pour contrecarrer les manipulations des banques et reprendre la main sur leur capital. Franchement, y voir une coïncidence au sortir de la plus grosse crise financière de ces 50 dernières années semble bien naïf. Évidemment, le phénomène bitcoin n’est pas né du hasard et le timing apparaît particulièrement bien tombé pour permettre une reconstitution rapide des centaines de milliards de dollars-dettes perdus dans la bataille des subprimes.

Des faits troublants

On pourrait s’étonner par exemple qu’à l’heure où plus rien ni personne ne saurait rester masqué grâce à l’interconnexion de tous les réseaux à travers le globe, on n’arrive toujours pas à savoir précisément qui a inventé le bitcoin. On pourrait également trouver curieux que la NSA se retrouve impliquée à un moment ou à un autre du processus, même si on a tenté de faire oublier ce détail. Pour rappel, un rapport très complet publié par l’agence en 1997 et intitulé « How to make a mint : The cryptography of anonymous electronic cash » détaillerait tout l’écosystème du Bitcoin en allant même jusqu’à évoquer les risques de blanchiment d’argent. Je vous laisse trier le bon grain de l’ivraie autour de cette histoire grâce à notre ami Google qui en sait de toute façon bien moins que ce qu’on aimerait qu’il nous en dise.

Enfin, on pourrait s’interroger sur l’engouement premier des institutions bancaires et politiques pour ce qui aurait au contraire dû, au mieux les laisser indifférents, au pire les inquiéter.

Des autorités étrangement favorables… au début

Ainsi, alors que l’économiste reconnu Milton Friedman appelait lui-même de ses vœux la création d’une monnaie virtuelle permettant de réaliser des transactions anonymes sur Internet (en gros, la porte ouverte au cyber-crime organisé), on voit apparaître dès le mois d’octobre 2012 (en pleine crise de l’euro) un rapport de la Banque Centrale Européenne sur les monnaies virtuelles qui compare finalement le bitcoin au cash en n’y voyant ni plus ni moins d’avantages ou d’inconvénients.

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De leur côté, les Américains ne sont pas en reste et, en octobre 2013, quelques jours à peine après que l’Allemagne a octroyé au bitcoin le statut officiel de monnaie privée, Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale des États-Unis, adresse une lettre à un comité du Sénat dans laquelle il présente le Bitcoin comme un système de paiement rapide, sûr et efficient. En novembre de la même année, la FED en remet une couche en accompagnant cette fois ses avis positifs par l’aval du Département Américain de la Justice qui qualifie alors le bitcoin de monnaie « légitime ».

Un peu trop gros…

Je crois que c’est là que le poisson est devenu trop gros. Ils en ont trop fait pour qu’on ne les soupçonne pas d’avoir été plus ou moins impliqués dans la création de ce nouveau monstre financier dont le fonctionnement cumulait tous les excès du capitalisme spéculatif le plus pur, et il a bien fallu qu’ils fassent machine arrière.

Car, au lieu de créer la confiance, tout cet enthousiasme bon enfant a surtout fini par éveiller la méfiance. Et après avoir bien progressé durant 3 ou 4 ans, les cours du bitcoin ont commencé à accuser le coup. Et certains « crypto-activistes » se sont dit que l’intérêt des pouvoirs publics allait forcément se transformer un jour ou l’autre en appétit et que ce beau projet libertaire allait, comme tous les autres, finir sous la domination des institutions financières classiques.

Mais au fait, quel aurait été l’intérêt des institutions financières pour le bitcoin ? On a souvent dit que le bitcoin et l’or répondaient à des mécanismes similaires et qu’ils avaient également tendance à se comporter plus ou moins de la même façon. En économie, on a même été jusqu’à qualifier le bitcoin de « monnaie pseudo métallique » : rareté, quantité finie, difficulté d’obtention (par « minage » même si ça ne signifie pas exactement la même chose dans les deux cas), etc. Or, selon certains experts de l’investissement, cette comparaison est un non-sens, car s’il y a bien une chose qui pourrait faire exploser le bitcoin, c’est bien un retour en grâce des métaux précieux.

Banques et Bitcoin, même combat contre l’or

En effet, d’un côté on a une monnaie virtuelle, sans contrepartie physique, sans aucune matière sous-jacente et donc susceptible d’être réduite à néant en quelques clics. De l’autre côté, on a une monnaie physique, universellement reconnue, dotée d’une valeur intrinsèque historique, incontestable, parfaitement convertible et dont même les banques centrales constituent des stocks considérables en guise de réserves de valeur. Si cette dernière « monnaie » devait tout à coup être présentée avec autant de qualités et de complaisance que les institutions financières modernes en ont mis pour vanter les mérites du bitcoin, il est évident qu’entre acheter une pseudo devise numérique impalpable, susceptible de disparaître à la première coupure de courant, et de bonnes et belles pièces d’or ou d’argent, inaltérables, éternelles et universellement convertibles, les investisseurs auraient vite fait de choisir. Et pas forcément en faveur du bitcoin.

Seulement voilà, l’or et l’argent, les banques n’en veulent plus car ils mettent à mal leur belle mécanique de monnaie-dette mise en place depuis plus de 40 ans maintenant par les Américains. Et étrangement, ce sont ces mêmes métaux précieux qui, en étant subitement prisés par les investisseurs ou les épargnants pourraient reléguer les crypto-devises au rang de curiosités amusantes permettant au mieux à quelques geeks de s’échanger des artefacts virtuels sur des jeux en réseau.

Bitcoin et banquiers ont donc bien le même ennemi: l’or. On comprend mieux alors l’intérêt des banques à booster les cyber-monnaies à leur démarrage pour mieux écraser les métaux précieux. De là à imaginer qu’elles aient pu, à un niveau ou un autre, influer sur leur création, je laisse cette supposition à ceux qui voudront s’amuser à décortiquer d’éventuels nouveaux complots.

Réactions des premiers acteurs du marché de l’or

Toujours est-il que cet engouement pour les bitcoins et consorts n’a pas été du goût de tout le monde. À commencer par les Chinois qui, eux en revanche, aimeraient bien mettre à mal l’hégémonie du dollar et, grâce à leur position de leader sur le marché de l’or, placer ce dernier comme alternative crédible à un éventuel futur nouveau système monétaire international. De fait, dès le 5 décembre 2013, la Banque centrale de Chine annonce qu’elle incite les institutions financières et bancaires du pays à ne pas utiliser le bitcoin. Et quand le régime chinois « incite », ça sonne un peu comme une interdiction à laquelle il serait prudent de ne pas déroger…

Dans la foulée, l’Inde (autre gros acteur du marché de l’or) s’émeut également et publiquement de la forte poussée des cours de la crypto-monnaie et même la Banque de France (dont on commence à l’époque à dire qu’elle se rapproche de plus en plus des intérêts Russes et Chinois face à un Oncle Sam de plus en plus dominateur) publie également une note assez hostile au Bitcoin. Alors qu’elle n’était pas si inquiète que cela quelques mois auparavant.

Première conséquence, les cours du bitcoin s’effondrent et évoluent désormais entre 400 et 500 dollars après avoir valu plus du double quelques semaines auparavant. Mais ce n’est que temporaire et la vraie carrière de rebelle du bitcoin ne fait que commencer. Lâchée officiellement par de plus en plus d’États et de gros acteurs politiques et économiques mondiaux, la crypto-devise redore son blason de monnaie libre et indépendante. Sa valeur repart à la hausse et, cette fois, plus rien ou presque ne l’arrêtera jusqu’à atteindre près de 20000 dollars 3 ans plus tard.

L’or a perdu une bataille, mais le bitcoin n’a pas gagné la guerre

C’est clair, jamais l’or ne pourra rivaliser avec de telles performances. Les banquiers sont satisfaits, rassurés et, en dépit de tout le mal qu’ils ont pu dire de cette vilaine crypto-devise depuis 2014, les voilà presque réconciliés avec le bitcoin, au point qu’il en viennent désormais à créer de nouveaux instruments financiers destinés à faire entrer la monnaie virtuelle dans l’économie mondiale par la grande porte : les marchés boursiers !

Entre-temps, on a inventé les ICO (des levées de fonds équivalant à plusieurs millions de dollars à base de bitcoins… qui restent néanmoins interdites en Chine), de nombreux États (dont la France) ont autorisé les transactions en bitcoin, idem pour de grosses entreprises au nombre desquelles on trouve même Microsoft, Dell ou Apple qui ont accepté d’échanger de vrais produits manufacturés contre une monnaie complètement dématérialisée. Sans oublier toutes ces institutions et ces sociétés qui proposent désormais de vendre de l’immobilier ou même des métaux précieux contre du bitcoin.

Oui, vous avez bien lu, de l’or et de l’argent contre des bitcoins ! En France, on trouve déjà le Comptoir de Change Opéra (CCO) qui propose lingots, onces et pièces d’or et d’argent contre bitcoins, mais nos voisins Suisses qu’on imaginait plus cartésiens semblent eux avoir carrément perdu la tête face à la crypto-devise puisque vous pouvez désormais acheter des lingots et des pièces en or et en argent contre des bitcoins chez Lingot Swiss, bitcoincommodities.com, jmbullion.com, bitgild.com, amagimetals.com, etc. Je vous épargne toutes les autres plateformes internationales similaires dont la stratégie revient en fait à échanger de vraies richesses contre des fausses.

Le début de la fin pour le bitcoin ?

Là encore, seuls ceux qui possèdent un nombre suffisant de bitcoins seront en mesure de les convertir en métaux précieux (ou en d’autres biens qualifiés de valeurs refuges comme de la joaillerie, des œuvres d’art, voire de l’immobilier à terme). Mais, au final, que pensez-vous qu’il va alors se passer ?

Les anciens millionnaires en bitcoins qui seront devenus millionnaires en or, en argent, en œuvres d’art ou même en immobilier, vont-ils se contenter des rendements faméliques qu’on leur consent actuellement sur la base de leur nouveau patrimoine ? Vont-il accepter d’être taxés, voire surtaxés, sans chercher par un moyen ou par un autre à redynamiser le marché des biens physiques qui constituent désormais leur nouvelle fortune ?

Car, qu’ils soient millionnaires en bitcoin ou en euros, Bercy a bien prévenu les Français : toute plus-value, même virtuelle devra être imposée. Et la détention d’un compte en bitcoin entrera de plein droit dans le patrimoine de son propriétaire. Idem pour les transactions : les gains tirés de la vente de bitcoins seront soumis à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) si les transactions sont occasionnelles, mais constitueront une activité professionnelle taxée comme telle dès lors que les transactions deviendront régulières. Enfin, les dons de bitcoins seront soumis aux droits de mutation à titre gratuit et, là encore, donneront lieu à une imposition adaptée.

Donc, quitte à se retrouver de toute manière sous le giron fiscal de l’État, sans doute est-il plus raisonnable de disposer de vraies richesses tangibles, comme l’or et les métaux précieux qui ont toujours servi de valeurs-refuges.

Pour l’instant, les marchés boursiers sont en hausse, même si on ne sait plus trop pourquoi. Mais il suffit qu’une mauvaise conjoncture fasse redescendre les indices pour que, à l’instar de ce qui s’est passé entre 2009 et 2011, les investisseurs se remettent à se couvrir pour limiter leurs pertes. La question est alors simple : vont-ils se précipiter vers les bitcoins dont ils ne pourront sans doute jamais faire autre chose que de les échanger entre eux tant que les systèmes informatiques le leur permettront, ou bien vont-ils revenir vers les actifs tangibles qui ont toujours permis aux individus de traverser TOUTES les crises de l’histoire : l’or, l’argent et l’immobilier ?

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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