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Je vais vous parler de John, jeune loup de la finance londonienne, à peine trente ans et des projets plein la tête. Tout à l’heure il prendra le métro pour aller à un rendez-vous d’affaire au cœur de la City. Mais en attendant, il se prend exceptionnellement quelques heures pour lui et déguste son thé du matin, en feuilletant le Times.
John est un peu comme tous les jeunes gens de son milieu et de sa génération. Il gagne très bien sa vie mais trouve finalement peu de temps pour profiter de toutes les possibilités qui lui sont offertes aujourd’hui. Il pourrait par exemple commander les produits les plus variés de la terre, dans les quantités qu’il souhaite, et en attendre la livraison prochaine à sa porte. Tout aussi facilement, il pourrait engager sa fortune (ou celle des autres) dans les matières premières ou les entreprises de tout point du globe, et profiter sans la moindre inquiétude des perspectives fructueuses ainsi offertes. Les nouveaux systèmes de communications sont tellement efficaces que John serait très contrarié et surpris du moindre contretemps lorsqu’il passe un ordre ou une commande. Il est comme ça John, il lui faut tout et tout de suite. En attendant, il pense qu’il lui faudrait prendre un peu de temps pour lui, passer du temps avec ses amis. Il pourrait aller prochainement au cinéma ou bien dans un bon restaurant. Et pourquoi pas un voyage ? Un voyage à New York avec son ami berlinois Manfred par exemple, celui qu’il avait rencontré à l’université en 99. Sinon il pourrait aussi proposer à Sophie, une ancienne conquête parisienne, de passer quelques jours à Viennes. John se demande comment faisaient les gens avant. Aujourd’hui c’est devenu tellement simple de voyager qu’il a le loisir de projeter une escapade qui l’amènerait en tout pays ou climat, avec des moyens de transport confortables et bon marché, sans passeport ou formalité.
Mais voilà, John n’ira jamais à New York. John tombera sur le champ de bataille de la Somme, en 1916, fauché par les balles d’un ami de Manfred.

Le monde devra attendre 1980 pour revenir à un niveau d’échanges commerciaux tel que celui qui existait avant la Première Guerre Mondiale. Et ce n’est qu’en 1986 que la City de Londres reprendra la place financière de premier plan qu’elle occupait. Quant à la possibilité de voyager sans passeport ou formalité particulière, c’est devenu inenvisageable en dehors des séjours dans les pays européens de la zone Schengen. Notre génération pense que l’avènement d’Internet est la révolution la plus folle de tous les temps en matière de communication. Mais imaginez ce qu’à pu devenir le quotidien de gens qui sont passés du cheval et de la marine à voile à l’usage du télégraphe puis du téléphone, des bateaux ou des trains à vapeur ?

* La génération X désigne les occidentaux nés entre 1959 et 1981. Quant à la génération Y, il s’agit de ceux qui sont nés entre 1979 et 1994.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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