Portée notamment par les besoins des industries, la demande en argent n’a jamais été aussi forte. Les propriétés du métal précieux – durabilité, conductivité, réflexion – en font un matériau incontournable dans certains secteurs majeurs et dynamiques. Au même titre que l’or, le palladium ou le platine, l’argent métal est de plus en plus intégré aux processus industriels. Il reste aussi recherché en joaillerie ou par les investisseurs.
Mais dans le même temps, il semble avoir amorcé une tendance à la raréfaction. Pour la deuxième année consécutive, les chiffres de l’extraction argentifère sont à la baisse. L’offre peut encore répondre à la demande… mais pour combien de temps ?
L’argent, un métal précieux pour les industries aussi
L’argent, un métal précieux sous-évalué ? Pas pour les industries. Les caractéristiques de l’argent en font un métal de plus en plus recherché et utilisé dans les processus industriels modernes. Ses propriétés de conductivité par exemple en font un élément incontournable pour les smartphones, les ordinateurs, certains équipements électroniques. Ses propriétés antibactériennes sont mises à profit pour des équipements médicaux et sa sensibilité à la lumière pour des équipements liés à l’énergie solaire.
Le métal est utilisé en quantité infime, souvent sous forme d’alliage avec d’autres métaux (cuivre, zinc, palladium, platine ou encore de l’or). Mais la large palette d’applications et une demande grandissante pour ce type de produits, expliquent à eux seuls un appétit industriel de plus en plus marqué. Entre 2011 et 2017 par exemple, la production de smartphones a triplé dans le monde, atteignant près de 1500 millions d’unités vendues en 2017 contre 494 millions en 2011 (chiffres IDC, International Data Corporation).
Ce n’est pas le seul secteur aussi dynamique : les énergies renouvelables en sont un autre, et ce n’est probablement que le début. Au début de l’année 2018, le Silver Institute relève ainsi une forte augmentation de la demande d’argent dans le secteur des applications photovoltaïques : 92 millions d’onces d’argent sur la seule année 2017, avec une demande importante en Chine notamment. Dans le même temps, l’Agence internationale de l’énergie souligne, dans son rapport annuel, que Pékin « est le leader incontesté de la création d’énergie renouvelable ». L’AIE estime d’ailleurs que les projets de centrales solaires vont encore se multiplier en Chine.
Pour le Silver Institute, cette évolution des secteurs de l’industrie est un facteur d’influence majeur pour l’argent : cela représente 60 % de la demande actuelle en argent. La joaillerie en est un autre : la demande en métal précieux pour ce seul secteur représente 207 millions d’onces en 2016 et augmente de 2 % en 2017. Le Silver Institute estime qu’elle devrait encore augmenter de 4 % en 2018. Cette demande est particulièrement marquée en Inde, où le métal précieux a une place culturelle importante comme l’or. Mais elle est aussi, de façon plus étonnante, plus forte en Amérique du Nord. Le Silver Institute évoque d’ailleurs « un sommet historique » pour une hausse de 12 % entre 2016 et 2017.
L’extraction argentifère en baisse…
mais certains pays augmentent leurs efforts
La demande en argent est donc forte, dans des secteurs appelés à être encore plus gourmands dans les années à venir. Pourtant, les deux dernières années ont été marquées par une baisse de la production argentifère.
Entre 2002 et 2015, l’extraction argentifère est restée dans une tendance à la hausse. Entre 2007 et 2015, la production d’argent dans le monde est ainsi passée de 667,7 millions d’onces à 890,8 millions d’onces. En 2016 et pour la première fois en 14 ans, les chiffres du Silver Institute montrent une première baisse. La production mondiale passe alors à 885,8 millions d’onces extraites, soit 1 % en moins. En 2017, la baisse est plus nette : 2 % de moins. 870 millions d’onces d’argent sont extraites sur l’année.
Les tendances relevées par le Silver Institute pointent un autre fait intéressant : l’extraction argentifère est en baisse aux Etats-Unis, au Canada et dans les pays d’Amérique du sud, mais elle reste plus dynamique en Asie…. Et notamment en Chine, qui reste un producteur majeur d’argent. Dans le pays, cette hausse de la production fait par ailleurs suite à deux années consécutives de baisse. Signe que le pays, conscient de ses besoins pour les années à venir, met l’accent sur l’extraction d’argent ?
La tendance à la raréfaction semble déjà amorcée, en tout cas du côté de l’extraction aurifère. Une trajectoire que suit déjà l’or : les gisements les plus accessibles ont déjà été exploités, et les réserves se raréfient. Résultat ? Une extraction plus difficile et moins fructueuse. A moins de trouver des nouveaux gisements, ou des solutions plus pérennes du côté du recyclage de l’argent. Ce n’est pas encore le cas : en 2017, le recyclage ne représentait que 150 millions d’onces d’argent, soit 15 % de l’offre mondiale.
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